Noureddine Boutayeb succède à Tariq Sijilmassi au Crédit Agricole du Maroc

| Le 14/7/2022 à 12:42
En deux décennies, Tariq Sijilmassi a propulsé le Crédit Agricole du Maroc d'une banque en perte de vitesse à l'une des plus respectables de la place. Leader dans le monde rural, la banque joue désormais un rôle clé à l'échelle nationale dans le plan anti-sécheresse dont elle portera plus de la moitié du financement.

Changement de tête à la direction de l'une des plus importantes banques du Maroc - de par sa taille, ses enjeux économiques et surtout sociaux. Elle est le pilier des stratégies agricoles et du développement rural. En effet, la quasi-totalité des comptes bancaires en milieu rural sont des comptes Crédit Agricole du Maroc (CAM). Et c'est elle qui est au premier plan dans la lutte contre les effets de la sécheresse. Elle finance l'agriculture et l'agro-industrie. C'est la banque du petit fellah et de la grande exploitation. Elle a dans ce domaine une expertise unique, stratégique, reconnue. De plus, elle a réussi sa transition pour devenir une banque universelle.

Noureddine Boutayeb, que le Roi Mohammed VI a nommé président du directoire du Crédit Agricole le mercredi 13 juillet 2022, est réputé connaître le monde rural et faire preuve d'une grande sensibilité sociale. En tant que ministre délégué à l'Intérieur, il a eu à superviser les stratégies et programmes de l'INDH. Il est également président de la Fondation marocaine pour la promotion du préscolaire.

Ingénieur issu des grandes écoles parisiennes (Centrale, Ponts et Chaussées), il a effectué une grande partie de sa carrière au ministère de l'Intérieur, d'abord en tant que directeur des affaires rurales dès 2003, puis directeur général des collectivités locales à partir de 2006. Il a été par la suite secrétaire général du même ministère avant de devenir ministre délégué. Partout où il est passé, il a laissé derrière lui une réputation de dévouement, de rigueur et de professionnalisme.

Noureddine Boutayeb prend la tête d'une banque qui a été considérablement transformée, modernisée, et il aura à relever des challenges comme il les aime.

L'histoire récente du CAM est indissociable de la trajectoire de Tariq Sijilmassi. Il y est resté vingt ans en tant que directeur général puis président du directoire, de sorte que son départ - avec un bilan que des banquiers qualifient de brillant - n'est pas une surprise. Beaucoup se demandent quelle sera sa prochaine mission.

Arrivé en 2003 à la tête du CAM, Tariq Sijilmassi a accéléré la transformation de cette banque, pour en faire au final en l’une des banques les plus établies de la place et positionnée comme numéro un du monde rural. Il en a fait également une banque universelle, avec une importante part de marché, par exemple en crédits ou en dépôts (3e et 4e de la place).

Au milieu des années 90, le Crédit Agricole du Maroc était une institution à l'avenir incertain. Elle aurait pu connaître le sort de la BNDE. L'arrivée de Said Ibrahimi à l'époque, l'avait mise sur une trajectoire différente, grâce à la première stratégie de collecte des dépôts, passés de 5 MMDH à 17 MMDH en 6 ans; au rachat du réseau de la BMAO; une réforme institutionnelle et une profonde réorganisation avec notamment le premier système d'information moderne.

En 2002, le groupe CAM commençait à se redresser mais n'affichait qu'un produit net bancaire de 809 MDH et des fonds propres de 1,6 MMDH, en raison des pertes antérieures et des provisions.

En 2021, près de vingt ans plus tard, le groupe est entré dans une autre dimension. Il affichait l’an dernier (2021) un PNB de 4,3 MMDH, un résultat net consolidé de 387 MDH et présentait des fonds propres à hauteur de 12,2 MMDH.

Aujourd’hui, la banque joue un rôle stratégique dans l’économie nationale. Dans le plan anti-sécheresse annoncé en février dernier et doté d’une enveloppe de 10 MMDH, plus de la moitié (6 MMDH de financement) sera portée par le CAM pour venir en aide au monde rural en proie aux difficultés climatiques et à la mauvaise saison agricole. Le CAM assurera le financement des importations de céréales et celui du fellah pour assurer la sécurité alimentaire du bétail et de la population.

Tout en renforçant son soutien au monde rural, la banque a également réussi à se développer autour des grandes villes.

Un gain de part de marché dans le milieu urbain

Ce changement a été conduit par Tariq Sijilmassi et ses équipes qui ont pu maintenir l’ADN rural de la banque tout en la transformant en banque universelle devant respecter les mêmes ratios prudentiels que ses confrères.

Pour rappel, en 2021, le groupe a dépassé la barre des 100 MMDH d’épargne collectée et de crédits distribués. Elle a, au fil des années, progressé et gagné des parts de marché dans le milieu urbain où se situe la grande majorité de l’épargne. A noter qu’en 2002, les dépôts clientèle s’affichaient à 12,1 MMDH et les crédits distribués s’élevaient à 19,2 MMDH.

L’ancien dirigeant du CAM livrait à Médias24 dans une précédente interview au mois d’avril : « Nous progressons dans le milieu urbain de manière spectaculaire. De plus en plus, le CAM est perçu comme une banque comme les autres. Ce qui est justifié, puisque notre réseau d’agences en milieu urbain est plus gros que celui de plusieurs autres banques de la place. »

L’activité de la banque a également fortement progressé avec un PNB qui a franchi le seuil des 4 MMDH. Pour l’ancien dirigeant, cela provient des stratégies mises en place depuis vingt ans pour équilibrer les portefeuilles agricoles et non agricoles.

« En fait, après le passage du CNCA au Crédit Agricole du Maroc, nous avons réalisé un plan d’entreprise en 2004, intitulé CAP 2008. Dans ce plan, nous avons acté avec le conseil de surveillance une stratégie qui vise à doter le CAM d’un portefeuille d’activités qui serait composé à 50% d’activités vertes, agro-industrie et agriculture, et à 50% en péréquation avec des activités non vertes : la grande entreprise, les particuliers, les investissements de toute nature, industriels, immobiliers… », expliquait-il dans cette interview.

La banque dégage aujourd'hui des bénéfices avec une bonne part de marché en termes de crédits, ce qui la met dans l'obligation de renforcer ses fonds propres.

Elle devra poursuivre sur la même voie, tout en assumant son rôle de service public qui dépasse désormais la seule agriculture pour aller vers tout le monde rural.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 7/5/2024 à 16:12

    Souss-Massa : pour plus d’export et d’investissement, les industriels sont impatients d’avoir le port sec

    Lors de sa tournée des régions dans le Souss-Massa, Médias24 est allé à la rencontre de plusieurs investisseurs et représentants des entreprises privées pour établir l’état de la situation économique, les enjeux et les ambitions de la région. Le port sec est attendu de pied ferme par les investisseurs privés qui voient en lui une opportunité unique pour la région et son dynamisme.
  • | Le 6/5/2024 à 15:48

    Auto Hall : légère croissance du marché attendue cette année, bonne perspective sur les VUL

    En 2023, le groupe détenait 39,2% de part de marché sur le segment des véhicules utilitaires légers (VUL). Les ventes en volume de ce segment sont en forte hausse à fin avril. Le groupe devrait tirer profit de cette croissance. Le léger recul des taux débiteurs à la consommation au T4-23 et le portefeuille diversifié du groupe devraint lui assurer une bonne résilience. Auto Hall peut aussi compter sur le marché de l’occasion en croissance.
  • | Le 6/5/2024 à 15:04

    Mutandis : chiffre d’affaires stable à fin mars

    Le segment produit de la mer a connu une contre-performance du fait d’une forte baisse des volumes dans un contexte de manque de stock. Les revenus du segment boissons ont en revanche fortement progressé du fait de la bonne performance de l’eau minérale et des jus de fruits. La dette bancaire recule légèrement de 2,45% par rapport à fin décembre 2023.
  • | Le 3/5/2024 à 16:28

    BTP : une bonne tenue du secteur attendue cette année

    Anticipée comme bonne par les professionnels du BTP, l’année 2024 devrait confirmer un bon trend dans les mois à venir. Au premier trimestre déjà, l’encours des crédits bancaires au secteur du BTP bondissait de 16% à 96,6 MMDH. Les ventes de ciment à fin avril, elles, progressaient de 3,5% par rapport à l’année précédente.
  • | Le 3/5/2024 à 9:08

    Forte reprise de la consommation de ciment en avril

    Le mois d’avril a connu un sursaut de consommation de ciment. Depuis le début de l’année, les ventes de ciment ont progressé de 3,5% à 4,1 MT.
  • | Le 2/5/2024 à 15:20

    En mars, l'encours des crédits progresse de 69 MMDH sur 12 mois glissants

    L'encours global des crédits en mars a progressé de près de 19 MMDH d'un mois sur l'autre. Les créances en souffrance progressent de 4,8 MMDH sur une année glissante. L'encours des crédits bancaires concernant la branche d'activité du BTP a fortement progressé de 16% à 96,6 MMDH au premier trimestre. Une hausse notable qui provient de la hausse des mises en chantiers des grands projets d'infrastructures.