Le développement des écoles privées dégrade la qualité de l'enseignement public selon une ONG américaine

The Global Initiative for the Economic, Social and Cultural Rights estime que le désengagement de l’école publique porte atteinte au droit à la scolarisation. L’enseignement privé se développe rapidement au Maroc et profite du faible contrôle de l’Etat.  

Le développement des écoles privées dégrade la qualité de l'enseignement public selon une ONG américaine

Le 24 septembre 2014 à 16h09

Modifié 24 septembre 2014 à 16h09

The Global Initiative for the Economic, Social and Cultural Rights estime que le désengagement de l’école publique porte atteinte au droit à la scolarisation. L’enseignement privé se développe rapidement au Maroc et profite du faible contrôle de l’Etat.  

Depuis l’introduction de la charte nationale de l’éducation en 2000, le secteur de l‘enseignement privé s’est rapidement développé, et le plan d’urgence 2009-2012 n’a fait que booster cette tendance.

Et pour cause : la scolarisation au niveau primaire a plus que triplé en moins de 15 ans, passant de 4% en 1999 à 14% en 2013. Suivant cette tendance, les projections indiquent qu’en 2020, 24% des étudiants marocains seront inscrits dans l’école privée. La même courbe permet d’avancer qu’en 2038, 97% des élèves le seront. Autre chiffre révélateur, entre 2000 et 2012, 99% des nouvelles places dans les écoles primaires ont été créées dans les écoles privées !

Le fossé entre les couches sociales continue de se creuser

Cette progression n’est pas sans conséquence. La démission de l’Etat du secteur de l’enseignement public, à travers notamment l’adoption de mesures incitatives en faveur du développement de l’école privée (les déductions fiscales, les exonérations de taxe foncière, le cadre légal flexible et les prêts à taux bas) a permis de créer un système à deux vitesses qui aggrave les inégalités.

A titre d’illustration, en termes d’apprentissage de la lecture entre les enfants de ménages riches en milieu urbain et les enfants des ménages pauvres en milieu rural, les inégalités déjà criantes en 2006, ont augmenté de 26% en 2011. Sur la même période, l’écart (qui était insignifiant en 2006) entre les enfants des ménages riches en milieux urbain et rural a augmenté de 340%.

Les écoles privées profitent du vide juridique

La question de la transparence des écoles privées, notamment en ce qui concerne les frais de scolarité, a aussi été pointée du doigt. En effet, « la tarification souffre d’un grand vide juridique. Un laisser-faire qui expose le secteur de l’éducation aux appétits de l’ultralibéralisme » analyse Mohamed Qnouch, président de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves, à l’occasion de la rencontre organisée à Rabat par l’ONG américaine The Global Initiative for the Economic, Social and Cultural Rights le 24 septembre.

Et d’ajouter : « le parent qui inscrit son enfant à l’école privée est doublement sanctionné, d’une part parce qu’il paye un service public dont il ne jouit pas, et d’autre part, parce qu’il supporte l’impôt. Une des solutions possibles serait que les frais de scolarité facturés par l’école privée soient déductibles de l’assiette de l’impôt à payer par le parent. »

Le Maroc prend un mauvais élève en exemple

Mais revenons au cœur du problème. Le mal du secteur de l’éducation réside dans la mauvaise orientation du gouvernement. « Le Maroc prend comme modèle des systèmes qui ont montré leurs limites. Le gouvernement marocain déclare vouloir marcher sur les pas du modèle d’éducation chilien… Sachez qu’au Chili, seul 10% des écoles sont des écoles publiques » a déclaré Khadija Yamlahi, membre de la Coalition marocaine pour l’éducation pour tous, également invitée au panel. Certes, au Maroc, on en est loin. Mais la volonté de l’exécutif est de ramener à 20% le nombre d’inscrits dans les écoles privées à l’horizon 2015.

Quelques issues de secours

Afin de remédier à ces dysfonctionnements, The Global Initiative-ESCR apporte une série de recommandations qu'elle adresse au gouvernement marocain. Selon l'ONG, il convient :

-d’établir un diagnostic sérieux qui reflète les impacts directs et indirects du développement de l’enseignement privé sur la jouissance du droit à l’éducation ;

-de procéder à une collecte régulière des données sur les frais de scolarité des écoles privées ;

-de recueillir les informations sur la diversité sociale des élèves qui fréquentent les écoles publiques et privées ;

-de prendre les mesures nécessaires à même d’éviter tout impact négatif, direct ou indirect, du secteur privé sur le droit à l’éducation pour tous.

A cela s’ajoute le travail d’inspection au niveau de l’académie. Cette mission ne peut être menée que si l’Etat met en place un dispositif efficace de lutte contre la corruption.

The Global Initiative-ESCR propose, par ailleurs, l’adoption d’une nouvelle grille de tarification dans les écoles privées, prenant en compte le revenu du ménage dont l’élève est issu, ou encore d’exiger aux écoles privées de prendre en charge un pourcentage d’étudiants issus de ménages à faible revenu.

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