Le Bitcoin à 50.000 dollars, retour sur une épopée hors du commun

B.B | Le 16/2/2021 à 17:42

En un peu plus de 10 ans, le Bitcoin a connu un parcours hors norme. Le 16 février 2021, il a atteint le record de 50 000 dollars. Considéré en ses débuts comme une monnaie du darknet pour des achats illégaux, la cryptomonnaie s’est démocratisée au point de devenir une valeur refuge et un placement pour les institutionnels. 

 

Alors qu’il s’échangeait aux alentours de 9 000 dollars l’an dernier, le Bitcoin enchaine les records depuis le début de l’année 2021. Le 2 janvier, la cryptomonnaie la plus populaire du monde franchissait le seuil des 30 000 dollars, pour la première fois depuis sa création en 2009. Récemment, le cours du Bitcoin a été fortement poussé par l’intérêt des investisseurs institutionnels et celui de la société américaine Tesla, dirigée par Elon Musk.

Le 8 février, le groupe annonçait avoir investi 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin et allait accepter la crypto-monnaie en moyen de paiement pour l’achat de ses voitures. Le 11 février, c’était au tour de la Bank of New York Mellon (BNK) de déclarer avoir formé une nouvelle unité pour aider les clients à détenir, transférer et émettre des actifs numériques.

Ce 16 février 2021, le Bitcoin a franchi la barre symbolique des 50 000 dollars pour la première fois. Une fièvre mondiale qui laisse le Maroc déconnecté de cet actif financier. En 2017, l’office des changes interdisait l’utilisation de la crypto-monnaie dans le pays. De son côté, Bank Al Maghrib avait annoncé en novembre 2019 porter une attention aux StableCoins. Une monnaie virtuelle basée sur la technologie blockchain (comme le Bitcoin), qui bénéficie des mêmes avantages que le Bitcoin et les autres crypto-actifs, mais apporte une réponse au caractère volatile de ces derniers en liant leur valeur à des actifs réels.

Aujourd’hui, au Maroc, aucun investisseur professionnel n'utilise le Bitcoin comme instrument de placement ou de transaction. Seuls les particuliers le détiennent et l'échangent sur les plateforme et sites l’acceptant comme moyen de paiement. Mais dans le reste du monde, la monnaie virtuelle creuse son sillon depuis plusieurs années et semble plus que jamais faire sa place.

De l'anonymat au placement

Créée en 2009 après la crise financière de 2008, cette monnaie virtuelle visait à offrir un aspect indépendant et décentralisé. La monnaie n’est en effet adossée à aucun actif et n’est pas émise par les banques centrales. Estimée fin 2009 à 0,001 dollar pour 1 Bitcoin, cette cryptomonnaie a connu de nombreux remous à travers les années.

Contacté, un spécialiste de la blockchain, technologie de transmission d’informations sur laquelle est basée le Bitcoin, nous explique ce parcours atypique. « La première hausse a eu lieu en 2011 quand le Bitcoin a atteint quelques dizaines de dollars. Cela provenait d’une adoption de cette crypto-monnaie par quelques sites en tant que moyen de paiement sur le dark net (internet anonyme) pour des transactions illégales » explique-t-il. Longtemps perçue comme une monnaie utilisée pour des paiements illicites, son cours a fluctué entre 150 dollars et 700 dollars de 2013 à 2016.

C’est en 2017 que le cours de la crypto-monnaie a réellement flambé, passant de 800 dollars jusqu’à atteindre un pic frôlant les 20 000 dollars en une année avant de redescendre. Une hausse remarquée dans le monde entier et qui a également modifié un aspect fondamental dans son image. « La première véritable hausse notable du Bitcoin a eu lieu en 2017. Il a été boosté par une adoption plus large des particuliers et surtout les premiers regards portés par les institutionnels. Il y a notamment eu des banques comme JP Morgan et Goldman Sachs qui avaient commencé à investir dedans » explique notre source. Goldman Sachs avait en effet annoncé fin 2017 ouvrir un bureau de trading spécialisé dans le Bitcoin.

Mais la méfiance et la méconnaissance du potentiel de cette technologie encore récente n’a pas pu faire tenir cette hausse dans le temps. « A l’époque, cela était perçu comme une bulle. Le potentiel n’était pas cerné du tout. Le marché a donc paniqué et le cours est redescendu aux alentours des 3 000 dollars l’année d’après » explique notre interlocuteur.

Mais cette explosion du Bitcoin et les interrogations suscitées autour de la blockchain ont éveillé de plus en plus de monde au potentiel des cryptomonnaies. Dès 2014, l’état de New-York avait d’ailleurs développé la BitLicense qui décrit le cadre légal et le processus à suivre pour démarrer des activités commerciales basées sur les cryptomonnaies.

La crise a poussé les institutionnels vers le Bitcoin

Après une période de flottement, jusqu’en 2020, la crise de la covid-19 est venue booster le cours de la monnaie. Notamment à cause de la potentielle bulle monétaire en formation découlant des plans de relance dans les différents pays du monde.

Pour notre expert, « l’évolution du Bitcoin ces dernières semaines vient d’une réflexion sur la bulle monétaire actuelle. Il y a des trillions de dollars qui ont été injectés dans l’économie en Europe et aux Etats-Unis. Les institutionnels ont commencé à vouloir diversifier leurs investissements en misant sur le Bitcoin. Le bruit a retenti avec Tesla, mais il y a eu PayPal et d’autres Hedge Funds qui avaient emboité le pas avant, notamment BlackRock, le plus important au monde ». Il poursuit, « dans son investissement Tesla a indiqué à la SEC (Securities and Exchange Commission) que l’achat vient dans une logique de diversification des investissements du groupe. Une sorte de protection contre l’incertitude actuelle induite par la crise et la potentielle bulle monétaire ».

Paypal avait en effet annoncé en octobre 2020 que ces utilisateurs, soit 340 millions de comptes à travers le monde pourront utiliser le Bitcoin comme moyen de paiement. Une démocratisation de masse qui a lancé la folle course du cours.

Lire aussi : >>> Voici pourquoi la valeur du Bitcoin a explosé ces derniers mois

Notre source explique que « l’intérêt des institutionnels a été le driver principal de la hausse de la cryptomonnaie. Pour la simple raison que ces derniers disposent d’une force d’investissement qui leur permet de disposer de grands volumes de Bitcoin ». Ce qui pour certains leur permet de devenir des Bitcoin Whales. C’est-à-dire, les principaux détenteurs de réserves de Bitcoin, et donc de disposer d’une influence sur la fluctuation de la monnaie virtuelle. « La concentration des fonds est importante sur le Bitcoin. La minorité des comptes détient une large proportion des bitcoins. Cela confirme deux choses. Primo, il y a des acteurs qui ont un large volume de Bitcoin, mais également que des institutionnels disposent d’une majorité de Bitcoin. Cela veut dire qu’ils ont désormais le pouvoir d’agir sur la valeur et impacter le marché ».

Le site d’information britannique The Telegraph rapportait fin janvier « qu’environ 13% de tous les Bitcoins, soit environ 80 milliards de dollars, se trouvent dans un peu plus de 100 comptes seulement ».

Des perspectives haussières attendues sur cette nouvelle ‘valeur refuge’

Si la course est lancée, on peut penser que, comme pour les autres hausses historiques du Bitcoin, une forte baisse pourrait suivre. Pour notre expert, ce ne sera pas le cas cette fois. « Le trend vient de commencer et je pense qu’il va continuer. Nous avons vu que l’intérêt des institutionnels est très récent et d’autres rejoindront le scène. Le Bitcoin a également été très fortement médiatisé et donc les particuliers pourraient continuer de renforcer la tendance » explique-t-il. Et n'oublions que la quantité de Bitcoin dans le monde est limitée.

Désormais, étant donné le contexte économique globale et l’engouement des institutionnels, le Bitcoin a endossé la qualité d’actif refuge. « L’année 2021 sera clairement l’année du Bitcoin, mais de là à savoir quelle valeur il atteindra, c’est impossible de le dire. Ce qui est important c'est qu’il y a confirmation que ces cryptomonnaies sont désormais considérées comme un concurrent des assets classiques considérés comme ‘refuges’ tels que l’or ou l’immobilier » conclut-il.

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