Jusqu’à présent, selon les observateurs de la société chinoise, la politique de l’enfant unique était appliquée de manière stricte en milieu urbain, mais de manière plus souple en milieu rural.

Dans les régions peuplées de minorités ethniques, les couples pouvaient avoir deux enfants et les familles de paysans dont le premier enfant était une fille avait également droit à un deuxième enfant.

Cette politique était en vigueur depuis 1979. A l’époque, avec déjà une population de 700 millions d’habitants et une économie peu productive, le principal souci de Pékin était de limiter les dépenses en logement, santé, éducation et infrastructures pour un pays pauvre et à la population nombreuse.

L’annonce du 16 novembre fait partie d’un ensemble de 60 mesures visant à élargir le champ des libertés individuelles et à poursuivre la libéralisation de l’activité économique. Le nouveau président Xi Ping en poste depuis mars 2013 est plutôt réputé pour poursuivre une politique de libéralisation économique et sociale.

Estimée à 1,340 milliard d’habitants au terme du recensement de 2010, la population chinoise devrait croitre à un rythme plus soutenu au cours des prochaines années. La population chinoise est aujourd’hui estimée à 1,4 milliard sur un chiffre mondial de 7 milliards.

Au terme de la réunion du comité central du Parti communiste chinois qui s’est achevée ce week-end, Xi Ping a insisté sur la nécessité «d’avoir le courage et la conviction de nous renouveler», soulignant sa détermination à prendre des décisions audacieuses.

Selon le New York Times, les objectifs stratégiques de Pékin pour les prochaines années sont «de rendre l’économie chinoise plus réactive aux forces du marché et de donner au peuple plus de libertés sociales et économiques tout en renforçant le rôle du parti unique».

Parmi les autres raisons ayant entrainé la modification de la politique de l’enfant unique, figure donc la promotion de la liberté de choix pour les couples, le vieillissement de la population et la nécessité de promouvoir la consommation intérieure afin de contrebalancer l’importance et la légère baisse du poids des exportations dans l’économie. Il ne fallait pas que «la Chine devienne vieille avant de devenir riche», selon une expression chinoise rapportée par l’ancien correspondant de Libération à Beijing Pierre Haski.

Atout démographique

Sur un plan politique international, l’assouplissement de la politique de l’enfant unique signifie de la part de Pékin la volonté de poursuivre la consolidation de la place du pays sur la scène internationale notamment en termes démographiques.

Selon des études concordantes publiées en 2011 et 2012, la Chine, l’Inde et le continent africain, ce que l’on appelle la Chindiafrique, doivent tous trois compter 1,5 milliards d’habitants, soit 4,5 milliards d’habitants sur un total de 9 milliards pour la planète.

En mettant fin cette semaine à la politique de l’enfant unique, Pékin signifie également qu’elle souhaite garder le leadership en termes de statistiques démographiques et ne pas être, demain, mise au même rang que l’Inde ou l’Afrique. La population indienne est aujourd’hui estimée à plus d’un milliard et aurait dû dépasser la population chinoise d’ici 2040.

La Chine aujourd’hui deuxième économie mondiale après les USA, et avant le Japon et l’Allemagne, est engagée dans d’importants investissements d’infrastructures et de programmes militaires notamment. 

Békin sait que sa croissance et sa puissance économique comme le montrent les défis qu’affrontent les économies allemande et japonaise, dépendent aussi de sa bonne santé démographique, c’est-à-dire une population qui consomme, qui ne soit pas trop âgée pour ne pas être trop improductive et une population assez jeune pour permettre renouvellement démographique et dynamisme économique et sociale.