Après la décision de Bank Al-Maghrib, les investisseurs anticipent un nouveau cycle d'assouplissement monétaire
Comme anticipé par le marché, le taux directeur de Bank Al-Maghrib (BAM) reste inchangé à 3% à la suite du dernier conseil de l’année.
La Banque centrale a revu légèrement à la baisse la croissance du PIB en 2023 à 2,7% au lieu de 2,9%, lors des dernières anticipations au conseil de septembre. Cependant, les prévisions de croissance pour 2024 demeurent stables à 3,2%.
Ce qu’attendait aussi le marché, c’étaient les prévisions d’inflation de la Banque centrale. À ce niveau-là, les données sont encourageantes. Dans un document diffusé ce mercredi matin 20 décembre, Attijari Global Research (AGR) réagit à la décision de la Banque centrale et note "qu’en marge des reflux des tensions inflationnistes au Maroc et à l’international à compter de 2023, BAM devrait se focaliser désormais sur les nouveaux défis économiques du Royaume. Il s’agit de soutenir l’investissement et la croissance, à l’image de la réhabilitation de la région du Sud à la suite du séisme et de la coorganisation de la Coupe du Monde en 2030".
Une projection baissière de l’inflation qui rassure
Cette matinée du 20 décembre, le HCP a dévoilé le tout dernier chiffre de l’inflation à fin novembre. Cette dernière s'est ralentie à 3,6% à fin novembre, contre 4,3% un mois auparavant.
Comme le disait le wali de BAM lors de la conférence de presse du 19 décembre, "la décision de 3% a été prise à l’unanimité. Je serai heureux demain [mercredi 20 décembre, ndlr] de voir quel est le chiffre d’inflation de novembre, car s'il baisse de façon sensible, cela voudra dire que le plus dur est derrière nous". Il semblerait bel et bien que le plus dur soit passé.
Ce statu quo, anticipé par le marché, rassure les investisseurs, notamment concernant les bonnes prévisions d’inflation. Comme le souligne AGR, "BAM révise pour la quatrième fois consécutive en 2023 ses prévisions d’inflation à moyen terme, soit des niveaux qui devraient converger vers l’objectif de stabilité des prix à 2%".
Le marché croit en un assouplissement monétaire en 2024
Factuellement, par rapport aux niveaux des taux directeurs internationaux, le Maroc a de la marge. La BCE et la FED ont rehaussé plus fortement leur taux durant les derniers mois, respectivement à 4,5% et 5,5%. La FED a d’ores et déjà annoncé son pivot monétaire pour l’an prochain. "Le consensus du marché table sur une baisse de 25 pbs du taux directeur de la FED en mars 2024", précise une source du marché.
Étant donné les conditions d’évolution de l’inflation et les projections économiques dévoilées, le scénario central d’AGR "prévoit une phase d’assouplissement monétaire en 2024, à l’instar des grandes banques centrales à l’international, et tenant compte des nouveaux enjeux du Royaume".
Par cela, il faut entendre, une fin de cycle monétaire restrictif, et non une baisse impérative du taux directeur. Cette fin de resserrement monétaire peut se caractériser par une injection soutenue de liquidité, malgré une augmentation notable du déficit de liquidité bancaire.
La société de recherche anticipe d’ailleurs un déficit de liquidité à 137,7 MMDH en 2024 contre près de 93 MMDH cette année. "En effet, et en dépit des prévisions record des réserves en devises à plus de 360 MMDH en 2024, la poursuite de la hausse de la circulation fiduciaire devrait continuer à pénaliser les besoins en liquidité. Après une progression importante de 10% en 2023, la monnaie en circulation devrait évoluer de 6,5% en 2024 et en 2025", note AGR.
Concernant le marché, notamment obligataire, ce dernier avait totalement anticipé le statu quo. Désormais, il s’attend à terme à une baisse des taux. D’après notre source du marché, "on l’observe avec un retrait assez notable des taux sur les maturités 2 et 5 ans sur les deux dernières semaines, traduisant une baisse d’exigence de rentabilité des investisseurs. Ces derniers réalisent qu’il n’y a pas de raison que la Banque centrale augmente son taux directeur. Elle pourrait même, éventuellement, aller vers un cycle accommodant pour soutenir un cycle d’investissement très important".
Fondamentalement, les signaux semblent au vert concernant les différents indicateurs. La monnaie nationale ne connaît pas de pression, et la baisse de l’inflation qui se poursuit va progressivement ramener les taux réels en territoire positif, avec des spreads bien plus rétrécis que ceux du début d’année. "Avant, les taux obligataires augmentaient avec l’inflation et, désormais, nous avons l’inverse. On va dire que les indicateurs sont au vert. Cependant, il ne faut pas s’emballer et faire un pivot rapidement. BAM a été précurseur en matière de statu quo et de stabilité. D’ailleurs, malgré la stabilité du taux directeur, l’inflation baisse. La transmission se poursuit, les prix des matières énergétiques baissent, la demande mondiale recule… Nous sommes plus rassurés vis-à-vis de l’inflation. Les investisseurs croient en un assouplissement monétaire en 2024", conclut notre source.
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