Les investisseurs en bourse encore sceptiques envers les banques
Les valeurs bancaires sont pénalisées en bourse à cause des craintes des investisseurs liées à un contexte économique morose mais également à l'application de la norme IFRS 9. Détails.
Nous l'écrivions dans nos colonnes ce 6 août, les valeurs bancaires peinent à décoller en bourse, affichant une régression depuis le début de l'année de -4,64% à la clôture de la séance d'aujourd'hui.
Un comportement qui, a priori, semble s'inscrire dans la tendance globale du marché, le MASI affichant près de -5%. Cela étant, des éléments propres au secteur ont fait que celui-ci, qui compte trois des plus grandes capitalisations de la bourse casablancaise, affiche une petite mine.
En effet, un analyste connu de la place casablancaise, préférant s'exprimer sous couvert d'anonymat, estime que les valeurs bancaires subissent plutôt une crainte des investisseurs liée à un contexte économique morose, en plus des incertitudes qui persistent autour de l'application de la norme IFRS 9.
Tout d'abord, notre interlocuteur indique qu'en dépit d'une valeur ajoutée agricole bien orientée, le secteur non agricole ne semble pas aller sur les bons rails: "L'économie non agricole ne se porte pas bien, hormis les métiers mondiaux du Maroc comme l'aéronautique, l'automobile, ainsi que les phosphates et l'offshoring dans une moindre mesure", souligne notre analyste.
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Pour mieux comprendre l'atonie qu'affichent les autres secteurs industriels, il nous réfère au TUC, le taux d'utilisation des capacités industrielles qui fait l'objet d'une enquête périodique de Bank Al-Maghrib: "Récemment, ce taux ressort à un niveau faible, à peine 60%. Cela montre que, quelque part, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond".
Notre interlocuteur indique que ces éléments, qui touchent l'activité bancaire, font que les investisseurs ont de mauvaises anticipations sur le contexte économique global en général et sur le secteur bancaire en particulier: "Même s'il y a une croissance, elle ne veut rien dire tant qu'elle n'est pas réellement ressentie", précise-t-il.
D'ailleurs, les communiqués de résultats semestriels publiés jusqu'à présent, notamment ceux de la BCP, montrent déjà une décélération de l'activité: "Le communiqué de la BCP à titre d'exemple démontre certes des résultats bien orientés, mais une activité en nette décélération. C'est ce type d'alertes que les investisseurs intègrent dans leur raisonnement et qui les freinent dans leur investissement".
IFRS 9: le doute plane toujours
D'une autre part, notre analyste estime que l'appréhension des éventuels impacts de l'application de l'IFRS 9 est toujours présente chez les investisseurs, en dépit de la dernière vague de communication financière des banques qui fait état d'un impact limité de la nouvelle norme.
"Les récentes publications financières ne concernent que le premier trimestre, et ne sont pas détaillées. Tant que les états financiers du premier semestre ne sont pas publiés, l'hypothèse d'un poids significatif de la réforme sur les fonds propres et sur le provisionnement des banques est encore d'actualité".
Par ailleurs, notre interlocuteur estime que les banques ne se sont pas exprimées clairement sur le passage à l'IFRS 9: "Bank Al-Maghrib a donné un délai de 5 ans pour bien implémenter la réforme. Dans ce contexte, Crédit du Maroc dit avoir intégré le coût global de la norme dans ses comptes au premier trimestre, alors que les autres banques ne mentionnent pas si elles ont suivi la même démarche. Il y a encore de l'ambiguïté qui entoure ce chantier".
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Il ajoute: "C'est pour cela qu'il est important d'attendre les états financiers du premier semestre, plus détaillés et qui répondent à plus d'exigences légales et réglementaires, pour voir comment les banques ont implémenté la norme, et surtout mesurer son véritable impact".
Il conclut: "Les émetteurs bancaires ne sont pas en défaillance en matière de publication, ils ont encore jusqu'au 30 septembre pour publier leurs états financiers. Mais le marché a des anticipations négatives et, dans un climat pareil, les banques auraient dû améliorer leur communication autour de la norme IFRS 9 pour se montrer rassurantes".
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