Barack Obama, le diplomate et commandant en chef

Un article publié dans le numéro d’avril du magazine The Atlantic, sous la plume de Jeffrey Goldberg, analyse la politique étrangère du président américain. Du discours du Caire à l’Iran et à La Havane, passage en revue.  

Barack Obama, le diplomate et commandant en chef

Le 4 avril 2016 à 10h11

Modifié le 11 avril 2021 à 2h38

Un article publié dans le numéro d’avril du magazine The Atlantic, sous la plume de Jeffrey Goldberg, analyse la politique étrangère du président américain. Du discours du Caire à l’Iran et à La Havane, passage en revue.  

Entré à la Maison Blanche en janvier 2009 "pour sortir les forces américaines d’Irak et d’Afghanistan", Obama n’aura que partiellement réussi ses objectifs. Dès septembre 2009, les chefs miliaires américains arriveront à obtenir l’envoi de 30.000 soldats américains supplémentaires sur le terrain afghan.

Pour l’Irak, la poussée de Da'ech obligera Washington, après le retrait de milliers d’hommes, à renvoyer quelques centaines de soldats sur le terrain depuis fin 2014. Il s’agit d’un côté de protéger la capitale et le gouvernement irakien, de l’autre, d'appuyer les combattants kurdes sur la ligne de front nord-ouest du pays.

Ce lien renvoie au texte original en anglais.

La prémonition du Caire

A elle seule, cette situation informe sur les choix d’Obama en matière de politique américaine au Moyen-Orient. Héritier d’une politique américaine interventionniste en Irak, en Afghanistan et sur le dossier israélo-palestinien sans résultats stabilisateurs probants, le nouveau président américain trouve le Moyen-Orient compliqué, coûteux avec ses alliés égyptiens et israéliens notamment et instable. Les printemps arabes, leurs suites,  l’émergence de Da'ech et le bras de fer "triangulaire" entre Tel Aviv, Riyad et Téhéran lui donneront raison.

L’un de ses premiers voyages et premiers importants discours de sa présidence auront pour lieu Le Caire. Le 4 juin 2009, à Al Azhar. L’objectif d’Obama est de "persuader les musulmans d’examiner plus attentivement les racines de leurs malheurs". Quelques mois plus tard, ce seront les Printemps arabes, la chute de dictateurs à Tunis, au Caire, à Tripoli et à Sanaa, l’écroulement de quelques Etats, de lourdes menaces qui continuent de planer sur d’autres Etats arabes et la montée de Da'ech, qui amènent en substance Obama à répéter à l’été 2014 ce qu’il disait en 2009 au Caire: "Les Arabes doivent réfléchir à leurs problèmes et prendre en charge leur sécurité."

Pour cela, mais pas seulement, Obama refusera finalement de bombarder les troupes de Bachar al Assad, malgré la fameuse "ligne rouge" sur l’emploi (non avéré à 100%) des gaz chimiques, la Maison Blanche s’est souvenue des mensonges sur les armes de destruction massive irakiennes sous la présidence Bush. Quelques mois plus tard, Washington et Moscou parviendront à un accord sur le recensement et la destruction des stocks d’armements chimiques syriens.

Washington playbook et think tanks

Obama refuse de décider aveuglément par le Washington playbook, guide non officiel de la politique étrangère américaine, qui veut que le Tout-Washington préconise de régler les problèmes du monde par la force.

De la même manière, Obama ne fait pas confiance aux think tanks de Washington, qu’il juge "trop liés à leurs sources pour être honnêtes",  Etats du Golfe et Israël. "Obama ne se fait aucune illusion sur la droite israélienne, ni sur le rôle du régime saoudien dans l’émergence d’Al Qaida et Da'ech".

Obama, rappelant que l’Amérique "a une histoire avec l’Iran" et "que l’Iran a une mémoire historique" donnera la priorité à la diplomatie, même lorsque les lobbies pro-israéliens américains inviteront Benyamin Netanyahou à venir s’adresser au Congrès US, pour critiquer la politique menée par Barack Obama, Joe Biden et John Kerry. La même approche a été tentée avec Cuba, malgré l’opposition de certaines franges de la communauté américano-cubaine.

Pour Obama, analyse Jeffrey Goldberg, le nouveau principe est qu’"un président américain ne peut pas tout régler, mais s’il ne fixe pas l’ordre du jour, rien ne se fait", avec comme règle numéro 1 qu’"il n’y a pas de règle unique", avec des situations où des enfants se font tuer et où on peut intervenir et d’autres situations où on ne peut pas, la règle n° 2 étant son fameux "Don’t do stupid shit", qu’on peut traduire par "il ne faut pas faire n’importe quoi" ou "il ne faut pas faire de trop grosses erreurs".

Pour Obama, "le vrai pouvoir de dissuasion, ce n’est pas le recours systématique à la force ; c’est au contraire obtenir ce que vous recherchez sans avoir à l’utiliser". Sous Obama, Washington n’intervient plus pour satisfaire "les attentes d’alliés frustrants et coûteux, qui cherchent à exploiter les muscles des Etats-Unis pour assouvir leurs objectifs étroits et personnels", souligne Goldberg.

Pas de nouvelle guerre

Obama avait fait sienne cette phrase, que son ministre de la Défense Robert Gates a souvent répétée en réunion, rappelle Golbderg: "Ne devrions-nous pas d’abord finir nos deux guerres, avant de penser à une nouvelle?" En ce sens, son prix Nobel de la Paix décerné fin 2009 est mérité.

L’approche choisie avec l’Iran, la diplomatie d’abord et le courage de tourner les pages difficiles de l’histoire malgré les fortes oppositions, souvent belliqueuses qui se manifestent, sera aussi mise en œuvre avec Cuba. Obama, hormis ses choix internationalistes, a aussi compris que les conflits entretenus par divers milieux à Washington, mais aussi à Téhéran, Tel Aviv, Riyad, La Havane, Miami ou Caracas prenaient la politique étrangère américaine en otage. Au Moyen-Orient comme en Amérique latine, les Etats-Unis veulent avant tout pouvoir parler avec tout le monde.

Moyen-Orient, Amérique latine, Asie. Outre la fameuse expression du "pivot vers l’Asie", J. Goldberg résume la nouvelle situation en quelques mots: "La priorité d’Obama, c’est de mettre les bouchées doubles dans les parties du monde où le succès est possible et de limiter l’exposition américaine ailleurs." Moins de Moyen-Orient, plus d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
 

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