Opération tragique et violente à Sebta : 9 morts

Après la tentative par 350 à 450 ressortissants subsahariens de forcer le passage vers Sebta, le nouveau bilan fait état de 9 morts au large des côtes marocaines. Le comportement violent de la police espagnole est pointé du doigt par les rescapés.  

Opération tragique et violente à Sebta : 9 morts

Le 7 février 2014 à 11h22

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

Après la tentative par 350 à 450 ressortissants subsahariens de forcer le passage vers Sebta, le nouveau bilan fait état de 9 morts au large des côtes marocaines. Le comportement violent de la police espagnole est pointé du doigt par les rescapés.  

Vendredi matin, les recherches se poursuivaient. L’ampleur du groupe de candidats à l’émigration et le nombre de morts déjà recensés - 8 hommes et une femme - font de ce drame le plus grave de ces dernières années.

Le «film» du drame

Selon des témoignages recueillis par la presse, la tentative de forcer le passage du mur de béton et de barbelés haut de plus de 3 m et long de 8,2 km est intervenue un peu avant 7 heures du matin heure marocaine lorsqu’un groupe de près de 400 Subsahariens a été repéré descendant en groupe des collines de Fnideq. On estime à au moins un demi-millier le nombre de Subsahariens qui vivent dans la zone dans l’attente d’un passage à pied vers Sebta, ou en patera vers la côte espagnole.

Ces derniers jours, Médias 24 a pu constater près de Fnideq, du village de Benyounech, et du port de Tanger-Med le nombre important de Subsahariens en mauvais état physique et qui mendient en petits groupes au bord de la route côtière de Ksar Sghir, à proximité du port ou dans les rues de Fnideq.

Jeudi matin, une fois repérés par les systèmes de surveillance infra-rouges et thermiques installées à Sebta côté espagnol, la Guardia civil aurait averti les autorités marocaines qui ont déployé des forces auxiliaires et de gendarmerie devant l’entrée du passage Tarajal 2, celui réservé pour les passeurs de produits de contrebande. Entretemps, du côté espagnol ce même passage de Tarajal 2 était bloqué par les gardes civils espagnols.

Les Subsahariens visés par les tirs de balles en caoutchouc

Du côté des forces auxiliaires marocaines désormais déployées en permanence à Bab Sebta depuis l’an passé, celles-ci devant l’ampleur du groupe de Subsahariens, bloquent le passage mais sans utiliser la force. A ce moment-là, les Subsahariens se scindent en deux groupes, l’un se dirigeant par le passage normal réservé aux voitures et aux piétons vers Sebta, le second, se dirigeant vers la plage et le passage à Sebta par le bord de mer. Certains candidats tentent de passer par la plage, d’autres plongent à l’eau et se noient. C’est là que se produit le drame qui a fait 9 morts jusqu’à présent tandis que les recherches se poursuivent.

Selon un ressortissant camerounais Womsi Desire, qui s’exprime dans El Mundo, «la Guardia civil m’a tiré des balles en caoutchouc. (…) Il nous ont lancé des gaz lacrymogènes quand nous étions dans l’eau» précise-t-il. Le gouvernement local de Sebta a reconnu «l’usage de balles en caoutchouc en zone terrestre, mais pas en mer».

Ce matin la presse espagnole regorge de témoignages sur les brutalités policières côté espagnol, obligeant Madrid à réagir ce matin et à démentir l’usage disproportionné de la force. 

Selon Ana Del Barrio d’El Mundo, «les témoignages des immigrants indiquent que le comportement de la Guardia civil est probablement l’un des facteurs à l’origine du drame».

Des violences de toutes parts

Selon des témoignages de policiers marocains et espagnols recueillis par El Pais, ils ne souviennent pas d’un «niveau de violence similaire de la part des Subsahariens» depuis plusieurs années. Des sources de presse indiquent que «cette opération est probablement la plus tragique et la plus violente de ces 5 dernières années». Le dernier drame de cette ampleur s’est produit en septembre 2009 lorsqu’une embarcation chavira au large de l’ilot Leila faisant 8 morts, en majorité des femmes.

Selon les autorités de Sebta «aucun Subsaharien n’a pu entrer». En septembre 2013, une tentative de forcer le passage par un groupe de Subsahariens avait réussi pour 91 d’entre eux. 

Depuis plusieurs mois, les autorités espagnoles sont l’objet de critiques pour avoir permis l’installation de lames coupantes sur les barbelés du mur de séparation entre Melilia et Béni Ansar, tandis que les expulsions de Subsahariens sans papiers vers le Maroc continuent de se produire à rythme régulier selon des ONG qui ont filmé et mis en ligne les images que l'on peut voir sur le site d'Elpais.     

De Varsovie où il se trouvait en visite officielle hier, le ministre espagnol de l’Intérieur Jorge Fernandez Diaz a attribué l’augmentation de la pression sur Sebta et Melilia « à la fermeture des accès à l’Espagne par la voie maritime». De Pologne, sur les écrans de la RTVE, il a salué la collaboration des autorités marocaines dans la lutte contre l’émigration illégale, «qui est extraordinaire, quoiqu’elle n’empêche pas que se produisent des situations comme celles vécues» ce jeudi 6 février 2013.

Sur les colonnes du quotidien ABC ce matin, le maire de Sebta Juan Vivas estime que «1.000 Subsahariens sont en attente du côté marocain pour passer à Sebta.» 

Dans l’enclave espagnole, le Ceti (Centre de d’accueil et de transit des immigrants), d’une capacité de 512 places, abrite actuellement plus de 600 jeunes candidats à l’émigration clandestine.

 

 

 

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