Les investisseurs en bourse encore sceptiques envers les banques

Sara El Hanafi | Le 7/8/2018 à 17:20

Les valeurs bancaires sont pénalisées en bourse à cause des craintes des investisseurs liées à un contexte économique morose mais également à l'application de la norme IFRS 9. Détails.

Nous l'écrivions dans nos colonnes ce 6 août, les valeurs bancaires peinent à décoller en bourse, affichant une régression depuis le début de l'année de -4,64% à la clôture de la séance d'aujourd'hui.

Un comportement qui, a priori, semble s'inscrire dans la tendance globale du marché, le MASI affichant près de -5%. Cela étant, des éléments propres au secteur ont fait que celui-ci, qui compte trois des plus grandes capitalisations de la bourse casablancaise, affiche une petite mine.

En effet, un analyste connu de la place casablancaise, préférant s'exprimer sous couvert d'anonymat, estime que les valeurs bancaires subissent plutôt une crainte des investisseurs liée à un contexte économique morose, en plus des incertitudes qui persistent autour de l'application de la norme IFRS 9.

Tout d'abord, notre interlocuteur indique qu'en dépit d'une valeur ajoutée agricole bien orientée, le secteur non agricole ne semble pas aller sur les bons rails: "L'économie non agricole ne se porte pas bien, hormis les métiers mondiaux du Maroc comme l'aéronautique, l'automobile, ainsi que les phosphates et l'offshoring dans une moindre mesure", souligne notre analyste.

>>Lire aussi: Forte décélération du crédit bancaire: +1,5% à fin juin 2018

Pour mieux comprendre l'atonie qu'affichent les autres secteurs industriels, il nous réfère au TUC, le taux d'utilisation des capacités industrielles qui fait l'objet d'une enquête périodique de Bank Al-Maghrib: "Récemment, ce taux ressort à un niveau faible, à peine 60%. Cela montre que, quelque part, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond".

Notre interlocuteur indique que ces éléments, qui touchent l'activité bancaire, font que les investisseurs ont de mauvaises anticipations sur le contexte économique global en général et sur le secteur bancaire en particulier: "Même s'il y a une croissance, elle ne veut rien dire tant qu'elle n'est pas réellement ressentie", précise-t-il.

D'ailleurs, les communiqués de résultats semestriels publiés jusqu'à présent, notamment ceux de la BCP, montrent déjà une décélération de l'activité: "Le communiqué de la BCP à titre d'exemple démontre certes des résultats bien orientés, mais une activité en nette décélération. C'est ce type d'alertes que les investisseurs intègrent dans leur raisonnement et qui les freinent dans leur investissement".

IFRS 9: le doute plane toujours

D'une autre part, notre analyste estime que l'appréhension des éventuels impacts de l'application de l'IFRS 9 est toujours présente chez les investisseurs, en dépit de la dernière vague de communication financière des banques qui fait état d'un impact limité de la nouvelle norme.

"Les récentes publications financières ne concernent que le premier trimestre, et ne sont pas détaillées. Tant que les états financiers du premier semestre ne sont pas publiés, l'hypothèse d'un poids significatif de la réforme sur les fonds propres et sur le provisionnement des banques est encore d'actualité".

Par ailleurs, notre interlocuteur estime que les banques ne se sont pas exprimées clairement sur le passage à l'IFRS 9: "Bank Al-Maghrib a donné un délai de 5 ans pour bien implémenter la réforme. Dans ce contexte, Crédit du Maroc dit avoir intégré le coût global de la norme dans ses comptes au premier trimestre, alors que les autres banques ne mentionnent pas si elles ont suivi la même démarche. Il y a encore de l'ambiguïté qui entoure ce chantier".

>>Lire aussi: IFRS9 : Fitch évalue l’impact sur les banques marocaines

Il ajoute: "C'est pour cela qu'il est important d'attendre les états financiers du premier semestre, plus détaillés et qui répondent à plus d'exigences légales et réglementaires, pour voir comment les banques ont implémenté la norme, et surtout mesurer son véritable impact".

Il conclut: "Les émetteurs bancaires ne sont pas en défaillance en matière de publication, ils ont encore jusqu'au 30 septembre pour publier leurs états financiers. Mais le marché a des anticipations négatives et, dans un climat pareil, les banques auraient dû améliorer leur communication autour de la norme IFRS 9 pour se montrer rassurantes".

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 7/5/2024 à 16:12

    Souss-Massa : pour plus d’export et d’investissement, les industriels sont impatients d’avoir le port sec

    Lors de sa tournée des régions dans le Souss-Massa, Médias24 est allé à la rencontre de plusieurs investisseurs et représentants des entreprises privées pour établir l’état de la situation économique, les enjeux et les ambitions de la région. Le port sec est attendu de pied ferme par les investisseurs privés qui voient en lui une opportunité unique pour la région et son dynamisme.
  • | Le 6/5/2024 à 15:48

    Auto Hall : légère croissance du marché attendue cette année, bonne perspective sur les VUL

    En 2023, le groupe détenait 39,2% de part de marché sur le segment des véhicules utilitaires légers (VUL). Les ventes en volume de ce segment sont en forte hausse à fin avril. Le groupe devrait tirer profit de cette croissance. Le léger recul des taux débiteurs à la consommation au T4-23 et le portefeuille diversifié du groupe devraient lui assurer une bonne résilience. Auto Hall peut aussi compter sur le marché de l’occasion en croissance.
  • | Le 6/5/2024 à 15:04

    Mutandis : chiffre d’affaires stable à fin mars

    Le segment produit de la mer a connu une contre-performance du fait d’une forte baisse des volumes dans un contexte de manque de stock. Les revenus du segment boissons ont en revanche fortement progressé du fait de la bonne performance de l’eau minérale et des jus de fruits. La dette bancaire recule légèrement de 2,45% par rapport à fin décembre 2023.
  • | Le 3/5/2024 à 16:28

    BTP : une bonne tenue du secteur attendue cette année

    Anticipée comme bonne par les professionnels du BTP, l’année 2024 devrait confirmer un bon trend dans les mois à venir. Au premier trimestre déjà, l’encours des crédits bancaires au secteur du BTP bondissait de 16% à 96,6 MMDH. Les ventes de ciment à fin avril, elles, progressaient de 3,5% par rapport à l’année précédente.
  • | Le 3/5/2024 à 9:08

    Forte reprise de la consommation de ciment en avril

    Le mois d’avril a connu un sursaut de consommation de ciment. Depuis le début de l’année, les ventes de ciment ont progressé de 3,5% à 4,1 MT.
  • | Le 2/5/2024 à 15:20

    En mars, l'encours des crédits progresse de 69 MMDH sur 12 mois glissants

    L'encours global des crédits en mars a progressé de près de 19 MMDH d'un mois sur l'autre. Les créances en souffrance progressent de 4,8 MMDH sur une année glissante. L'encours des crédits bancaires concernant la branche d'activité du BTP a fortement progressé de 16% à 96,6 MMDH au premier trimestre. Une hausse notable qui provient de la hausse des mises en chantiers des grands projets d'infrastructures.