L'atonie s'accentue à la Bourse de Casablanca
Depuis mars 2018, le mouvement global est vendeur et les indices creusent leurs pertes dans un marché sans profondeur. Le directeur d’une société bourse de la place apporte des éclaircissements à ce sujet.
Ces derniers mois ont été caractérisés à la fois par la baisse des cours et par l’absence des volumes. Un manque de dynamisme remarqué après deux années d’euphorie !
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Durant les premiers mois de 2018, le Masi s’était rapproché de l’un de ses plus hauts niveaux historiques (entre autres en raison de l’entrée en vigueur de la réforme du régime de change) avant d’entamer une tendance baissière qui s’est accentuée pendant le mois de mai, période durant laquelle le Masi a effacé tous ses gains annuels et a remis le compteur à zéro.
Depuis ce temps-là, la tendance baissière se poursuit et l’indice phare de la Bourse campe dans le rouge. Il faut noter que même les valeurs "solides" ont subi une pression malgré leurs "bons" fondamentaux.
Evolution de l'indice Masi sur une année (jusqu'au 18 juillet 2018)
Source: BVC
Ainsi, la contre-performance depuis le début de l'année de l’indice principal ressort à -8,61% à la clôture de la séance du 19 juillet dernier. Pour sa part, le FTSE CSE Morocco 15, regroupant les 15 plus grandes capitalisations du marché, a atteint -12,85%.
Le volume des transactions durant cette période est resté faible selon les acteurs du marché: il est de l'ordre de 24 MMDH dont 20 MMDH drainés sur le marché central et plus de 4 MMDH sur le marché de blocs.
Notons que la séance du 10 juillet dernier a été marquée par l’échange du volume le plus bas (de l'ordre de 7 MDH) sur le marché marocain depuis 2003, selon le directeur de la société de bourse que nous avons approché.
Cette phase "sévère" est la résultante d'un ensemble de facteurs qui jouent principalement sur le moral des investisseurs.
Le retrait des investisseurs étrangers et l’absence de profondeur du marché expliquent la chute
La chute de la Bourse s'est déclenchée avec la publication des résultats annuels et la déception des investisseurs par rapport aux réalisations de certaines sociétés cotées, notamment le niveau de distribution de dividende.
Cette tendance s'est accentuée avec la nervosité des investisseurs face au mouvement de boycott de trois marques de grande consommation (Sidi Ali, Centrale Danone et les stations-service Afriquia, ndlr.), lancé le 20 avril dernier. Ce mouvement a eu un impact significatif sur le moral des investisseurs et donc sur leur comportement en bourse.
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Selon le DG d'une société de bourse de la place, le marché continue de creuser ses pertes à cause de la poursuite du désengagement, entamé depuis le premier trimestre, des investisseurs étrangers de certaines grandes capitalisations, notamment du secteur bancaire et de Maroc Telecom. Les investisseurs locaux ont entretenu le mouvement.
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Cette baisse intervient dans un marché sans profondeur. Il y a une pression à la vente face à une demande quasi-absente.
La faiblesse des volume se traduit par des baisses disproportionnées des cours et des indices, d’après le professionnel.
Les résultats semestriels s'annoncent mitigés pour les sociétés cotées
Notre source mentionne également une incertitude par rapport à l’évolution future des valeurs bancaires en raison de l'impact éventuel de l'adoption de la norme IFRS9. «On ne sait toujours pas comment cela va impacter les résultats semestriels des banques», affirme notre interlocuteur.
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Aussi, le profit warning publié par SMI, filiale de Managem, le 11 juillet dernier alimente les craintes des investisseurs par rapport aux résultats semestriels attendus pour redynamiser le marché. L'impact négatif sur le cours de Managem était important.
S’ajoute à tous ces facteurs le rachat des parts d'OPCVM par certains investisseurs, ce qui pousse les gestionnaires à vendre les actions en portefeuille. Là aussi, les volumes ne sont pas très importants, mais l’absence de demande sur ces titres implique une baisse des cours.
Finalement, le DG de la société de bourse estime que le marché boursier devrait boucler l’année 2018 sur une note négative si les résultats semestriels ne sont pas bons et si le marché continue de manquer de papier frais.