Startups: L'AMIC livre un diagnostic complet des lacunes de cet écosystème

S.E.H | Le 14/12/2018 à 15:31

Une étude élaborée par l'AMIC et le cabinet Fidaroc Grant Thornton a révélé les grandes difficultés que connaissent les startups au Maroc et qui empêchent leur développement. Sur la base des constats établis, plusieurs recommandations pour remédier à la fragilité de cet écosystème ont été élaborées.

L'Association marocaine des investisseurs en capital a dévoilé, ce 13 décembre, son diagnostic réalisé conjointement avec le cabinet Fidaroc Grant Thornton autour du capital amorçage au Maroc. Une étude sur laquelle s'est basée l'association pour établir sa feuille de route 2019-2021, en vue d'accélérer le développement de ce segment.

Le diagnostic, qui s'est étalé sur six volets, à savoir le volet juridique et fiscal, le financement, la culture, le support, le capital humain et le marché, a révélé des lacunes et de grandes difficultés pour les startups qui les empêchent de jouer pleinement leur rôle de moteur de développement économique. Sur la base des constats établis, l'AMIC a élaboré plusieurs recommandations pour remédier à la fragilité de l'écosystème des startups au Maroc.

Sur le volet juridique et fiscal, les principaux constats qui ont été établis relèvent un flou juridique autour de la start-up, surtout avec une absence d’une définition claire de celle-ci, et la rigidité et l'inadaptation des formes juridiques existantes à ses particularités.

L'AMIC relève également la lourdeur de la procédure de la loi sur les OPCC (Organismes de placement collectif en capital), combinée à la lourdeur et la complexité des procédures de liquidation judiciaire ou d’internationalisation des startups.

A cela s'ajoute une inadaptation du système fiscal à la startup et au fondateur, en plus du manque d’incitatifs fiscaux aux investissements en R&D, face auxquels l'AMIC recommande des exonérations comme la suppression de la TVA ou son rapport sans pénalité, ou encore l'exonération de l'IR pour les salariés de la startup.

Par ailleurs, l'étude recommande d’instaurer une définition de la start-up à l’instar de la "Junior Entreprise" en France avec la création d’une charte, d’un label et d’un statut juridique qui permettront de bénéficier d’aides, de subventions et d’avantages fiscaux ; mais également de faire profiter l’écosystème des synergies de groupe.

L'étude préconise également, entre autres, une adaptation de la réglementation des changes et de l’export pour permettre l’internationalisation des startupsen plus de l’adaptation des statuts CFC pour accueillir les startups étrangères installées au Maroc ou marocaines ayant des activités à l’export.

Elle recommande aussi la mise en place d’une procédure de liquidation simplifiée propre à la startup (réduction de la durée de la procédure, allègement des documents administratifs à fournir, création de structures de défaisance et autres), sous certaines conditions.

Financement: les investisseurs risquophobes

L'AMIC attire également l’attention sur le financement qui demeure limité, principalement à cause de l’aversion au risque des investisseurs.

Elle relève également la faible liquidité des investissements dans les startups, le faible dynamisme des Business Angels, l’absence d’un modèle standard de contrat d’investissement pour le financement en amorçage, une communication insuffisante sur les aides publiques liées au financement des startups, et l’absence de plateformes opérationnelles de crowdfunding.

C'est pour cela que l'Association recommande la création d’un marché secondaire pour les participations de seconde main, permettant aux investisseurs de disposer de portefeuilles déjà matures et moins risqués, et renforçant la liquidité des actions détenues dans les startups.

Elle préconise en outre une centralisation de l’information relative aux aides publiques adressées aux porteurs de projets innovants, et la mise en place d’un système d’encouragement financier des chercheurs sur la base du nombre de publications et de dépôts de brevets.

D’autres mesures impliquent la structuration du réseau des Business Angels, la mise en place de bourses de vie pour les entrepreneurs ne disposant pas de ressources suffisantes, en plus de la mobilisation des acteurs politiques pour l’accélération du vote de la loi sur le crowdfunding.

Un accès très limité aux marchés

Les startups n’ont aucun accès aux marchés publics, et le marché local corporate demeure réduit pour elles, relève le diagnostic de l'AMIC. Il révèle également une barrière à l’entrée pour les startups aux marchés stratégiques, en plus de l’absence d’appui pour l’accès aux marchés internationaux.

L'étude commandée par l'AMIC attire, de plus, l'attention sur les délais de paiement longs et préjudiciables à la survie des startups.

Pour pallier à ces déboires, l'Association recommande non seulement une analyse et une simplification des procédures d’accès aux marchés publics, mais également une définition de quotas dans les appels d’offres publics pour que les startups puissent obtenir des contrats.

Elle préconise par ailleurs l’allègement des conditions de leur accès aux marchés stratégiques, en plus de l’incitation et de la sensibilisation des grandes entreprises à la collaboration avec elles par le biais d’un label ou d’une charte, par exemple. Le diagnostic conseille également de créer une base de données exhaustive des startups opérant au Maroc avec leurs offres de produits/services.

Par ailleurs, l'AMIC recommande une définition, au niveau des contrats de service, des clauses portant sur des modalités de paiement adaptées aux startups, comme à titre d’exemple le paiement d’acomptes, le paiement à la livraison du service, et autres.

Elle préconise aussi un accompagnement des startups par les grandes entreprises marocaines ou les multinationales locales dans l'accès aux marchés internationaux, sous forme de contrats de sous-traitance à titre d'exemple.

Les startuppeurs manquent de soft skills

Sur le volet Capital Humain, l'AMIC relève un manque de soft skills et de compétences Business chez les porteurs de projets.

Elle remarque également une faible sensibilisation des étudiants à l’esprit d’entrepreneuriat et à la démarche d’innovation, avec des programmes et une orientation scolaires non adaptés aux enjeux et aux métiers d’avenir. Elle note également un frein à l’entrepreneuriat lié aux inégalités en termes de "capital social" (réseaux, capacité d’adaptation et autres).

Sur cet aspect, il est recommandé de mettre en place des plateformes de formation à destination des entrepreneurs, permettant l’accès à une base de données et à une liste d’experts/coachs en mesure d’accompagner la mise à niveau des porteurs de projets sur des thématiques variées (finance, marketing, communication, business plans et autres).

Le diagnostic recommande également l’élaboration d’un programme national pour le développement de l’esprit entrepreneurial dans les établissements d’enseignement, et le renforcement de la participation des opérateurs privés dans ces programmes.

Enfin, il recommande la mise en place d’un statut "Chercheur", permettant de disposer de ressources financières, techniques et administratives suffisantes pour promouvoir l’innovation.

Un manque de culture entrepreneuriale

Sur l’aspect culturel, l'AMIC remarque une implication insuffisante des entrepreneurs expérimentés dans l’encadrement des startups (mentoring, giving back et autres), et une faible implication des grandes entreprises et des fondations privées.

L'Association recommande donc la mise en place d’un système de certification des mentors et experts dans l’accompagnement des startups, et la sensibilisation des grandes entreprises sur les opportunités offertes par les startups en termes de transformation numérique et de projets innovants, en plus de la mise en contact entre les deux parties.

L'Association note également une visibilité insuffisante des success stories des entrepreneurs marocains, et des normes sociales et culturelles non favorables à l’entrepreneuriat et à la prise de risque.

L'AMIC préconise donc la stimulation de la créativité et de l’imagination, à travers la multiplication d’actions d’initiation aux principes de l’innovation et de la créativité dans des centres dédiés aux jeunes (centres culturels, centres d’initiation artistique, bibliothèques, musées et autres) ; en plus de la définition d’un plan de communication autour des startups ayant réussi leurs projets d’innovation.

Des structures d'accompagnement faibles

Sur ce volet-là, le diagnostic revient à la faiblesse du soutien financier public aux structures d’accompagnement, combinée à une fragilité financière préexistante chez celles-ci.

L'étude évoque pareillement l’absence d’un cadre de coordination pour les structures d’accompagnement (incubation, accélération, mentoring et autres), et estime que les programmes de ces structures sont non adaptés aux étudiants universitaires, en plus d’un manque d’interactions entre les entreprises, les universités, les investisseurs et les entrepreneurs; et de difficultés d’accès à l’expertise (avocats, conseils et autres).

En plus de renforcer le soutien public aux structures d’accompagnement et d’accélération, l'AMIC recommande de renforcer la communication autour des prestations proposées par celles-ci.

Elle recommande aussi de multiplier les actions de mise en relation des acteurs de l’écosystème et des experts avec les porteurs de projets (forums, startup week-ends, conférences et autres), et d’adapter les programmes d’incubation aux contraintes des étudiants (horaires, charge de travail et autres), entre autres.

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