Bank Al Maghrib détaille son dispositif de supervision des banques marocaines installées en Afrique

Sara El Hanafi | Le 13/12/2017 à 16:29

Avec l'expansion de plus en plus considérables des banques marocaines en Afrique, Bank Al Maghrib a du pain sur la planche. Le régulateur doit assurer pleinement son rôle de superviseur transfrontalier.

Les banques marocaines sont, depuis plusieurs années déjà, à la conquête du continent africain. Les trois groupes bancaires marocains (Attijariwafa Bank, Banque Centrale Populaire, et BMCE Bank of Africa) sont engagés dans une course à l'expansion et ne sont pas prêts à freiner, eu égard aux différentes opportunités qu’offre le continent qui affiche de faibles taux de bancarisation, combinées à une certaine maturité du marché marocain.

«Nous considérons que les trois premières banques du Maroc sont d’importance systémique», a indiqué Hiba Zahoui, directrice de la supervision bancaire à Bank Al-Maghrib, lors du symposium régional sur la stabilité financière, organisé ce 12 décembre à Rabat. «En interne, nous avons tout un département dédié à ces banques et mêmes des ressources allouées à chaque banque», a-t-elle expliqué.

Il faut dire que l’enjeu est grand. La contribution de l’Afrique aux comptes consolidés des groupes bancaires marocains est considérable.

En effet, dans les états financiers consolidés en IFRS des trois groupes bancaires concernés, arrêtés à fin juin 2017, l’Afrique contribue à hauteur de 21% dans le total actif, avec la Côte d’Ivoire en tête des contributeurs (près de 4%), suivie par la Tunisie et le Mali (une contribution d’environ 2,7% chacun).

Sur la même période, l’Afrique participe à hauteur de 21% dans les crédits distribués, de 22% dans les dépôts collectés et de 24% au RNPG (Résultat Net Part de Groupe).

Et pour mieux s’atteler aux différents risques qui entourent ces expansions, Mme.Zahoui explique que la supervision transfrontalière exercée par sa direction se base sur des références internationales, notamment celles prônées par le comité de Bâle qui prônent, entre autres, le contrôle sur une base consolidée, et l’examen des relations entre les autorités du pays d’origine et du pays d’accueil.

Notre interlocutrice explique, par ailleurs, que dès l’approbation de l’investissement dans un pays étranger, soit par voix de création ou d’acquisition, la Banque Centrale procède à une étude de la valeur ajoutée qui sera créée aussi bien pour la banque que pour le marché.

Un monitoring des stratégies de développement envisagées pour la nouvelle filiale est également effectué. «Nous avons des échanges réguliers avec les banques pour qu’elles puissent nous informer des dernières évolutions de leurs stratégies», explique Hiba Zahoui.

Bank Al-Maghrib va plus loin en matière de monitoring des risques spécifiques, en étudiant les éventuelles limites réglementaires et le provisionnement des risques, mais également en effectuant une mesure extrême dans son traitement prudentiel, avec la déduction des participations bancaires de la base des fonds propres du groupe concerné: «Nous supposons, comme hypothèse, que l’investissement en question est perdu, et on le déduit des fonds propres pour en évaluer les impacts», poursuit Mme.Zahoui.

D’autres exigences prudentielles, à savoir le risque pays et le risque souverain, sont pondérés aux fonds propres de la banque concernée par l’investissement pour en évaluer le véritable impact. Qui plus est, des stress tests sont régulièrement effectués au niveau de Bank Al Maghrib et des banques concernées, en fonction du profil du risque et d'autres éléments. 

D’une autre part, Bank Al Maghrib coopère également avec les autorités des pays d’accueil. La Banque Centrale compte à son actif des mémorandums d’entente signés avec 9 autorités africaines, et des contrôles sur place se font conjointement avec la Commission bancaire de l’Union Monétaire Ouest-Africaine, et la Commission bancaire de l’Afrique Centrale.  

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