A la tête de la Guinée-Conakry depuis décembre 2010, Alpha Condé remplace Idriss Déby président du Tchad. Né le 4 mars 1938, il est âgé de 79 ans.

Diplômé de Sciences Po Paris et docteur en droit, le président guinéen a longuement été actif au sein du mouvement démocratique de son pays et a enseigné à l’université de Paris I Sorbonne. Il est considéré comme l’un des artisans du multipartisme en Guinée.

Condé: diplômé de Sciences Po et docteur en droit

L’homme avait notamment été condamné à mort par contumace par le régime de Sékou Touré. En 1998, candidat à la présidence de la République, il sera kidnappé et emprisonné sans procès. Il a ensuite été détenu pendant plus de 20 mois avant qu’une cour spéciale ne le condamne à cinq années de prison.

Suite à un vaste mouvement de solidarité internationale, notamment africain, américain et européen, il sera par la suite libéré. La secrétaire d’Etat américaine, Madeleine Albright, et le président français, Jacques Chirac, étaient notamment intervenus en sa faveur.

Lundi 30 janvier, il était le seul candidat à la présidence de l’UA. Son mandat est d’une durée d’une année. La Guinée d’Alpha Condé et le Maroc entretiennent des relations étroites, notamment scellées par une visite de Mohammed VI en 2015 et la signature de nombreux accords de coopération. Les entreprises et les banques marocaines sont présentes en Guinée et de nombreux Guinéens poursuivent leurs études dans les établissements universitaires marocains.

Lors de ce 28e Sommet de l’UA, au cours duquel il a pris la présidence dès lundi et donc avant la fin de la réunion des chefs d’Etat, il a été l’homme qui a convaincu l’Afrique du Sud de respecter la règle de la majorité démocratique s’agissant de la réintégration du Maroc. Pretoria souhaitait avec le Zimbabwe et l’Algérie créer un comité pour "examiner" le contenu juridique du processus d’adhésion du Royaume.

Le Tchadien Mahamat à la commission

Diplomate chevronné à la tête de son ministère depuis plus de huit ans, Moussa Faki Mahamat est âgé de 56 ans. Réputé proche du président sortant de l’UA Idriss Déby, chef de l’Etat tchadien, Moussa Faki Mahamat a notamment occupé le poste de premier ministre entre 2003 et 2005. Son pays dispose d’une longue frontière avec la Libye et le Niger notamment. Le Soudan, le Cameroun et le Nigéria sont également des pays voisins. Le Tchad est confronté depuis plusieurs années à la baisse des prix du pétrole et de forts tensions sociales.

Pour son élection à la tête de la commission de l’UA, il a dû affronter quatre autres candidatures: Amina Mohamed Jibril, Abdoulaye Bathily, Agapito Mba Mokuy et Pelonomi Venson-Moitoi. C’est notamment grâce à l’appui de Pretoria et d’Alger que Mahamat a pu se défaire de la Kenyane Amina Mohamed Jibril et du Sénégalais A. Bathily. Le Tchad ne fait pas partie des 28 pays qui ont demandé la réintégration du Maroc lors du sommet de Kigali, en juillet dernier. Mais il ne fait pas non plus partie des adversaires du Royaume. Le Tchad fait partie des pays qui subissent des pressions incessantes de l'Algérie.

Parmi ses objectifs à la tête de la Commission, véritable bras exécutif de l’Union africaine, Mahamat souhaite "recentrer le travail de l’UA sur l’essentiel". Il a critiqué cette semaine sur RFI le fait que sur 1.800 décisions prises depuis 2002, moins de 200 ont été mises en œuvre.

Sur le retour du Maroc au sein de l’UA acté à Addis-Abeba cette semaine, il a indiqué qu’il était "pour bien entendu" car "le Maroc est un Etat africain, c’est une bonne décision".

Moussa Faki Mahamat a été élu pour un mandat d’une durée de quatre ans, renouvelable une fois. A son bureau à Addis-Abeba, il disposera d’une équipe de commissaires composée de 14 membres chacun en charge d’un département particulier. Il est redevable à Alger et à Pretoria pour son élection. Rabat aura donc fort à faire pour désamorcer ses partialités éventuelles.