Boeing, Airbus, Embraer, Bombardier et Sukhoi sont en attente d’un appel d’offres de Royal Air Maroc.

Selon notre source, l’étude préalable à l’appel d’offres sera lancée dans les prochains jours. C’est une étude permettant d’estimer l’évolution future du marché et donc les besoins de la compagnie.

“C'est à ce moment que Royal Air Maroc partagera ses conclusions avec le gouvernement et que les deux parties aviseront ensemble pour l'éventuel lancement d'un appel d'offres," conclut notre source. 

«N’essayez pas d’obtenir des éléments de réponse de la part de la RAM sur cet appel d’offres, car vous n’obtiendrez rien, vu la sensibilité du dossier qui ne se négocie pas au niveau de la compagnie»: Cette affirmation d’un ancien cadre du transporteur aérien, joint par Médias 24, illustre parfaitement le silence ou l’ignorance feinte de nos interlocuteurs habituels de la RAM, auxquels a été confrontée notre rédaction.

En 2015, Driss Benhima, alors président de la compagnie, annonçait le lancement d’un appel d’offres pour remplacer, acheter ou louer une quinzaine d’avions pour les 10 années à venir. 

Composée de 53 avions dont un exclusivement cargo, la flotte actuelle de la RAM est constituée de 40 aéronefs moyen-courrier, dont 36 de type Boeing 737-800 et 4 de type Embraer E190 loués ou achetés. Les vols domestiques s’effectuent toujours par les cinq ATR 72-600 franco-italiens de la compagnie.

Concernant les long courriers, la compagnie dispose de 7 avions, dont 4 Boeing 767, un Boeing 747 et deux gros-porteurs Boeing 787 Dreamliner, récemment livrés, en 2015. Deux autres appareils du même type devraient être livrés courant 2016 et un cinquième l’année prochaine.

Selon notre source requérant l’anonymat, l’appel d’offres ne concernera pas les lignes très long courriers (USA, Canada, Amérique du Sud …) car la RAM est largement équipée avec les 5 gros porteurs commandés au constructeur américain. Boeing continuera donc d'être le fournisseur attitré des gros porteurs marocains.

Notre interlocuteur avance que les achats prévus devraient concerner certaines lignes long courriers, avec l’acquisition d'au moins 5 nouveaux avions, car les quatre Boeing 767 ne suffisent plus à satisfaire  la demande sur le Moyen-Orient et l’ouverture de nouvelles lignes russes et africaines (Kenya, Johannesburg).

Les seuls constructeurs en concurrence sur ce marché sont Boeing (777 et 787) et l’européen Airbus, qui se disputent les faveurs de la RAM, même si l’avionneur américain garde l’avantage.

Il poursuit qu’il semble difficile d’étoffer davantage le nombre des 36 Boeing 737-800 jugés suffisants, mais comme les moyen courriers constituent 80% de sa flotte, un renouvellement d’avions de nouvelle génération sera rapidement à l’ordre du jour, car les commandes se prennent des années à l’avance, pour obtenir des avantages financiers.

Le constructeur Airbus se positionne déjà avec ses A320-Néo et A321, en successeur assumé du fournisseur américain traditionnel de la RAM.

Concernant les vols court courrier et régionaux, notre source pense que l’appel d’offres mettra en féroce compétition le canadien Bombardier (CSéries), le brésilien Embraer (190) et le russe Sukhoï (Superjet 100).

Si, d’après une dépêche de l’agence Tass, la visite annoncée (8 mai) du patron de Sukhoï au Maroc laisse penser que les Russes sont optimistes pour équiper la RAM. Notre source avance qu’ils devront ramener dans leurs bagages toute la chaîne de valeur (couverture technique, entretien, formation) pour convaincre la direction de la RAM.

L’américain Boeing et l’européen Airbus ne sont pas concernés par ces ventes de petits avions de 100 places, car leurs modèles sont destinés aux vols industriels moyen courrier et long courrier.

Selon notre expert, hormis les achats de petits avions russes, brésiliens ou canadiens, il faut exclure tout changement majeur du traditionnel fournisseur qu’est l’américain Boeing.

«Aucune compagnie aérienne au monde ne bouleverse brutalement sa chaîne d’approvisionnement. La seule voie est de procéder par introduction progressive de nouveaux constructeurs, car l’acclimatation à des avions est une philosophie complexe, qui prend des années».

Si un rapprochement politique peut influer sur le choix de marques d’avions, la considération principale reste les considérations économiques et techniques, ce qui veut dire que, hormis une relative diversification, le Maroc restera certainement le client attitré de l’avionneur américain.

Malgré cela, Fouad Attar, directeur général d’Airbus MENA s’est dit, dans nos colonnes, prêt à soumissionner au prochain appel d’offres de la RAM et très optimiste pour lui vendre ses aéronefs.

A court terme, le seul moyen d’introduire des avions Airbus dans la flotte de la compagnie marocaine serait que Qatar Airways entre, comme annoncé, dans le capital de la RAM à hauteur de 25 à 49%.