La Russie se prépare à une mauvaise année 2015

Le PIB va se contracter de 4%, les banques sont fragilisées et les compagnies aériennes étranglées par la chute du rouble.

La Russie se prépare à une mauvaise année 2015

Le 26 décembre 2014 à 14h02

Modifié le 26 décembre 2014 à 14h02

Le PIB va se contracter de 4%, les banques sont fragilisées et les compagnies aériennes étranglées par la chute du rouble.

L'économie russe pourrait subir une contraction de 4% de son produit intérieur brut et le déficit budgétaire atteindre 3% en 2015 à cause de la chute des cours du pétrole et du rouble, a estimé vendredi le ministre russe des Finances.

Anton Silouanov, cité par les agences russes, a prévenu que des coupes budgétaires seraient nécessaires, appelant à des réductions d'effectifs dans la Défense, secteur dans lequel Vladimir Poutine a décidé d'investir massivement.

Ces nouvelles prévisions sont basées sur un baril de brut à 60 dollars et un dollar à 51 roubles, a précisé le ministre. Dans cette situation, "nous voyons, avec une baisse de 4% (du PIB, ndlr), un déficit d'un peu plus de 3%", a-t-il déclaré.

Le dollar valait vendredi vers 12H00 GMT 54 rouble et le baril de Brent, à Londres, 60,37 dollars.

La Russie est frappée de plein fouet par la chute des cours du pétrole, qui représente avec le gaz la majorité de ses revenus budgétaires. Le phénomène a en outre accentué l'affaiblissement du rouble, déjà plombé par les sanctions économiques liées à la crise ukrainienne.

La dépréciation de la monnaie russe a pris une tournure dramatique les 15 et 16 décembre, le rouble subissant sa pire chute depuis le placement de la Russie en défaut de paiement en 1998 avant de se reprendre.

M. Silouanov a confirmé, comme l'avait déjà évoqué la presse, que le gouvernement comptait réduire de 10% les dépenses inscrites dans le budget.

Mais "cela ne sera pas suffisant pour équilibrer le budget", a-t-il prévenu. "Nous avons des propositions quant aux nouvelles mesures qui doivent être prises".

Le ministre a critiqué le niveau élevé des dépenses militaires dans le budget prévu actuellement (un tiers des dépenses).

"Je pense qu'il est indispensable de répartir ces dépenses au profit des infrastructures, de l'éducation, etc. Il est difficile de soutenir de telles dépenses militaires", a-t-il expliqué, avançant l'idée d'une réduction des effectifs dans les services de sécurité.

Pour enrayer la chute du rouble, la banque centrale a augmenté radicalement son taux d'intérêt (17% contre 10,5%) et cette hausse des coûts des crédits risque de frapper de plein fouet ménages et entreprises et de plomber l'activité économique.

Officiellement, le gouvernement prévoit pour l'instant une baisse de 0,8% du PIB l'année prochaine, après une croissance évaluée à 0,6% cette année. Mais la banque centrale a déjà prévenu que si les cours du pétrole restaient à leur niveau actuel, la contraction de l'économie russe dépasserait 4,5%.

Deux milliards d’euros pour sauver la 15e banque russe

Les autorités russes ont réévalué vendredi à deux milliards d'euros le coût du sauvetage de la banque Trust, témoignant de l'ampleur de l'hémorragie subie par le secteur financier russe à cause du plongeon historique du rouble.

Quatre jours après avoir annoncé en catastrophe la mise sous tutelle de l'établissement, la banque centrale russe a annoncé dans un communiqué avoir choisi un repreneur, le groupe financier Otkrytié, et précisé son plan d'assainissement.

Après avoir évoqué lundi un crédit de 30 milliards de roubles (480 millions d'euros), elle a réévalué l'aide financière à 99 milliards de roubles (1,6 milliard d'euros), sous la forme d'un crédit sur dix ans. Elle a également débloqué un crédit de 28 milliards de roubles (450 millions d'euros) sur six ans à son repreneur.

A ce niveau, il s'agit selon l'agence de presse Interfax du deuxième plus gros sauvetage bancaire de l'histoire de la Russie, après celui de la Banque de Moscou en 2011. Cette dernière, d'abord aidée par la mairie de la capitale, avait été reprise en 2011 par la deuxième banque russe VTB. Mais les trous dans son bilan comptable étaient tels que l'agence d'assurance des dépôts avait dû injecter 295 milliards de roubles (4,7 milliards d'euros).

Le coût du sauvetage de Trust, établissement connu pour ses publicités avec l'acteur américain Bruce Willis, témoigne de l'ampleur du choc causé par la chute du rouble sur un secteur bancaire jugé très vulnérable avec plus de 800 établissements, pour certains très fragiles.

Même ses maillons les plus solides ont reconnu avoir subi à la mi-décembre une véritable hémorragie des déposants, tout en assurant que le mouvement s'était depuis calmé.

Au plus fort de la crise, le géant public Sberbank a vu ses opérations d'achats de devises multipliées par cinq ou six par rapport à la normale et la fréquentation de ses distributeurs augmenter de 40%.

Le numéro deux, VTB, a évoqué une "panique" avec des retraits à un niveau "irrationnel" de la part d'une clientèle plutôt bien informée économiquement.

Dès la semaine dernière, les autorités ont annoncé des mesures de soutien pour assurer la stabilité financière, dont une recapitalisation du secteur à hauteur de 1.000 milliards de roubles (16 milliards d'euros).

Le secteur aérien est frappé de plein fouet par la chute du rouble

Des centaines d'avions cloués au sol, des milliers de voyageurs coincés pendant les fêtes: ce scénario catastrophe semble avoir été évité de justesse en Russie mais une cure de rigueur s'annonce pour les compagnies aériennes russes, étranglées par la chute du rouble.

Pendant que dans le monde entier, les transporteurs respirent face à la baisse des prix du pétrole, l'effondrement du rouble, conséquence d'une année de crise ukrainienne et de la baisse des cours du pétrole, représente une double peine pour les compagnies russes.

D'une part, la perte de pouvoir d'achats des ménages a entraîné un brusque repli du trafic sur les liaisons internationales (les plus rentables), dont les prix ont été relevés deux fois de plus de 10% en deux mois.

D'autre part, les coûts en devises étrangères - surtout la location des avions en leasing - ont quasiment doublé. Or, le secteur y est particulièrement exposé: selon la Deutsche Bank, si 90% des revenus de la première compagnie russe, Aeroflot, sont dégagés en roubles, 60% de ses dépenses sont effectuées en devises.

"La situation est extrêmement grave", résume Oleg Panteleïev, rédacteur en chef du site spécialisé AviaPort. "L'issue est évidente: puisqu'une baisse du trafic est inévitable, il faut rendre les avions aux loueurs, réduire les coûts en devises et diminuer le nombre d'avions et de vols", explique-t-il à l'AFP.

Or les compagnies russes, profitant d'un trafic en hausse de 15% à 20% par an ces dernières années, ont commandé en nombre Airbus et Boeing neufs pour renouveler une flotte vieillissante héritée de l'époque soviétique.

Depuis plusieurs semaines, les inquiétudes se concentraient sur la troisième compagnie russe, Utair. Incapable de rembourser certaines dettes, elle est poursuivie en justice par la banque Alfa, qui réclame la saisie de ses biens.

Soucieux de montrer qu'il s'active face à une crise aux conséquences douloureuses pour la population, le gouvernement a aussitôt promis son aide avec des subventions sur les lignes intérieures et des garanties publiques pour des prêts.

Dès mercredi, Transaero s'est vu officiellement attribuer une garantie à hauteur de 9 milliards de roubles (140 millions d'euros). Le même jour, la banque Alfa a annoncé suspendre "à la demande du gouvernement" jusqu'au 12 janvier ses poursuites contre Utair pour éviter des perturbations dans les vols.

Pour l'expert Oleg Panteleïev, la stratégie à court terme est simple: "les compagnies doivent transporter tous les passagers pendant les fêtes".

Mais à plus long terme, "obtenir un crédit est indispensable (...) pour payer le kérosène, les aéroports et verser les salaires, mais pas suffisant pour survivre", poursuit-il, d'autant que sur le plan économique l'année 2015 ne promet "aucune amélioration radicale".

Alexeï Khazbiev, spécialiste des infrastructures au magazine Expert, approuve: "L'année prochaine, le trafic sur les vols internationaux va continuer à diminuer et les compagnies vont réduire le nombre de leurs vols".

Selon lui, "la majorité" des compagnies vont subir des pertes, et certaines, au niveau régional, pourraient fermer, comme déjà en 2008-2009.

(Avec AFP)

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