Verbatim. Abdellatif Jouahri: concurrence interbancaire, butoir de TVA, situation économique...
Bien que moins virulent que d'habitude, le gouverneur de Bank Al Maghrib a encore une fois saisi l'occasion d'une conférence de presse de la Banque pour livrer sa lecture de grands dossiers de la conjoncture économique nationale.
Comme à l’accoutumée, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Maghrib, n’a pas manqué de s’exprimer sur divers sujets économiques, lors de la conférence de presse suivant le dernier conseil de l’année de la Banque centrale, tenu ce 19 décembre.
Sur la question épineuse du butoir du crédit de TVA, qui pèse 30 MMDH, Jouahri affirme qu’il a «presque négocié» l’affaire avec le Fonds monétaire international à Washington: «En l’absence du ministre des Finances, je leur ai dit que je ne comprends pas comment peut-on soulever ce problème maintenant alors qu’il traîne depuis des décennies».
«Je leur ai rappelé que le ministre des Finances leur a demandé une assistance technique pour déterminer, selon les normes internationales, le niveau de la dette publique consolidée. Il faudra terminer d’abord ce travail de consolidation de la dette pour voir où est-ce qu’on en est, et ce n’est qu’à ce moment là et selon les règles, qu'on verra s'il faudra inclure le crédit de TVA ou pas. Le prendre à part alors qu'on penche vers la consolidation n’est pas logique».
Le Wali ajoute: «Cette étude de consolidation est en cours de finalisation. Selon le ministère des finances, la consolidation de la dette permettra d’améliorer le niveau de l’endettement, c'est à dire le baisser».
Sur un autre registre, Abdellatif Jouahri appelle à relancer les niveaux de progression de la valeur ajoutée non agricole: «Avant la crise on était à des taux de 5% et plus, il faut retrouver cette dynamique», a-t-il lancé.
Il ajoute: "Il faut que la croissance soit moins volatile et moins dépendante du secteur agricole, et il faudra penser à un élément nouveau: la révolution digitale qui aura certes des avantages mais aussi des inconvénients, comme la destruction d'emplois".
"Il faut se concentrer sur l’industrie, et surtout les exportations, tout en diversifiant les destinations des exportations. Il faut intégrer les chaînes de valeur ajoutée mondiale, parce que c’est là où vous aurez une composante structurelle de vos avoirs extérieurs».
«Cela ne peut se faire que par une amélioration nécessaire de la compétitivité du pays, c’est pour cela que nous avons initié la réforme du régime de change, ce n’est pas pour nous faire plaisir mais pour appuyer cette compétitivité».
Le gouverneur de la Banque centrale a par ailleurs refusé de s’exprimer sur le sort du taux directeur sur le court-terme: «Pour moi, ce serait contre-éthique, puisqu’il appartient au conseil de la Banque d’en décider, selon les statuts. Mais lisez les chiffres et voyez quelles conclusions vous pouvez en tirer», a-t-il lancé.
Abdellatif Jouhari a également évoqué la baisse des taux appliquée par certaines banques, qui ne s'alignent pas sur le marché: «Nous avons tenu, avec le GPBM, une réunion le 30 novembre dernier, où nous avons été très explicites sur ce chapitre».
«Le secteur bancaire m’avait saisi pour m’indiquer qu’il y a une concurrence désordonnée, et qu’il y avait des risques de taux pour nous en tant que banque centrale. Lors de cette réunion, je les ai rassurés, et je leur ai dit que nous serons très vigilants pour qu’il n’y ait pas d’accord entre les banques sur les conditions à appliquer aux clients. Nous leur avons indiqué également que nous vérifierons ces éléments une fois sur place dans le cadre de nos contrôles», a-t-il conclu.
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