Ahmed Faouzi

Ancien ambassadeur. Chercheur en relations internationales.

Pénuries d'eau et d'essence dans des pays pétroliers riches. Ici, manifestation au Venezuela. (AFP)

D’Alger à Caracas

Le 29 août 2021 à 11h36

Modifié 29 août 2021 à 11h40

De quelle malédiction sont-ils frappés ces pays pétroliers, riches en ressources énergiques, et dont les populations vivent dans la pauvreté absolue, en se levant chaque jour que Dieu fait, pour prendre leur place dans des files d’attente, soit pour remplir leur réservoir d’essence, obtenir du lait pour leurs enfants, ou chercher impatiemment un médicament pour une douleur ?

Des scènes de ce genre sont le lot des citoyens désespérés d’Alger et de Caracas qui le soir, reviennent chez eux, le cœur brisé et les mains vides, parce que les étals le sont aussi.

Face au désespoir de ses populations, l’Algérie comme le Venezuela préfèrent détourner leurs regards et servir seulement ceux qui sont au pouvoir. Quant au peuple, on lui offre en pâture les mêmes boucs émissaires habituels : Etats-Unis ou Colombie pour Caracas, France et Maroc pour Alger.

Ces tragédies dans des pays qui se disent révolutionnaires confirment les échecs constatés par la Chine et l’URSS d’autrefois qui, à temps, ont procédé au changement de leurs classes politiques, et abandonné l’idéologie communiste, pour se convertir aux règles du marché. Ce faisant, ils ont sauvé in extremis leurs sociétés. Alger comme Caracas, insistent à garder la même idéologie et les mêmes équipes, tout en espérant retrouver la croissance. Les équipes sont là et s’accrochent au pouvoir. Quant à la croissance, elle se fait toujours attendre.

Les politiques approximatives poursuivies par ces deux pays pour calmer leurs populations sont un mélange détonant de dépenses publiques massives et de nationalisations des entreprises les plus rentables. Ces intrusions gouvernementales intempestives dans les affaires économiques ont cassé l’appareil productif, et n’ont produit que pénuries, corruption et misère.

C’est donc la classe politique dans son ensemble qui est responsable de cet échec. Le gouvernement vénézuélien dirigé par Nicolas Maduro depuis 2013, et sa réélection contestée en 2018, s’accapare le pouvoir avec le soutien des militaires.

En Algérie, ce sont aussi les militaires qui mènent la danse en installant au pouvoir le président Abdelmadjid Tebboune en 2019 suite à des élections boudées par 70% de l’électorat. Les deux n’ont aucune légitimité politique. Ils ne sont là que par la volonté des militaires.

Le président Maduro a changé la constitution pour consolider son pouvoir et s’y maintenir après la mort de Hugo Chávez. Les militaires algériens ont, quant à eux, chassé Bouteflika et mis Tebboune à sa place, avant de tailler une constitution à leur mesure. En dépit de ces changements, les crises politiques créées dans les deux pays n’ont engendré que des crispations et de la frustration chez les deux peuples.

Dans les deux pays, l’inflation est galopante, la monnaie est dépréciée, et les prix sont incontrôlés. Seules les pénuries augmentent.  L’initiative privée qui crée la richesse et l’abondance est inhibée. Les expropriations et les nationalisations sont devenues les deux piliers du populisme. Ceci les a conduits à plus de dépenses et d’endettements.

Les augmentations des dépenses sociales financées par l’argent des contribuables, ou par l’endettement, sont détournées et ne bénéficient qu’à ceux qui sont proches du pouvoir, à commencer par les militaires. Elles sont généralement inefficaces, encouragent la corruption, et ne font que retarder les vraies solutions.

Toute la politique de ces deux régimes a comme but d’engraisser leurs partisans pour garantir leur obéissance, au détriment du reste de la population. Les images honteuses, dans ces deux pays riches en hydrocarbures, de files d’attente interminables devant les stations-service, cherchant des bouteilles d’oxygène pour leurs malades, ou face à des étals de supermarchés vides, sont incompréhensibles et choquantes. Elles suffisent à elles-mêmes pour démontrer l’échec total de leurs classes dirigeantes.

Pourtant, les deux pays font tout ce qu’ils peuvent pour limiter les ingérences étrangères dans leurs politiques économiques. L’inflation, comme le chômage et les pénuries, ils en sont responsables, puisqu’ils ne sont pas sous embargo. En raison de leurs politiques, les gouvernements vénézuélien comme algérien, ont volontairement condamné leurs peuples à la pauvreté malgré la richesse de leurs sous-sols. Ils portent cette responsabilité devant l’histoire.

En Occident, on ferme généralement les yeux sur ces abus, préférant tirer profit des contrats juteux et s’assurer d’avoir sa part du gaz et du pétrole. Les critiques, quand elles existent, sont timorées face à ces dictatures qui ont mené leurs pays à la faillite absolue. Malgré ces contrats lucratifs qui permettent aux deux régimes de se maintenir, Alger comme  Caracas accusent souvent l’Occident des malheurs qu’ils engendrent. Position de plus en plus intenable face à l’évidence.

Dans l’un comme dans l’autre pays, la crise est d’abord d’ordre politique et de légitimité. Une fois résolue cette question par leurs propres populations, l’économique suivra et coulera de source. Un principe simple doit être cependant retenu par les deux régimes. Ce qu’ils tentent d’appliquer actuellement au niveau économique chez eux n’est enseigné dans aucune école d’économie.

Le libre arbitre, l’initiative privée, et l’État de droit, permettent au marché de se réguler de lui-même, et produire des biens au profit de tous. L’État n’intervient que pour y mettre de l’ordre, mener une politique équitable pour favoriser la croissance et la justice sociale, au profit de tous. C’est le système le moins pire ou le plus convenable au vrai progrès. Ce sont là des principes élémentaires tout simples. Est-ce difficile à saisir et comprendre messieurs Tebboune et Maduro ?

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