Voici la stratégie du patronat marocain face au changement climatique

Une semaine après la fin de la COP22, Ali Agoumi, consultant de la CGEM, livre à Médias24 la feuille de route climatique du patronat marocain. Elle permettra aux entreprises nationales d’adapter leur activité aux changements climatiques pour profiter des nouvelles niches commerciales.  

Voici la stratégie du patronat marocain face au changement climatique

Le 24 novembre 2016 à 16h34

Modifié 24 novembre 2016 à 16h34

Une semaine après la fin de la COP22, Ali Agoumi, consultant de la CGEM, livre à Médias24 la feuille de route climatique du patronat marocain. Elle permettra aux entreprises nationales d’adapter leur activité aux changements climatiques pour profiter des nouvelles niches commerciales.  

Spécialisé dans l’atténuation/adaptation du/au changement climatique, Ali Agoumi a conseillé pendant toute la COP22 la Confédération générale des entreprises du Maroc pour élaborer sa nouvelle stratégie d’adaptation climatique. Ce professeur à l’Ecole Hassania d’ingénieurs est diplômé de l’École nationale des Ponts et Chaussées de Paris et docteur en océanographie de l’Université Paris VI.

Médias24: Le Maroc est-il aussi touché que les autres pays par les changements climatiques?

Ali Agoumi: Depuis quelques années, on ressent clairement les effets de ces changements qui se manifestent d’abord par un dérèglement intra-annuel et interannuel au niveau des précipitations.

Cela veut dire que la façon dont les saisons arrivent est faussée avec des précipitations inattendues et des intensités anormales (plus ou moins importantes qu’avant).

Il y a aussi des irrégularités interannuelles qui entraînent soit des saisons très humides soit sèches.

Hormis le dérèglement des précipitations, l’autre élément essentiel concerne la montée de la température avec la répétition d’épisodes de vagues de chaleur fortes en intensité et en durée.

Le Maroc doit donc s’adapter à ce changement climatique quantifiable, car depuis quelques décennies, ce processus qui s’accélère n’épargne personne, que ce soit au niveau mondial ou national.

-Quel est l’impact direct de cette transformation climatique sur l’économie marocaine?

-En premier lieu, le monde agricole souffre de la raréfaction des pluies ou de leur intensité exceptionnelle à des moments inopportuns, ce qui impacte ensuite l’alimentation, l’élevage, les forêts…

Ces phénomènes touchent aussi le secteur de l’assainissement, car les fortes pluies peuvent entraîner des inondations dont la cause est le dimensionnement inadapté de l’écoulement des eaux pluviales.

De manière directe ou indirecte, toute l’économie du Maroc est confrontée à ces irrégularités climatiques qui constituent une préoccupation nationale et un défi à relever.

-Dans le cadre post-COP22, que peuvent faire les entreprises nationales pour les surmonter?

-Les négociations climatiques ont commencé il y a 22 ans à Rio, mais le secteur privé a été mis à l’écart pendant près de 20 ans. Dans le passé, c’étaient les gouvernements des Etats membres qui négociaient les mesures à prendre pour gérer les effets des changements climatiques.

Ce n’est que lors de la COP21 que l’on a compris qu’il était impossible de résoudre ce problème en faisant abstraction des entreprises privées. L’Accord de Paris a intégré la nécessité de les associer directement comme observateurs alors qu’avant, ils étaient considérés comme de simples exécutants.

Il y a quelques années déjà, le patronat marocain s’est distingué en créant une commission environnement-climat et le Centre marocain de production propre (CMPP) qui aident les entreprises à optimiser leur utilisation de l’énergie et réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Depuis l’Accord de Paris (AP signé en 2015), la CGEM a adopté une démarche plus anticipative et structurée avec le lancement de son initiative baptisée «Entreprises, climat, Maroc».

Cette feuille de route permettra au secteur national privé de se mettre à niveau pour accompagner le gouvernement marocain et les patronats du monde entier dans une dynamique privée visant à faciliter la mise en œuvre de l’Accord de Paris pour accéder à la nouvelle économie à bas carbone.

Afin d’y arriver, la CGEM a compris qu’il fallait former des compétences humaines pour sensibiliser le tissu entrepreneurial aux défis climatiques et lui permettre de trouver des financements.

-Quel profil auront les entreprises de demain qui se mettront à l’économie verte?

-Pour s’inscrire dans cette dynamique, ces entreprises doivent connaître les risques et les opportunités engendrés par les changements climatiques. Elles pourront recourir à des énergies différentes pour produire ou se protéger des phénomènes qui perturbent leurs processus de production.

Ainsi, un producteur de tomates devra anticiper le manque d’eau ou les inondations et donc changer de formule de production, voire de produits tout court.

L’entreprise doit s’adapter au climat du futur en procédant à une évaluation de l’énergie qu’elle consomme et si cette énergie n’est pas durable, elle devra opter pour une énergie renouvelable.

En deuxième lieu, il est essentiel qu’elle identifie et évalue sa vulnérabilité au climat futur.

Pour être efficiente, elle doit anticiper les changements en les intégrant dans sa vision du futur et procéder à une évaluation de son contexte (marché…) préalable à une stratégie d’adaptation.

-Quelles sont les entreprises qui doivent changer de process de production pour s’adapter aux changements climatiques?

-Je peux citer le cas d’un industriel produisant de gros pulls en laine dont la demande ira en diminuant avec le réchauffement climatique. Il devra soit trouver de nouveaux marchés soit changer de produit. Pour s’adapter aux CC, il faut connaître et évaluer le risque encouru (baisse ou arrêt des ventes), pour trouver une alternative et doter l’entreprise d’une nouvelle perspective commerciale.

Dans l’agroalimentaire, c’est pareil, car le légume ou fruit produit aujourd’hui ne sera peut-être plus cultivable dans 20 ou 30 ans à cause de la montée des températures et de la baisse des pluies.

-Quelles sont les opportunités d’affaires pour les entreprises de la CGEM?

-A travers l’initiative "Entreprise Climat Maroc", la CGEM dispense des formations aux PME et petites entreprises pour établir une stratégie de devenir et trouver des marchés ainsi que des financements.

Les niches sont nombreuses, mais il est évident que le secteur des énergies renouvelables sera très porteur dans l’avenir: commerce de panneaux solaires, produits d’éclairage économiques, systèmes électroniques de gestion d’économie d’eau pour l’agriculture, dessalement de l’eau de mer, réutilisation des déchets (pneus...), utilisation de biogaz...

-Comment obtenir des financements pour monter un projet vert?

-La vraie difficulté n’est pas d’obtenir de l’argent, mais plutôt d’élaborer un dossier de projet crédible. Les critères sont simples: de la transparence avec des projets qui vont dans le sens du changement climatique en limitant l’émission des GES ou en renforçant la résilience climatique des entreprises.

La CGEM les oriente pour obtenir soit des fonds internationaux (bilatéraux ou multilatéraux), soit du gouvernement ou des banques marocaines qui favorisent les crédits pour l’efficacité énergétique. 

 

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