Rachat de 2M par Patrick Drahi: démenti marocain

EXCLUSIF. L'information selon laquelle Patrick Drahi s'apprête à racheter la Soread-2M est fausse, apprend Médias24 de source marocaine sûre. 

Rachat de 2M par Patrick Drahi: démenti marocain

Le 6 septembre 2017 à 14h56

Modifié 11 avril 2021 à 2h42

EXCLUSIF. L'information selon laquelle Patrick Drahi s'apprête à racheter la Soread-2M est fausse, apprend Médias24 de source marocaine sûre. 

L’information a beaucoup buzzé. Elle a été publiée presque simultanément par Barlamane, réputé connecté, et par Maghreb Intelligence. Selon ces deux sources, l’homme d’affaires franco-luso-israélo-marocain, Patrick Drahi, va faire l’acquisition de Soread-2M.

Contactée par Médias24, une source marocaine de haut niveau, directement concernée par ce dossier, a démenti l'info.

Une source autorisée du groupe Altice, holding contrôlée par Patrick Drahi, a démenti l’information dans une déclaration à Telquel.

L’idée d’une cession des parts de l’Etat dans 2M fait malgré tout son chemin depuis plusieurs mois, avait révélé Médias24. Elle se ferait dans le cadre d’une “remise à plat de l’audiovisuel public“. L’Etat serait ainsi soulagé d’un fardeau financier, car 2M est déficitaire depuis 2008 et a consommé l’intégralité de son capital. Mais pour ne pas avoir à recapitaliser la chaîne, l’Etat cèderait ainsi le seul média audiovisuel qui arrive à assurer une audience honorable dans le paysage marocain. C’est grâce à 2M que le Maroc arrive à garder 45% de l’audience nationale, le reste partant vers des chaînes étrangères (chiffres de 2016).

Patrick Drahi, une piste invraisemblable

Patrick Drahi achète à tour de bras, il est dans les médias, la communication, l’audiovisuel, la téléphonie, y compris en Israël. Peut-on imaginer une chaîne nationale marocaine, détentrice de la plus forte part de marché et de loin, devenir la cousine de la chaîne israélienne i24news? Cela paraît invraisemblable.

Financièrement, 2M n’est pas une affaire rentable. Il faudrait recapitaliser, reconstituer le fonds de roulement, injecter au moins 400 à 500 MDH et réduire fortement la masse salariale par des départs négociés. Mais a-t-on besoin de brader la chaîne marocaine la plus performante pour atteindre cet objectif?

Médias24 n’a pas pu reconstituer avec précision la composition actuelle du tour de table de Soread. Il y a quelques années, l’Etat détenait 76% et la SNI environ 20%. Selon des sources proches, la part de l’Etat a augmenté suite à la dilution d’actionnaires qui n’ont pas mis la main à la poche. L’Etat peut-il céder ses parts dans une négociation confidentielle, pour ne pas dire opaque, et de gré à gré? Peut-on privatiser sans des procédures transparentes qui garantissent l’intérêt de la collectivité? Et, concernant 2M, sans un débat public?

Le vrai problème: le modèle économique des médias

Le véritable problème n’est pas 2M. C’est tout le paysage audiovisuel marocain, les médias en général et leurs modèles économiques.

Aucun des ministres de la Communication successifs n’a eu de stratégie en termes de modèle économique des médias. Pourtant, la clé du problème est là.

Tous les médias audiovisuels marocains souffrent sur le plan financier. Aucun n’est dans un cercle vertueux d’expansion. Produire et de qualité, est onéreux. Le téléspectateur accède gratuitement à de nombreux produits étrangers de haute qualité et compare. L’évasion de l’audience vient de là.

L’avenir de tout le secteur audiovisuel et de tous les médias marocains exige une réflexion urgente sur leur modèle économique. Aucun pays ne privatise sa principale chaîne de télévision à cause des déficits.

Le Maroc ne peut pas avoir une politique ambitieuse régionale et continentale sans disposer de médias puissants, dans tous les domaines, et pas seulement l’audiovisuel d’ailleurs.

De plus, les besoins financiers restent modestes comparativement à ceux de la SNRT (Al Aoula et les chaînes thématiques sport, culture, tamazight, coran, Laâyoune, films) comme on peut le constater à la lecture du rapport 2015 de la Cour des comptes.

Ce qui sauve Al Aoula, c’est son histoire et sa légitimité. Elle constitue un patrimoine. Psychologiquement, il est plus facile de privatiser 2M au sein de laquelle il y a déjà présence d’un capital privé et qui est de création plus récente. Même si elle coûte beaucoup moins cher à l’Etat que la SNRT.

Soread-2M a consommé l’intégralité de son capital. Ses fonds propres sont négatifs. Le délai moyen qu’elle impose à ses fournisseurs est de 411 jours, pour un délai à l’encaissement de 105 jours. Le seuil de rentabilité serait de 445 jours de chiffre d’affaires. Le résultat net a été négatif en 2015 aussi, et il l’est depuis 2008.

En 2015, 58 MDH sont venus s’ajouter aux pertes antérieures, malgré une subvention d’exploitation de 37,5 MDH. Les charges financières sont de 45 MDH en 2015 dont 18,7 MDH d’intérêts.

SNRT: les charges représentent le double du chiffre d'affaires

Au niveau de la SNRT, la situation est également préoccupante. Certes, subventionner un média public est un mal nécessaire dans la plupart des pays, mais il y a pléthore de chaînes, de personnel, de dépenses, avec des déficits et des performances modestes en termes d’audience. Les recettes ne couvrent d’ailleurs que la moitié des charges et en termes d’audience, il y a une érosion régulière, presque  irrésistible.

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