Othmane Benmoussa

Enseignant-chercheur en Systems Thinking et directeur de l’Euromed Polytechnic School -Université Euromed de Fès

Innovation et gestion du temps : 4 manières de procéder

Le 24 janvier 2024 à 11h53

Modifié 24 janvier 2024 à 11h53

Le temps, vous pouvez le tuer, l’appeler, le servir, le sauvegarder ou le voler. Toutefois, selon David Schonthal, professeur de stratégie à la Kellogg School of Management, les entrepreneurs ne devraient pas le laisser filer. Une contrainte, une fois correctement maîtrisée, peut devenir l’une des forces les plus déterminantes derrière l’ingéniosité. Et aucune contrainte n’est plus puissante que le temps !

Il existe de nombreuses façons d’utiliser le temps avec succès. Décider d’accélérer ou de ralentir les processus, d’imposer des délais ou de réserver du temps de réflexion, l’essentiel est d’être conscient du temps dont on dispose et d’être réaliste quant à son allocation.

David Schonthal propose quatre façons d’exploiter le temps à son avantage depuis la génération d’idées à l’innovation.

  1. Repenser les sessions de brainstorming

La première étape de tout processus créatif, qu’est l’idéation, peut aussi être la plus douloureuse. Il suffit d’imaginer un instant cette construction d’images fictives de membres d’une équipe assis nonchalamment autour d’une table de réunion et semblant réfléchir, mais inventant en réalité de nouvelles façons de gribouiller dans les marges de leurs blocs-notes.

La meilleure manière de démarrer le processus de génération d’idées est peut-être de bousculer les choses.

Lorsque vous réfléchissez à des solutions plus créatives, une approche consiste à vous pousser à penser au-delà de vos limites normales. Une fois que l’on a heurté le mur de sa zone de confort, il est encore possible d’avoir beaucoup de très bonnes idées qui n’ont pas déjà été concrétisées. En ce sens, il pourrait être intéressant d’accorder à son équipe une période de temps très courte (pas plus de 10 à 15 minutes) pour obtenir autant d’idées que possible liées à une invite spécifique, puis de travailler à partir de ces extrants.

Lorsque l’on prend une ressource contrainte, cela oblige à faire plus avec moins, générant souvent des solutions créatives inattendues. Dans ce cadre, quand on limite le temps, le processus de génération s’emballe et les participants sont toujours étonnés de voir tout ce qu’ils peuvent proposer en trois ou quatre minutes. Il n’en faut pas plus pour faire émerger les idées.

Néanmoins, la meilleure utilisation du brainstorming reste de définir ex ante les grandes lignes d’un champ de réflexion à prospecter et non pas s’attendre à donner naissance sur place à l’idée "finale" d’un milliard de dollars.

Les gens se lancent généralement dans un brainstorming avec des objectifs et des attentes erronés et il n’est donc pas surprenant qu’ils soient déçus par les résultats obtenus.

  1. Se lancer pour apprendre

Une fois qu’une équipe a identifié un concept à suivre, il est tentant de passer beaucoup de temps à le préciser avant de le présenter aux autres. Ce n’est néanmoins pas la solution la plus efficace. Pourquoi ne pas lancer sur le marché quelque chose qui a été développée en une semaine et voir ce qui se passe ? On peut prendre la version minimale viable (Minimal Viable Product - MVP) et obtenir de vraies réactions de prospects.

Certains des premiers produits Twitter (X) et Airbnb n’étaient littéralement que des représentations grossières, mais il s’agissait de concepts suffisamment bons pour être présentés aux gens afin qu’ils puissent réagir. L’avantage est de ne pas se risquer à dépenser des montants importants en faisant une erreur que l’on aurait pu commettre beaucoup plus tôt pour moins d’argent.

Est-ce que des soins du visage non risqués, mais encore en test, inciteront les clients potentiels à se méfier ? Pas nécessairement, tant que l’on est franc sur le fait qu’on montre des produits bêta.

Les consommateurs sont effectivement devenus beaucoup plus à l’aise à l’idée de disposer de produits bien avant qu’ils ne soient totalement prêts. Le concept du "Lead User" d’Eric Von Hippel est hautement significatif à cet égard. Si l’on prend aussi l’exemple de Google, sans hésitation ils apposent quand c’est nécessaire le mot "bêta" au niveau de l’en-tête de leur page pour que l’on sache que l’on prend un risque en essayant quelque chose qui n’est pas encore mature.

  1. Itérer souvent et rapidement

Si on lance un article en version bêta, on accepte le fait que l’on doit itérer les étapes de prototypage, de test, d’analyse et d’amélioration du produit à l’image des principes gouvernant la roue de Deming dans la gestion de la qualité totale.

Souvent, les gens ne consacrent pas suffisamment de temps au processus itératif et supposent simplement que les choses se passeront bien. Ils considèrent l’itération comme une progression linéaire, mais la réalité est toute autre, empruntant une démarche tourbillonnaire.

Pour tenir compte de ces itérations nécessaires complètes passant de multiples fois par les mêmes étapes d’une approche d’innovation, il est recommandé de prendre en compte la durée requise des nombreux cycles d’itération, mais d’essayer de les parcourir le plus rapidement possible, particulièrement dans le cas des innovations dites incrémentales ou "inside the box", voire "around the box".

Initialement, il faut en général plusieurs semaines pour parcourir le premier cycle d’itérations. Le prochain cycle durera, quant à lui, moins longtemps et ainsi de suite jusqu’à la finalisation du produit. Il s’agit là d’une leçon cruciale étant donné la rapidité avec laquelle les choses évoluent actuellement en matière de développement de produits qui veut que les innovations soient plus rapides que jamais et que le temps qui leur est alloué continue de baisser irrémédiablement.

  1. Prendre le temps de réfléchir

Structurer le temps nécessaire à une innovation ne signifie pas toujours accélérer le processus. L’un des principes les plus importants d’une démarche d’innovation consiste à s’arrêter délibérément pour réfléchir à ce qui a été constaté, observé. Or, c’est une étape malheureusement souvent négligée du fait que, pour beaucoup d’organisations, il faut activer les choses quitte à les précipiter pour passer à une prochaine étape.

Il est naturel, voire attendu de se rendre compte au cours du processus de synthèse, caractéristique de toute approche d’innovation, que le problème que l’on souhaite résoudre avec un produit donné n’est peut-être pas tout à fait celui que votre extrant solutionne. Cela n’est peut-être pas une bonne nouvelle, mais il y a un avantage à cela : prendre le temps de réfléchir permet de rectifier le tir à moindre frais.

Les idées novatrices, inattendues nécessitent de la réflexion. Elles n’effleurent jamais en surface. Si elles sont superficielles, elles sont alors évidentes pour tout le monde et probablement pas si innovantes.

In fine, le modèle à 4 temps sus-décrit permet de dépasser les pièges liés à la créativité et transformer sûrement un besoin réel ou potentiel, un marché, une technologie et des solutions réalisables en véritable innovation alliant les aspects techniques et perceptifs à la dimension économique.

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