Vingt-quatre heures après sa sortie, «Merci pour ce moment» s’est écoulé à 15.000 exemplaires et il est en passe de détrôner le plus gros best-seller des cinq dernières années, «Fifty Shades».

Les attaques virulentes de la journaliste politique Valérie Trierweiller contre François Hollande, son ex-compagnon, attirent autant les lecteurs en mal de sensationnalisme que les journaux de toute la presse internationale.

Un succès de librairie et des sites de vente

Ce phénomène de librairie n’épargne pas  les sites de vente en ligne comme Amazon France qui nous affirme que ce livre-polémique est en tête de ses ventes.

L’ouvrage vendu à 20 euros a été tiré à 200.000 exemplaires dont 120.000 pour les seules librairies. Nombre d’entre elles annoncent avoir vendu 200 exemplaires/heure et être en rupture de stock.

Des librairies parisiennes annoncent à notre rédaction avoir procédé à des nouvelles commandes de 300 à 400 ouvrages pour préparer «le rush» du week-end. Au regard des ventes déjà enregistrées, elles nous déclarent que malgré le gros tirage de départ, ce livre devrait connaître une réédition pour contenter l’appétit de tous les lecteurs intéressés.

Au Maroc, le livre n’est pas encore présent dans les étals des librairies qui nous annoncent toutes un délai de trois semaines avant qu’il ne soit disponible en rayon. Les lecteurs marocains pourront cependant le commander auprès du site Livre-moi qui assure qu’il sera livré dans les prochains jours.  Soulignons que comme souvent pour les succès de librairie, les plus débrouillards ne devraient avoir aucun mal à trouver la version PDF réservée à la presse.

Règlements de compte à Ok Corral

Dans ce livre, Valérie Trierweiler règle ses comptes avec François Hollande en se posant comme la victime des mensonges à répétition d’un «bourreau» qui l’a trompée, manipulée et au final répudiée.

L’ex-compagne le qualifie de «roi du double discours, de l’ambiguïté et du mensonge permanent capable de mener deux ou trois vies parallèles, et d’agir sur tous les fronts à la fois».

Elle insiste sur «l’inhumanité d’un homme narcissique plus épris de paillettes que de simplicité qui ne sait pas résister à un micro ou à une caméra pointée sur lui, en attente d’un bon mot».

Le président aurait des réflexes de riche «n’appréciant que les fraises gariguette et la viande de qualité» et cet homme de gauche n’aurait pas hésité à se moquer de ses origines modestes, qualifiant sa famille de «pas jojo».

L’engouement pour ce brulot est sans doute lié au déferlement de phrases assassines mais aussi à l’effet de première car jamais auparavant une première dame n’avait livré la vie privée d’un président de la république en pâture à l’opinion publique.

Un livre qui fait le bonheur de la presse mondiale

La presse nationale et régionale française ne s’y est pas trompée en multipliant les manchettes et en n’hésitant pas à consacrer dans ses éditions plusieurs pages pleines à ce livre.

Le Figaro écrit que le successeur de Jaurès n’hésite pas à railler les pauvres en les traitant de «sans dents» et en s’interrogeant sur le fait qu’il se permettre une telle anecdote alors qu’il est déjà abandonné par les urnes.

Libération avance qu’à l’image du «Casse’toi pov con» de Nicolas Sarkozy, l’expression gratifiant les pauvres de «sans dents» deviendra un marqueur du quinquennat de François Hollande.

Pour le Parisien: «Lui qui passait pour un homme sympathique, proche des gens, apparaît désormais comme un hypocrite à l'humour cynique et sa pique sur les sans-dents risque de faire des ravages».

D’autres éditorialistes, plus indulgents déclarent que les propos du président de la République pour peu qu’ils soient choquants ne méritaient pas d'être divulgués sous forme d'ultimes représailles.

La presse internationale n’a pas manqué non plus l’occasion de commenter le livre de l’ex-première dame. Les journaux Der Spiegel (allemand) et El Mundo (espagnol) parlent d’un livre-règlement de comptes avec François Hollande en résumant l’opus à «320 pages de jalousie et de vengeance».

En Angleterre, la presse s’en donne à cœur joie en titrant «Rotweiller réplique» et en évoquant avec délice les détails affligeants du livre qui constitue une «histoire faite de jalousie, de pouvoir et de désespoir qui revient hanter un président en difficulté».

Outre-Atlantique, le New York Times affiche que c’est «la première fois qu'un président en exercice est l'objet d'un livre sur sa vie privée» alors que leNew York Posta fait dans le sensationnalisme avec un titre annonçant que «l'ancienne petite amie du président dit tout».

Le seul titre à prendre ouvertement parti pour François Hollande, est le journal suisse Le Temps qui le décrit comme une «victime, lacérée par la  plume vengeresse de son ex-compagne».

La presse marocaine ne fait pas encore ses choux gras de cette histoire même si elle ne manque pas de relever le séisme politique pour un François Hollande déjà en très mauvaise posture politique.

Depuis le sommet de l'Otan, au Pays de Galles, François Hollande a évoqué aujourd’hui même le passage où l'ex-première dame évoque les "sans-dents" tels que nommerait le président les pauvres.

Il y a déclaré qu’il n'accepterait jamais que puisse être remis en cause l'engagement de toute sa vie et sa raison d’être à savoir d’être au service des plus pauvres.

Au final, le livre de Valérie Trierweiller est en même temps un journal intime vengeur et un témoignage inédit et révélateur sur la vie privée d’un président de la république très mal en point. Beaucoup trouveront la démarche de l’auteur mesquine, petite, en un mot misérable.