Abdelilah Benkirane: le discours de trop

Benkirane a fait un beau cadeau à ses adversaires en les couvrant d'insultes au cours d'un meeting spectaculaire et très couru à Fès, ce lundi 31 août. Un palier a été franchi dans la violence verbale.

Abdelilah Benkirane: le discours de trop

Le 31 août 2015 à 21h19

Modifié 11 avril 2021 à 2h37

Benkirane a fait un beau cadeau à ses adversaires en les couvrant d'insultes au cours d'un meeting spectaculaire et très couru à Fès, ce lundi 31 août. Un palier a été franchi dans la violence verbale.

Est-il grisé par le succès et les bains de foule? Ou revigoré par l’adversité? En tous les cas, Abdelilah Benkirane prend de moins en moins de précautions oratoires. Il a pilonné ses adversaires, au cours d’un meeting impressionnant qu’il a tenu sur les terres de l’adversaire Hamid Chabat.

Dans un grand stade,  Benkirane a fait le plein. Il y avait au moins 20.000 personnes, probablement davantage, dans les gradins du stade, ce lundi 31 août en fin de journée. Un stade “ouvert“, insiste la communication du PJD, allusion aux salles fermées des autres partis.

 

 

هكذا استقبل اهل فاس الأخ الأمين العام

Posted by ‎حزب العدالة والتنمية PJD MAROC‎ on lundi 31 août 2015

 

Après deux meetings, à Agadir puis Tiznit, le secrétaire général du PJD a enchaîné avec Fès, allant narguer son adversaire dans son fief.

Hamid Chabat et le PAM ont été les principaux sujets de son allocution. Ainsi que les thèmes habituels, bilan du gouvernement, sérieux du PJD, intégrité de ce parti et de ses hommes …

Mais ce qui a surpris, c’est la violence des propos qui est montée d’un cran. Le discours a désormais atteint un niveau alarmant. Après l’annonce lundi par Abdellatif Wahbi d’un dépôt de plainte contre Benkirane suite à ces accusations sur l’argent de la drogue, on aurait pu penser que les propos seraient plus mesurés. C’est l’inverse qui s’est produit.

Après une allocution de Driss Azami, candidat PJD aux régionales, consacrée à la ville de Fès et à son rayonnement ainsi qu’à ses potentialités économiques, Benkirane ouvre le feu. Ce sont des missiles qui partent en rafale.

Dans la première partie, Benkirane s’en prend à Chabat. L’assistance reprend: “Chabat ya hakir, erhal“ [ô misérable Chabat, dégage]. On admire la finesse du propos et la hauteur du débat.

Benkirane n’y va pas de main morte: Chabat est une sorte de vestige colonial. Ce n’est pas dit comme ça, c’est amené autrement. Nous sommes à Fès, capitale spirituelle du Royaume, Oum Al Koura [expression consacrée et empruntée à La Mecque, la mère des villages], qui a subi en son temps un complot colonial. Aujourd’hui, “je suis triste, j’ai l’impression que le complot colonial se poursuit“.

A ceux qui crient “Chabat dégage“, il répond : “donnez lui une leçon, ne votez pas pour lui“. Chabat est traité d’être un “symbole du fassad“. Fassad, en langue arabe est un terme très vague mais extrêmement péjoratif, pouvant signifier par exemple, corruption, gabegie, mauvaise gestion, incurie ou prévarication.

“Au début de son premier mandat, Chabat a fait de bonnes choses pour la ville mais après, sa gestion a gravement décliné car il s’est occupé à gérer son argent et ses affaires. Il s’appuie sur ceux qui ont des antécédents et il les utilise comme des milices. Il valorise la criminalité“. Il enchaîne en ironisant sur la Tour Eiffel et la mer que Chabat voulait amener à Fès et le traite de “sot“.

Il l’accuse d’envoyer des commandos pour du porte à porte afin d'acheter des voix à 350 DH.

Place au PAM ensuite.

"C’est Ilyas El Omari qui a demandé à Chabat de quitter le gouvernement pour faire tomber Benkirane et éventuellement prendre sa place". Ilyas El Omari, homme fort du PAM, secrétaire général adjoint et président de la commission électorale de ce parti.

"Le PAM est incapable d’organiser une réunion dans une salle fermée [allusion à la réunion de dimanche à Casa] et il veut conduire l’Etat". C’est impossible.

“Ilyas El Omari est sorti de son antre comme un serpent pour se présenter à Al Hoceima. Le peuple ne peut pas donner sa confiance à une bande, un gang, ce n’est pas un parti. Les gens bien ont d’ailleurs quitté ce parti, les intellectuels, ainsi que Fouad Ali El Himma“.

Bakkoury est traité de “marionnette“.

Etc.

Etc…

Benkirane a incontestablement réussi l’organisation de sa campagne électorale. Ses meetings sont pleins, l’enthousiasme est là, le bilan gouvernemental est très bon.

Mais avec ce discours, Benkirane est allé trop loin. Il s’est mis en danger et a mis en danger à la fois ses propres troupes ainsi que l’élection elle-même.

Si les accusations qu’il a proférées sont fondées, il n’avait qu’à agir par les voies de droit. C’est cela un Etat moderne. Dans un Etat de droit, le recours ne peut se faire que par voie judiciaire. Et la charge de la reuve apprtient à l'accusateur, pas à l'accusé. On ne peut pas dire: il n'a pas démenti donc il est coupable.

Un palier a certainement été franchi. Et il a fourni à ses adversaires suffisamment d'arguments pour alimenter leurs campagnes électorales.

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