Lutte anti-terroriste: les clés de la dé-radicalisation
Selon des sources officielles, le Maroc a démantelé le 25 décembre 2013 tout un réseau terroriste organisé sur plusieurs villes du Royaume. Sans distiller de détails, l’information révèle l’inquiétude des pays arabes vis-à-vis du terrorisme et l’importance d’une action de contre-terrorisme.
Lutte anti-terroriste: les clés de la dé-radicalisation
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Najat Sghyar
Le 2 janvier 2014 à 15h28
Modifié 11 avril 2021 à 2h35Selon des sources officielles, le Maroc a démantelé le 25 décembre 2013 tout un réseau terroriste organisé sur plusieurs villes du Royaume. Sans distiller de détails, l’information révèle l’inquiétude des pays arabes vis-à-vis du terrorisme et l’importance d’une action de contre-terrorisme.
Deux spécialistes de la question se sont penchés sur les facteurs et le processus de déradicalisation.
Après avoir évoqué le processus de radicalisation, Médias 24 revient sur le processus inverse, celui de la dé-radicalisation. Selon le Pr. Hamed El Saïd de l’université de Manchester, la lutte anti-terroriste dépend de certaines conditions sociopolitiques déterminées. Se basant sur huit pays arabes confrontés aux organisations terroristes, il explique dans une étude parue début décembre qu’un consensus national est indispensable au succès des programmes contre-terroristes. «L’absence de soutien politique et populaire en Jordanie a privé les efforts fournis par le pays de l’assise sociale nécessaire à la réussite de la lutte anti-terroriste, à la différence de l’Arabie Saoudite. Au Yemen, le soutien préalable n’a pas non plus été fourni, contrairement à l’Algérie où le consensus social est resté fort».
Dans un deuxième temps, le Pr El Said considère que le leadership et l’engagement national sont d’autant plus essentiels qu’ils renforcent la confiance des gouvernements dans leur propre réussite. Le rôle de la société civile est également primordial, en ce sens qu’elle apporte de nouvelles idées et renforce les actions de l’Etat grâce à un militantisme communautaire et associatif.
«Le dialogue religieux ne peut à lui seul éliminer la violence extrémiste», ajoute-t-il. En effet, il considère que les programmes religieux de lutte anti-terroriste ne doivent pas ignorer les facteurs socioéconomiques et politiques qui contribuent à la radicalisation. Ni l’approche sécuritaire seule.
Le dernier facteur relevé par le professeur est celui de la conscience culturelle, c’est-à-dire que les programmes de dé-radicalisation doivent prendre en compte les particularités culturelles du pays, notamment «ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas dans chaque pays». Au Maroc, des discussions ont été lancées avec des groupes jihadistes et parfois couronnées de succès. Les salafistes jihadistes relâchés, au nombre de 196, ont réalisé des révisions idéologiques. Si l’on en croit la communication publique et les pages Facebook de leurs principaux leaders relâchés (Fiaziz, Hadouchi, Kettani, Abou Hafs), cette révision est sincère. Par révision, nous entendons ici le rejet de la violence.
Pour autant, Hamed El Said tient à rappeler que chaque pays a une approche différente de la dé-radicalisation: «Des pays comme le Maroc ou le Bangladesh, par exemple, se concentrent sur la prévention de la radicalisation alors que l’Arabie Saoudite et le Yémen travaillent sur la réhabilitation et le conseil des personnes déjà radicalisées». L’Arabie Saoudite a mis en place de vastes programmes officiels tandis que d’autres pays travaillent au cas par cas.
Le Dr. Alex Shmid, du centre international de lutte contre le terrorisme à La Haye, a également consacré une étude à la question de la dé-radicalisation. Il revient sur les programmes nationaux de dé-radicalisation. Il en distingue deux sortes: les programmes individuels et idéologiques, qui œuvrent sur le conseil psychologique et religieux pour produire un changement de pensée, et les programmes collectifs qui utilisent la négociation politique pour obtenir un certain changement comportemental.
Sur 34 pays étudiés, Alex Shmid a dégagé neuf types de programmes nationaux: les programmes pénitentiaires, l’éducation, la promotion de l’alliance entre les civilisations et du dialogue interculturel, la réduction des inégalités socioéconomiques, les programmes globaux de contre-radicalisation, les réformes légales, le développement et la dissémination d’informations, la création et la mise en œuvre d’agences de contre-radicalisation et enfin le rôle essentiel d’internet.
Quant à l’effectivité de ce genre de programmes, le Dr. Shmid évoque un rapport du centre international pour la paix paru en mai 2011 et basé sur huit pays musulmans. Il en tire plusieurs enseignements: le rôle de la famille, la crédibilité de l’interlocuteur et le traitement des prisonniers sont déterminants dans la réussite de ce type de programmes.
Le processus de dé-radicalisation lui, suit un cycle régulier, qui commence avec le rejet de l’idéologie rigide, puis celui de la violence, ensuite le radicalisé procède à un remplacement idéologique avec des objectifs non violents, pour finir avec une motivation personnelle de dé-radicalisation.
S’en suit ce que le Dr. Shmid appelle le désengagement qui résulte de plusieurs facteurs dont la croyance en l’échec inévitable de la violence, la désillusion par rapport à l’idéologie et l’organisation et enfin l’éloignement du groupe. Mais le spécialiste insiste sur l’importance des facteurs de protection pour clore le processus de radicalisation: qu’il vienne de la famille et/ou de l’opinion publique, ce soutien est indispensable pour renverser l’aliénation sociale et changer définitivement le point de vue des radicalisés sur la violence envers autrui.
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