Maroc. Comment la Samir a perdu 20 millions de dollars dans une opération d’importation

Maroc. Cela devait être une opération assez routinière. Au 4 avril 2016, la perte est au moins de 20 millions de dollars et ce n’est pas fini. Récit.

Maroc. Comment la Samir a perdu 20 millions de dollars dans une opération d’importation

Le 4 avril 2016 à 14h47

Modifié 11 avril 2021 à 1h03

Maroc. Cela devait être une opération assez routinière. Au 4 avril 2016, la perte est au moins de 20 millions de dollars et ce n’est pas fini. Récit.

C’est une histoire assez rocambolesque.  Le tanker grec Delta Tolmi a été affrété au cours de l’été dernier, pour transporter une cargaison de pétrole brut à destination du port de Mohammédia destinée à la Samir.

Le 10 août 2015 et alors que la raffinerie est déjà à l’arrêt, il charge 143.000 T. (ou 1 million de barils) dans un port égyptien.  Le 17 aout 2015 à 13h30, le voici à l’entrée du port de Mohammédia pour décharger sa cargaison réglée par lettre de crédit d’ITFC (International Islamic Trade Finance Corporation).

Las! L’entrée du port lui est interdite par l’ANP (Agence nationale des ports). La Samir traîne une (petite) dette de 19,3 MDH qu'il doit à l'ANP. L’Agence émettra d’ailleurs, quelques jours plus tard, un avis à tiers détenteur (ATD) pour tenter de récupérer sa créance.

Mais cette créance n’est pas la raison du refus d’entrée du bateau dans le port. La raison est tout autre. Elle tient à Marsa Maroc, opérateur qui exploite le terminal de Mohammédia. Marsa Maroc refuse de réaliser les prestations indispensables au déchargement pour le compte de la Samir, en raison d’une ardoise de 44,5 MDH.

Dès lors que le bateau ne pourra pas décharger, il ne peut pas accéder au port.

Le Delta Tolmi repart vers le large… où il se trouve depuis le 17 aout 2015 (ci-dessus, capture d'écran du jeudi dernier).  Dimanche 3 avril à 06H50, il était localisé à près de 300 km au large de Rabat.

Des experts du transport maritime interrogés par Médias 24 nous ont expliqué que cette attente est exceptionnellement longue, mais que l’équipage, certes prisonnier de l’océan, se fait ravitailler depuis la côte marocaine.

Cela étant dit, l’immobilisation du bateau coûte cher. A chaque immobilisation injustifiée, le client doit payer à l’armateur des surestaries ou indemnités, pour chaque jour d’immobilisation. Dans le cadre du Delta Tolmi, le contrat d’origine prévoyait 40.000 dollars par jour. Entre le 17 aout 2015 et le 4 avril 2016, cela représente plus de 9 millions de dollars.

La cargaison, c’est du pétrole brut Arabian Light, acheté auprès d’Aramco au cours de l’époque, à environ 48 dollars le baril. Ce lundi 4 avril 2016, le cours est inférieur à 37 dollars. De sorte que la dévalorisation du stock représente au moins 11 millions de dollars. La valeur du stock était de 48,6 millions de dollars en aout 2015, elle n’est plus que de 37 millions de dollars aujourd’hui.

Et ce n’est pas fini!

Tant que le bateau est immobilisé, le compteur tourne. C’est pourquoi le syndic de la Samir, Mohamed El Krimi, essaie de faire rentrer le Delta Tolmi au port de Mohammédia, d’autant plus que le raffinage doit redémarrer.

Faire accoster et décharger le tanker signifie payer ou trouver un arrangement avec Marsa Maroc. Les arriérés sont de 44,5 MDH (à fin janvier 2016). Et récupérer les documents commerciaux relatifs à la cargaison. Or, le lundi 28 mars, les cadres de la Samir viennent annoncer au syndic que l’original du “connaissement“ (document indispensable au déchargement) se trouve chez ITFC, qui l’avait récupéré “de peur que la Samir ne vende la cargaison à une tierce partie pour faire face à ses difficultés financières“.

M. El Krimi est en train de découvrir l’univers Samir. Et ce n’est pas facile. Au total, la société a perdu plus de 20 millions de dollars dans cette opération, près de 4 fois ses dettes totales à l'égard de Marsa Maroc et de l'ANP.

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