Germanwings: Haltern am See, ville symbole de la tragédie

(AFP)

Le 1 avril 2015

La petite ville d'Haltern am See, dans l'ouest de l'Allemagne, est devenue le symbole d'un pays en deuil: "comme paralysée" depuis le crash de Germanwings, où 18 de ses lycéens et enseignants sont morts, elle se recueillait mercredi lors d'une cérémonie œcuménique dans son église.

En plein centre de la bourgade de 38.000 habitants, les drapeaux sont en berne, et une centaine de bougies brûlent devant l'église Saint-Sixte.

Depuis le 24 mars, jour du drame, des habitants y viennent, sans discontinuer, confier leur peine au livre de condoléances, posé à côté d'un Christ en bois.

"Paula, tu nous manques. Repose en paix", peut-on y lire. L'écriture est ronde et enfantine, bordée de coeurs.

Devant les portes, deux hauts-parleurs sont installés pour ceux qui devront rester dehors, faute de place, et braver le vent glacé.

Carsten Spohr, le patron de la Lufthansa, maison-mère de Germanwings, était attendu au côté du maire de la ville pour ce service oecuménique organisé l'après-midi.

A la gare, Eric Orban et Jakow Styeklov sont venus assister à la cérémonie.

Ces deux lycéens de 18 et 17 ans ont fait le trajet depuis Düsseldorf, à une heure de là. "Nous sommes venus pour porter le deuil et dire adieu", murmurent-ils d'une voie fluette.

Haltern am See a perdu 14 filles et deux garçons entre 15 et 16 ans, et leurs deux enseignantes du collège Joseph-König, partis en voyage scolaire près de Barcelone et tués lors du voyage de retour, quand l'avion s'est écrasé sur un flanc de montagne dans le sud des Alpes françaises.

Au total, la moitié des 150 victimes étaient allemandes.

Depuis, la ville lutte pour comprendre l'inimaginable: le copilote Andreas Lubitz, qui avait connu dans le passé au moins un épisode dépressif grave, a très vraisemblablement précipité l'appareil contre la montagne.

"En tant que chrétien, je ne peux pas lui pardonner pour le moment", lâche Markus Delitsch, 52 ans, en allumant une bougie.

Son fils fréquente le même établissement que les disparus d'Haltern. Depuis l'accident, les conversations se succèdent à la maison pour tenter d'apprivoiser le drame, confie M. Delitsch.

- "Jours les plus noirs depuis la guerre" -

"La ville est vraiment comme paralysée", explique à l'AFP Georg Bockey, un porte-parole de la mairie.

"Chacun connaît quelqu'un, qui connaît un proche des victimes", et l'acte du copilote a rendu les choses "encore plus dures à accepter", ajoute-t-il.

Depuis la catastrophe, la vie s'y est comme arrêtée: la mairie a suspendu ses rendez-vous, les clubs de sport ont reporté leurs matches, et une fête locale qui devait accueillir environ 1.000 personnes a été annulée.

La ville vit "ses jours les plus noirs depuis la Seconde Guerre mondiale", lorsqu'elle avait été lourdement détruite sous les bombardements, reprend M. Bockey.

Au milieu des bâtiments de briques rouges du centre-ville, la majorité des commerces arborent une affichette sur leur devanture, à la mémoire des victimes.

Malgré les vacances de Pâques, le collège-lycée est resté ouvert cette semaine, pour accueillir familles et élèves, encadrés par une cellule d'aide psychologique.

Devant les quatre marches de l'établissement scolaire, une mer de bougies, des couronnes et bouquets de fleurs, des portraits des jeunes disparus et des messages de solidarité.

"Nous ne vous oublierons jamais", promettent-ils.

La détresse et la colère sont également palpables. "Warum ? Pourquoi ? Porque ?" demande une plaque de bois peinte d'un rouge sang.

Le visage fermé, nombreux sont les habitants qui refusent de répondre aux questions des journalistes.

"Tous les habitants désirent que le calme revienne", pour panser leurs plaies, explique M. Bockey. En ce sens, la cérémonie de mercredi est un "point d'orgue important", selon lui.

Après cela, "nous devons encore inhumer les victimes", sans même savoir si l'état des corps, pulvérisés par l'impact, le permettra, poursuit-il. Selon lui, le deuil de la ville va durer "des années".

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Le 1 avril 2015

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