Assurances. Le Takaful, probablement pas avant 2019
Les professionnels du secteur se préparent pour un démarrage effectif de l'assurance Takaful en 2019. Ce nouveau produit est toutefois encore sujet à un processus réglementaire et shariatique fastidieux.
Les professionnels du secteur de l’assurance ne s’attendent à un démarrage de l’assurance Takaful qu’en début 2019, nous affirme une source sûre auprès d’une compagnie d’assurances importante de la place. Le lancement effectif de ce produit, nécessaire à la construction de l'écosystème de la finance participative au Maroc, est encore sujet à un processus réglementaire et shariatique fastidieux.
«Le problème est que personne ne veut communiquer une date butoir», indique notre source. «Il y a plusieurs intervenants dans le processus, à savoir l’ACAPS, l’AMMC, le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO) en plus du Secrétariat général du gouvernement (SGG), et personne ne veut se prononcer sur un délai exact», ajoute-elle.
L’explication de ce manque de visibilité est toutefois légitime, car entre les différents intervenants, divers conflits de lois ou de sharia compliance peuvent se poser, ce qui impliquerait un pas en arrière dans le processus.
Notre source rapporte toutefois que les professionnels du secteur sont optimistes pour un démarrage effectif en 2019 : «C’est le délai que nous nous sommes donnés. Nous estimons que les mois qui restent sont suffisants pour sortir la circulaire et l’arrêté relatifs au takaful, la loi pour sa part étant bouclée; en plus des conditions générales qui ont déjà été validées par les professionnels».
Notre interlocuteur ajoute : «La circulaire et l’arrêté on été remis par les professionnels à l’ACAPS, qui à son tour a remis lesdits documents au CSO. Et donc on attendra le cachet de celui-ci qui normalement devra se prononcer d’ici 1 ou 2 mois, mais nous préférons rester prudents et tabler sur début 2019 en tenant compte des éventuels allers-retours entre les différents intervenants».
Le cachet du CSO est attendu depuis le retour du conseil après un séjour au Bahreïn et en Malaisie, afin d’étudier l’expérience des deux pays non seulement en matière d’assurance Takaful mais également en Sukuk.
«Le CSO a été accompagné dans sa mission par une commission composée de l’ACAPS, de l’AMMC, du CSO, et du SGG. Ils ont fait le déplacement ensemble au Bahreïn puis en Malaisie, l’objectif étant de creuser un peu dans les deux piliers de la finance participative, à savoir le Takaful et les Sukuk», indique notre source.
Une Mourabaha «problématique»
Notre interlocuteur estime justement que sans ces deux piliers, les contrats Mourabaha signés actuellement sont problématiques aussi bien pour la banque que pour le client.
Pour l'établissement bancaire, notre source indique que l’absence de Sukuk ne permet pas à la banque de placer ses fonds propres dans des placements sharia compliant. En l’absence de placements, la banque participative ne pourra octroyer des financements au-delà de ce qui va peser sur ses fonds propres et la mettre dans une situation à risque.
L’absence d’assurance Takaful, d’autre part, met en danger le client qui, en cas de survenance d’une situation qui ne lui permet plus de s’acquitter de ses traites (décès, invalidité temporaire ou définitive, etc.) ne peut activer une assurance qui lui permettra de faire face à ce sinistre.
Cela étant, l’octroi d’un financement Mourabaha à l’heure actuelle s’accompagne d’une condition bien spécifique, engageant le client à souscrire à une assurance Takaful dès que celle-ci deviendra opérationnelle.
«Il faut dire donc que l’absence d’assurance takaful et des Sukuk provoque un petit retard dans le démarrage de la banque participative, et constitue un véritable obstacle pour la développer», conclut notre source.
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