Depuis le début de l’année, Disway poursuit son ascension en bourse. Déjà très résilient en 2020, le groupe affichait une croissance de 29,51% alors que le MASI chutait de 7,27%. Cette année, le titre atteint un sommet historique et affiche une croissance en YTD de plus de 65% à 711,5 dirhams à la clôture de la séance du 29 octobre.

Source : medias24.com

Le groupe a bénéficié de plusieurs facteurs favorables. Notamment le besoin en équipements électroniques durant la période de confinement pour assurer le télétravail et l’éducation à distance. Cette année, le besoin se fait encore sentir et le groupe affiche des performances financières en progression.

Au premier semestre 2021, le groupe a affiché un chiffre d’affaires en hausse de 12% à 924 millions de dirhams, soutenu par la bonne croissance des ventes au Maroc et à l’international et à une bonne politique d’approvisionnement.

Mais le groupe évolue dans une industrie fortement perturbée à l’échelle globale par des ruptures de stocks et des difficultés d’approvisionnement suite à l’explosion de la demande mondiale. Comment évoluera la demande et les approvisionnements dans les prochains mois ? Quels sont les projets à venir pour ce groupe en croissance ?

Pour avoir plus de détails sur ses orientations stratégiques, LeBoursier s’est entretenu avec le président du directoire de Disway, Hakim Belmaachi.

Les perturbations d’approvisionnement continueront

En tant qu’acteur logistique, l’approvisionnement est un élément clé pour Disway. Avant même le début de la pandémie, le groupe et l’industrie en général étaient confrontés à des complications d’approvisionnement. « Cela provenait notamment de difficultés industrielles du plus grand fabricants de processeur au monde, Intel, qui fabrique 90% des processeurs présents dans les ordinateurs portables du monde entier » explique Hakim Belmaachi.

Désormais, les soucis sont d’autant plus intenses qu’une très forte demande au niveau mondial s’est manifestée à partir du troisième trimestre 2020. Mais le groupe a pu capitaliser sur cette difficulté et utiliser sa forte position de distributeur sur la région Afrique du Nord et de l’Ouest et sa capacité financière pour passer des commandes importantes auprès de ses fournisseurs. « Cela nous a permis de passer des commandes plus importantes que certains acteurs du secteur. Après, même si l’on est servi à 10% ou 20% de ces commandes, cela nous permet tout de même d’en passer 4 ou 5 fois plus que d’autres acteurs sur le marché » poursuit le président du directoire du groupe.

Cela a donc permis à Disway de faire face à des perturbations moindres que celles rencontrées par d’autres acteurs du secteur. « C’est d’ailleurs ce qui nous a permis de faire face à une très forte demande dès que le confinement s’est arrêté » explique Hakim Belmaachi. Et cette forte demande, qui perdure en 2021 ne s’arrêtera pas de sitôt selon lui.

La forte demande en produits informatiques se poursuivra

Cette forte demande provient d’un changement drastique opéré au niveau mondial dans le monde du travail. Le télétravail est là pour durer et le fonctionnement hybride devient de plus en plus d’actualité. « Nous pensions que la tendance allait s’essouffler et que cela se calmerait. Mais in fine, la demande a continué à prévaloir car les modes de travail ont changé et les périodes de reconfinement ont continué dans plusieurs pays. Il faut également souligner qu’au Maroc, nous sommes à un niveau d’équipement qui est moindre que par rapport à d’autres pays,» explique notre interlocuteur.

Pour l’an prochain, le trend sera probablement similaire et la demande continuera d’être forte. Notamment car les difficultés d’approvisionnement rencontrées ne permettent pas de la satisfaire totalement. « Malgré de bonnes performances du chiffre d’affaires de 12% au S1 2021, nous aurions pu faire beaucoup plus si nous avions eu accès à l’intégralité de nos commandes. Nous en avons reçu peu par rapport au niveau demandé, ce qui signifie que l’on a pas pu répondre favorablement à l’intégralité de la demande. Donc elle sera reportée sur les trimestres à venir » explique-t-il.

Ces complications d’approvisionnement n’ont cependant pas eu que des effets néfastes pour le distributeur.

Des hausses des coûts répercutés sur les prix de vente

Les pénuries mondiales en semi-conducteurs et en processeurs conjugués à la forte demande globale ont poussé à la hausse les prix d’achat. De plus, le coût des transports a également explosé. « Le prix des produits a été impacté doublement. Premièrement par la hausse des prix des composants que nous achetons chez tous les producteurs et l’explosion du coût du transport. Un conteneur que l’on payait à 3 000 dollars avant la crise est monté rapidement à 10 000 dollars. Aujourd’hui, nous sommes content quand nous arrivons à le payer 20 000 dollars. C’est un coût multiplié par 7 » détaille notre source.

Ces hausses ont été répercutées sur le prix de vente du matériel vendu. « Toute la chaine a été impactée. Mais cela démontre que le besoin d’équipement l’emporte. Cette digitalisation a été très accélérée. Beaucoup des entreprises qui mettaient ces projets en pause ou qui ne les priorisaient pas ont été forcés de se moderniser avec la crise concernant le cloud, la collaboration à distance etc… » explique Hakim Belmaachi.

En plus de cela, le groupe a pu effectuer une bonne rationalisation de ses charges sur le période. In fine, le groupe a vu sur le premier semestre de cette année un résultat d’exploitation augmenter de 36% à 85 millions de dirhams par rapport à la même période l’an dernier. Les bénéfices quant à eux ont bondi de 34% à 58 millions de dirhams sur la période.

Sur le plan boursier, le groupe affiche une bonne santé et des niveaux historiquement hauts atteints cette année.

La politique de distribution sera encore une fois généreuse

L’an dernier déjà, le groupe offrait l’un des rendements les plus alléchants de la place. « Le dividende que nous avons distribué l’an dernier donnait un rendement de près de 7,5%. Il est vrai que ce n’est pas commun pour une mid-cap sur le marché. Nous avons toujours eu comme politique d’avoir un dividende qui soit stable et qui augmente par pallier. Si l’on pense que l’on ne peut pas le soutenir le dividende, nous n’allons pas aller chercher des niveaux plus élevés » explique notre interlocuteur.

Cette année, les indicateurs semblent être au vert pour un dividende et un rendement intéressants. Si notre source est tenue à un devoir de réserve, il ne manque pas de souligner que Disway dispose d’une situation financière confortable. Comme mentionné dans ses résultats semestriels, « au 30 juin 2021, le total bilan consolidé ressort à 1.091 MDH contre 1.030 MDH en 2020. Le groupe Disway maintient sa solidité financière avec un financement global assuré à 100% par les fonds propres, grâce à une bonne maitrise du besoin en fonds de roulement ». Les facteurs semblent être réunis pour assurer cette année encore une politique de distribution généreuse.

Le groupe poursuit également ses investissements pour multiplier ses relais de croissance.

Une volonté de se positionner sur d’autres segments pour la distribution

Depuis plusieurs années, le groupe a entamé une diversification de ses activités. Il s’est notamment attaqué au domaine de la logistique. Désormais avec une plateforme de 20.000m² à saturation, le groupe s’est attaqué à un nouveau projet. « Nous avons aujourd’hui un investissement en cours où nous avons démarré la construction d’une autre plateforme près de Skhirat à l’embranchement des autoroutes de Casablanca et Rabat. C’est un axe stratégique pour servir à la fois la région du nord et toutes les périphéries de Rabat et Kénitra » explique-t-il. Cette activité vient combler un vide à cause d’une demande importante sur ce métier de logistique.

Le groupe s’était également lancé dans le secteur du photovoltaïque il y a trois ans. D’autres segments sont désormais envisagés dans le cadre de la diversification, mais pour des raisons de confidentialité, notre interlocuteur n’a pas souhaité en dire plus. « Nous voulions être il y a quelques années, le numéro un de la distribution IT, maintenant nous souhaitons devenir numéro un de la distribution. N’importe quel produit qui pourrait convenir à un modèle de distribution indirecte entre dans notre scope de compétences car nous avons les aptitudes pour développer cela » conclut le président du directoire.