Le département d’Etat américain a mis en ligne de nouvelles correspondances électroniques de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton (2009-2012). 

"Son bureau a appelé et nous informe qu’il est disponible maintenant. Souhaitez-vous lui parler ce matin?"

L’échange entre Huma Abedin du cabinet de la chef de la diplomatie américaine et sa patronne Hillary Clinton concerne le Maroc. La personnalité dont il s’agit dans la conversation est le Roi Mohammed VI. Les Clinton et le souverain se connaissent bien. Hillary -et sa fille Chelsea- sont souvent venues dans le royaume pour affaires officielles ou privées.

Plus récemment, Bill Clinton était à Marrakech pour la Clinton global initiative en compagnie de sa fille, directrice déléguée de l’ONG.

Les derniers mails d’Hillary Clinton ont été rendus publics sur ordre du Congrès américain. Clinton a durant son mandat utilisé différentes adresses électroniques et différents terminaux pour ses correspondantes diplomatiques, raisons pour lesquelles leur publication a été exigée.

PJD, Argana, Al Jazeera

Les échanges entre Hillary Clinton et son staff durant cette période s’intéressent aux suites de l’attentat contre le café Argana à Marrakech en mai 2011, la fermeture du bureau d’Al Jazeera à Rabat ou encore les résultats des législatives de novembre 2011 avec le PJD crédité à l’avance d’une "grande victoire".

Il y a cinq ans, le PJD est arrivé en tête des premières législatives ayant suivi le printemps arabe et la réforme constitutionnelle marocaine, précédant l’Istiqlal, le RNI, le PAM et l’USFP notamment. "Ayant gagné 46 sièges en 2007, écrit l’analyste de l’ambassade US à Rabat, le PJD pourrait facilement doubler ce chiffre cette année, une fois connus les résultats de la liste nationale."

Quelques lignes plus loin, l’analyste explique à ses collègues de Washington: "Si cela s’avère être le cas, le Roi devra sous la nouvelle constitution, nommer un Premier ministre en provenance du PJD." A l’époque, Samuel Kaplan était l’ambassadeur US à Rabat et Judith Chammas l’analyste politique en chef.

Outre le PJD et plus globalement la situation politique marocaine, le département d’Etat suit de près ce qui se passe au Maroc, à Rabat comme à Tanger ou Marrakech.

Ancien ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, Edouard Gabriel a continué de gagner sa vie en travaillant jusqu’à aujourd’hui en tant que lobbyiste notamment pour le Maroc à Washington. Il reste membre du conseil d’administration des écoles américaines de Tanger et de Marrakech et on le retrouve dans plusieurs dossiers maroco-américains.

Dialogue stratégique

En septembre 2012, Edouard Gabriel revient d’un séjour au Maroc et il écrit au cabinet d’Hillary Clinton. "Les Marocains, au plus haut niveau [sous-entendu: j’y ai accès] apprécient grandement l’attention portée par la secrétaire Clinton au Maroc au cours de ces quatre dernières années. Je peux vous dire que le Roi Mohammed VI et ses conseillers sont très excités par le lancement prochain du Dialogue stratégique. Le Roi voit l’événement de la prochaine semaine comme un couronnement de ces 13 dernières années d’efforts pour créer une relation stratégique avec les Etats-Unis sur les dossiers bilatéraux, régionaux et multilatéraux."

Edward Gabriel poursuit: "Il y a deux sujets que, comme je l'espère, vous pourrez porter à l’attention de la secrétaire d’Etat. Le premier concerne son allocution à l’événement lui-même, le second concerne le communiqué devant être publié au terme de la session du dialogue stratégique."

Dans ce courrier adressé par Edward Gabriel à un membre du cabinet d’Hillary Clinton, l’ancien ambassadeur en poste à Rabat veut s’assurer que Mme Clinton n’oubliera pas de mentionner l’accord de libre-échange entre les USA et "un important allié non-membre de l’Otan", ainsi que "le progrès réalisé par le Roi au Maroc en matière de réformes politiques, sociales et économiques".