Anas Berrada (Addoha): la solvabilité avant tout
Le récent profit warning de cette importante capitalisation a secoué la place casablancaise. Anas Berrada, Directeur général du groupe Addoha, revient sur les raisons du recul des performances et les priorités de la société immobilière.
"La demande a reculé, et ce sur tous les segments", confie Anas Berrada, Directeur général du groupe Addoha qui vient de publier un profit warning sur ses résultats semestriels pour l'année en cours.
La régression de la demande est à l'origine des maux du marché de l'immobilier dans sa globalité, qui arrive à maturité plus particulièrement dans le segment social. La demande solvable baisse dans le social, tandis que la clientèle devient plus exigente et c'est naturel.
En effet, au niveau de ce segment, Anas Berrada affirme que qu'à elle seule, Addoha a déjà vendu 250.000 unités, de quoi loger plus d'un million de Marocains: "Plus on avance dans la vente et dans le marché, plus la demande solvable baisse", explique-t-il.
Cela étant, le DG du groupe immobilier avoue ne pas avoir anticipé une telle baisse au niveau du marché: "Lorsque nous avons fait nos prévisions, nous croyions que la demande allait rester plus ou moins stable. Or les préventes affichent des niveaux de baisse de 20 à 30%", indique notre interlocuteur.
Une baisse qui s'étend même au segment du haut standing, bien que celle-ci soit "moins catastrophique". Tout comme d'autres professionnels de l'immobilier, Anas Berrada estime que le vrai relais de croissance pour les immobilières, c'est le segment du moyen standing.
Le groupe compte sur un autre relais de croissance, celui du développement à l'international. Dans ce sens, Anas Berrada évoque les ventes du groupe Addoha en Côte d'Ivoire, qui avoisinent les 100 ventes de logements sociaux par mois: "Nous pensons que pour un nouvel entrant dans le pays, c'est un niveau important".
La solvabilité avant tout
D'une autre part, Anas Berrada fait l'éloge des fondamentaux du groupe qui résistent aux difficultés conjoncturelles: "La priorité absolue pour nous est de préserver la solvabilité du groupe", nous déclare-t-il.
"Cela passe avant la profitabilité et avant la croissance. Chercher la croissance à tout prix, surtout dans des moments où le marché connaît des difficultés, peut être très dangereux. Il vaut mieux être solide que de chercher davantage de parts de marché", ajoute-il.
Anas Berrada ajoute par ailleurs qu'au niveau actuel auquel s'échange la valeur en bourse, le dividende représente 7 à 8% de la valeur de l'action, c'est-à-dire un rendement intéressant: "Il n'y a pas beaucoup de valeurs sur la place casablancaise qui offrent un tel rendement", affirme notre interlocuteur.
Au niveau de ladite place, l'action du groupe immobilier affiche ses plus bas niveaux historiques.
A la clôture de la séance ce lundi 3 septembre 2018, la valeur affiche un cours de 16,1 DH, en retrait de 5,07%. Durant la même séance, elle a atteint un plus bas niveau de 15,55 DH.
Vendredi 31 août, l'action clôturait à 16,96 DH. Elle a entamé un trend baissier depuis le 13 août, après presque deux mois de quasi-stagnation, qui ont suivi la dégringolade du cours entamée fin mars 2018 suite à la publication des résultats annuels 2017 de la société immobilière.
Le recul de l'action Addoha, la plus importante capitalisation immobilière de la place casablancaise, a tiré avec lui les cours des autres valeurs immobilières à savoir Alliances Développement Immobilier (-5,10% à 92,10 DH), et Résidences Dar Saada (-7,25% à 107,5 DH).
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