Nétanyahu accusé de vouloir officialiser l’apartheid anti-arabe

Depuis la réélection de Netanyahu, des voix s’élèvent en Israël pour accuser le premier ministre et ses électeurs d’avoir opté pour l’apartheid plutôt que pour la paix.

Nétanyahu accusé de vouloir officialiser l’apartheid anti-arabe

Le 23 mars 2015 à 12h40

Modifié le 11 avril 2021 à 2h36

Depuis la réélection de Netanyahu, des voix s’élèvent en Israël pour accuser le premier ministre et ses électeurs d’avoir opté pour l’apartheid plutôt que pour la paix.

La confirmation de la popularité de Benyamin Benanyahu parmi les Israéliens fait surgir une crainte: que l’homme chargé de former le prochain gouvernement israélien instaure un système d’apartheid.

Aussitôt les résultats des élections du 17 mars  connus avec la large victoire du Likoud de Netanyahu et ses 30 sièges sur 120 contre 24 au duo travailliste Herzog-Livni, les alarmes ont commencé à sonner. Principalement dans les milieux de gauche et libéraux.

Dès le lendemain du vote le quotidien Haaretz publie un article qui rappelle les derniers jours de campagne de Netanyahu: rejet de l’option de «deux peuples, deux Etats» et lors de la journée même du scrutin, appel aux électeurs juifs pour qu’ils aillent voter «car les Arabes sont allés voter en masse».

Des voix à tout prix

 Netanyahu a gagné en tenant un langage que ses électeurs entendent, ne se formalisant pas d’être perçu comme raciste ou pas. Ces mêmes électeurs qui l’ont entendu recoupent ceux qui ne voient pas d’un mauvais œil la naissance d’un apartheid israélien.

Une étude publiée en octobre 2012 montre que «59% des personnes interrogées voudraient que les juifs soient prioritaires sur les Arabes dans l’accès aux emplois du service public. 49% souhaiteraient que l’Etat traite mieux les citoyens israéliens juifs que leurs compatriotes arabes. 42% ne veulent pas habiter dans le même immeuble que des Arabes et la même proportion refuse que ses enfants soient dans la même classe que des Arabes». 30% des sondés souhaitent même que les Arabes israéliens soient privés du droit de vote.

Ces tendances ne se sont pas «humainement» améliorées depuis octobre 2012. En renard politique qu’il est, Netanyahu le sait très bien. On ne fait pas quatre mandats à la tête de la primature israélienne en chantant «we are the children, we are the world». La politique israélo-palestinienne est complexe et violente dans toutes ses dimensions.

Cependant la stratégie politique de Nétanyahu, très cohérente depuis une trentaine d’années,  mène la politique israélienne vers un système d’apartheid officiel. Les débats et la loi sur «l’Etat juif» l’ont déjà montré l’an dernier.

 Israël espère-t-elle vivre et durer en officialisant l’apartheid pour ses citoyens arabes et pour les Palestiniens de Cisjordanie et ceux de Hamas qui eux refusent l’existence d’Israël ? La réponse actuelle d’Israël à cette question consiste à entraîner ses troupes à combattre dans … les tunnels.

 La récente déclaration de Netanyahu refusant «la création d’un Etat palestinien tant que je serai premier ministre» confirme la cohérence de son parcours politique.

Racisme, Etat juif, rejet de l’option «deux peuples, deux Etats»

Ambassadeur israélien aux Nations Unies en 1986, Netanyahu aimait parler «d’Arabes à qui on ne peut faire confiance» et «qui ne connaissent pas la démocratie». Mépris et racisme ne sont jamais très loin. Un jour, il rappellera que «sur les 300 millions d’Arabes, le seul demi-pour cent qui connaisse la démocratie vit en Israël».

C’est le même homme qui fera sa contribution intellectuelle et politique à la haine à l’encontre de Ytzhak Rabin en 1995 suite aux accords d’Oslo.

A près l’assassinat de Rabin, il prend la tête du Likoud et se fera élire contre Shimon Pérès en mars 1996 à la faveur d’une série d’attentats anti-israéliens à Jérusalem et à Tel Aviv en février et en mars de cette même année. Implacable logique:  Attentats anti-israéliens = poussée des sentiments anti-arabes= poussée de l’électorat vers la droite.

 C’est le même Benyamin Netanyahu qui poussera la loi sur l’Etat juif en 2012 et le même qui entre les 16 et 17 mars derniers dégainera un violent discours anti-palestinien et anti-arabe à l’intention de l’électorat juif israélien.

Si Haaretz et des groupes juifs libéraux s’inquiètent de la dérive apartheid de l’Etat d’Israël, c’est parce que cela va isoler Tel Aviv en plus du fait de cela soit immoral, venant d’un peuple, les juifs, qui ont connu les pires persécutions et discriminations depuis des siècles.

Dans un ouvrage publié au début de cette année par Suraya Dadoo et Firoz Osman intitulé «Why Israël? L’anatomie de l’apartheid israélien, une perspective sud-africaine», les deux chercheurs démontrent comment l’apartheid est en marche en Israël depuis plusieurs années.

Services publics et sociaux, sécurité urbaine et système scolaire, vivre dans un quartier juif de Tel Aviv ou de Jerusalem n’a rien à voir avec le fait de vivre dans un quartier arabe de Haïfa ou de Nazareth. Dans leur livre de 630 pages, Daddou et Osman recensent les parallèles entre la vie des Palestiniens en Cisjordanie ou en Israël et la vie des Noirs en Afrique du sud sous le régime blanc.

Dadoo et Osman notent que «si les Arabes d’Israël ont le droit de voter, dans tous les domaines de la vie quotidienne, la loi et la politique les discriminent».

En 2009, le journaliste Ben White avait publié «L’apartheid israélien: le guide du débutant» (en anglais) un ouvrage qui déjà signalait les tendances discriminatoires de l’organisation sociale israélienne. A l’époque, l’ouvrage semblait «excessif». Il se révèle prémonitoire.

Tel Aviv aujourd’hui comme Prétoria hier, traite des résistants politiques comme des criminels de droit commun. Comme l’avait écrit  l’historien et journaliste franco-israélien Ilan Halévi dès 1978, le malaise de la situation israélienne se situe dans le fait que fondamentalement «sous Israël, il y a la Palestine». Israël ne peut être sans Palestine.

Une chose est sûre pour l’instant: les déclarations belliqueuses et racistes de Benyamin Netanyahu envers les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza et envers les Arabes d’Israël donnent du grain à moudre à tous ceux qui affirment que l’on ne peut discuter avec les autorités de Tel Aviv aujourd’hui.

Déjà au lendemain de ces déclarations, la Maison Blanche avait «condamné un discours de division qui cherche à marginaliser les Arabes israéliens».

Cette prise de conscience d’une dérive vers l’apartheid, commence à prendre une autre allure. Dès le mois d’avril 2014, John Kerry avait condamné la politique d’apartheid israélienne. Il avait été critiqué sur le moment mais les mois suivants lui ont donné raison.

En ce mois de mars 2015, Washington n’exclut pas de réviser son soutien à Tel Aviv aux Nations Unies. Ce lundi 23 mars alors que s’ouvre une session du conseil des droits de l’homme à Genève, il n’est pas prévu que les Américains prennent la parole lors d’un débat qui traite de la situation des droits de l’homme en Israël et dans les Territoires occupés. Une première. Avec ou sans suite?

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