L'Etat réinjecte 1 milliard de DH dans le système financier

S.N. | Le 7/4/2020 à 16:28

Excédentaire grâce aux dons au Fonds Covid-19, le Trésor a procédé au rachat de bons du Trésor auprès des investisseurs. Plusieurs objectifs : refinancer le marché sans création monétaire, réduire l’endettement de l’Etat, maintenir le marché des taux animé… Explications.

Vendredi 3 avril, la Direction du Trésor et des Finances Extérieures a annoncé qu’elle procédera, ce mardi, à une adjudication « à l’envers » pour racheter des bons du Trésor.

Il s’agit de bons émis entre 2005 et 2019, d’une durée résiduelle comprise entre 3 et 8 mois et dont l’encours initial s’élève à plus de 28 milliards de DH. L’Adjudication a été clôturée à 11h. Le montant du rachat s’élève à 1 milliard de DH.

Normalement, le Trésor sort chaque mardi emprunter de l’argent en émettant des bons. C’est donc inhabituel de le voir restituer de l’argent aux investisseurs, surtout dans ce contexte de finances publiques tendues, où l’Etat s’attend à une baisse des recettes couplée à une hausse des dépenses et s’apprête à sortir sur le marché international pour lever de l’argent.

La dernière opération remonte à décembre 2019

Contacté par Médias24, un haut responsable à la Direction du Trésor précise que ce n’est pas la première fois que l’Etat procède au rachat de bons du Trésor. La dernière fois c’était en décembre 2019 : près de 6 milliards de DH de titres avaient été rachetés.

Le responsable explique qu’en cette fin d’année 2019, le Trésor était excédentaire grâce à l’emprunt international de 1 milliard d’euros effectué un mois plus tôt ainsi qu’aux recettes des mécanismes de financement innovants (cession de 5 CHU à la CMR, notamment).

« Le Trésor devait donc optimiser sa trésorerie en utilisant l’excédent pour racheter des bons et ainsi réduire son endettement. En même temps, les opérations de financement innovants ont asséché les liquidités sur le marché et donc le Trésor devait restituer ces liquidités aux opérateurs », précise notre interlocuteur.

L’Etat se trouve dans la même situation aujourd’hui. Avec les dons au Fonds spécial pour la gestion des effets du Covid-19, le Trésor se retrouve excédentaire. Rien que les dons chiffrés rendus publics portent sur plus de 23 milliards de DH (hors contribution du budget).

Les liquidités bancaires asséchées

Une partie de cet argent servira donc momentanément à réduire l’endettement du Trésor qui, pour rappel, s’apprête à sortir sur le marché financier international pour emprunter en devises compte tenu de la baisse attendue des réserves de change.

En même temps, l’argent des dons constitue un manque à gagner pour le système bancaire qui, en plus, a fait face à des sorties massives de cash ces dernières semaines compte tenu de la panique liée au Coronavirus. « Au lieu que l’argent reste immobilisé chez nous, nous devions réinjecter une partie sur le marché pour que la machine continue à tourner », estime le responsable de la Direction du Trésor.

Pour lui, les banques, qui doivent également faire un effort en termes de report des échéances et d’octroi de nouveaux crédits, peuvent tout à fait se refinancer auprès de Bank Al-Maghrib, disposée à injecter toutes les liquidités nécessaires sur le marché. Mais cela constituerait une création monétaire.

« Il faut d’abord épuiser toutes les sources de liquidités disponibles avant de recourir à la création monétaire qui peut être source d’inflation. C’est pour cela que le Trésor, Bank Al Maghrib et les opérateurs du marché se concertent régulièrement », précise-t-il.

Le Trésor ne peut déserter le marché

Autre objectif, en utilisant ses excédents pour racheter des titres, le Trésor reviendra rapidement sur le marché intérieur de la dette pour se financer et permettra aux investisseurs d'utiliser cet argent pour souscrire de nouveaux aux bons du Trésor. « C’est une nécessité. Le Trésor ne peut se permettre de déserter le marché pendant des semaines », affirme la Direction du Trésor.

En effet, il faut toujours de nouvelles cotations des différentes maturités de bons du Trésor pour permettre au marché financier de fonctionner. Les gestionnaires d’OPCVM qui ont tout le temps des souscriptions et des rachats, les investisseurs institutionnels qui doivent placer leurs réserves…, tout l’écosystème a besoin d’une présence régulière du Trésor sur le marché et d’une courbe des taux actualisée pour qu’il continue à fonctionner normalement.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 29/4/2024 à 14:30

    Le retrait des banques françaises du Maroc renforcera la compétition sur le marché

    Le Crédit Agricole et la Société Générale se sont désengagés du Maroc, et leur retrait aura, à terme, un impact sur la concurrence au sein du marché. Cette dernière se renforcera avec l'arrivée dans l'actionnariat d'acteurs locaux, plus indépendants, agiles, réactifs et déterminés à gagner des parts de marché.
  • | Le 26/4/2024 à 15:26

    Dislog Group clôt l'acquisition de CMB Plastique auprès de Mutandis

    La transaction a été bouclée pour un total de 330 MDH. L'objectif, à terme, est de changer le positionnement de CMB Plastique. L'usine de préformes deviendra une entité qui vendra aux clients de Dislog Group, in situ, des bouteilles fabriquées avec leurs bouchons et étiquettes, leur permettant ainsi de variabiliser leurs coûts de production.
  • | Le 25/4/2024 à 15:04

    Maroc Telecom : des résultats au 1er trimestre conformes aux prévisions et des menaces persistantes

    Le groupe a affiché une légère hausse de ses revenus et une stagnation de sa profitabilité à fin mars. Ces résultats sont sans surprise. Le groupe, dans le sillage de la Coupe du monde 2030, devra fortement investir dans la 5G qui se fait encore attendre. La menace de l'amende est toujours présente, malgré l'appel de la décision judiciaire dans son litige avec Wana.
  • | Le 25/4/2024 à 10:01

    Maroc Telecom. Hausse des revenus au 1er trimestre, profitabilité stable

    Le groupe affiche une légère hausse de ses revenus à fin mars 2024, poussés par les filiales Moov. La profitabilité globale du groupe reste stable sur la période à 1.528 MDH. Les revenus au Maroc reculent de 1,3%, notamment du fait de la baisse du Mobile.
  • | Le 24/4/2024 à 14:10

    L'or à des niveaux historiques, Managem en profitera

    L'once d'or flirte désormais avec les 2.400 dollars. Du jamais vu. Cette hausse va à contre-courant de la situation macroéconomique actuelle. Factuellement, l'accélération de la hausse du cours ne trouve pas de raison fondamentale, excepté les inquiétudes géopolitiques au Proche-Orient. Managem, dont la moitié des revenus proviennent de l'or, devrait profiter de cette bonne dynamique des prix.
  • | Le 24/4/2024 à 9:03

    Bitcoin : hausse attendue d'ici la fin de l'année grâce au halving

    Historiquement, le halving tire le cours du bitcoin à la hausse. Cependant, cet effet n'est pas instantané. D'ailleurs, le cours du bitcoin n'a que peu évolué depuis le dernier halving en date du 20 avril. L'offre baissera de facto et les prix à moyen terme seront tirés à la hausse si le niveau de demande actuelle demeure soutenue par les ETF.