Marché obligataire : le Trésor est confortable mais reste vigilant
Le Trésor est dans une position confortable, d’après l’évolution récente de son besoin de financement auprès du marché.
D’ailleurs, la Direction du Trésor et des Finances Extérieures a annoncé dans un communiqué, mardi 6 avril, que le recours au marché des adjudications des valeurs du Trésor au titre du mois d’avril 2022, portera sur un montant se situant entre 5 et 5,5 milliards de dirhams.
Ce montant est en baisse en comparaison avec les besoins annoncés au titre des 3 premiers mois de cette année. Le besoin de financement annoncé s’est en effet situé entre 7,5 et 8 MMDH pour le mois de mars, entre 8 et 8,5 MMDH pour le mois de février, et entre 12,5 et 13 MMDH pour janvier.
Contacté par Leboursier, le directeur d’une salle des marchés de la place fait le point sur l’évolution du marché des bons du Trésor en cette période et explique la situation actuelle du Trésor.
Fin mars, les recettes de l'IS en "nette augmentation par rapport à 2021"
« La baisse du besoin de financement du Trésor est liée principalement aux recettes fiscales qui marquent cette période. Le Trésor a de l’excédent à placer sur le marché. C’est pour cela que pendant la première séance du mois qui a eu lieu le 29 mars le Trésor n’a pas levé d’argent. Et pour cette dernière séance, il a levé juste 500 millions de DH ».
Nous apprenons d'ailleurs de source sûre que les recettes de l'IS au 31 mars 2022, se sont situées en "nette augmentation par rapport au 31 mars 2021". Ceci vient s'ajouter au bon comportement de l'IR, de la TVA, et des recettes douanières.
Le Trésor est donc excédentaire en cette période. De plus, une poursuite de l’allègement des pressions sur les Finances publiques est anticipée, d’après les prévisions de BMCE Capital Global Research (BKGR) prévoit, dans son dernier point hebdomadaire ‘’Fixed Income weekly’’.
« Profitant du règlement de l’acompte de l’IS au terme du premier trimestre de l’année, les pressions sur les Finances Publiques devraient continuer de s’alléger sur la période à venir. Cette hypothèse est également confortée par l’absence de levées de l’Argentier du Royaume au cours de cette semaine combinée à la stabilité de la courbe primaire. Dans ce sillage, la détente sur cette dernière devrait, a priori, se poursuivre lors des prochaines adjudications », explique la société de recherche.
Le marché est en phase d’attentisme
Le marché a anticipé la baisse des besoins du Trésor puisqu’il s’agit d’un « événement annuel », comme le rappelle notre interlocuteur en soulignant qu’il y a eu « une exception en 2020 à cause de la crise du Covid qui a nécessité de forts besoins de financement ».
Ainsi, « le marché reste très attentif en cette période par rapport aux interventions du Trésor. Cela s’explique par les risques inflationnistes qui sont élevés. Le renchérissement des prix à la pompe et des biens de première nécessité est importants. L’évolution des prix de l’énergie a un impact direct sur la charge de compensation. Une hausse de cette charge est prévue sans toutefois avoir d’impact sur le déficit du Trésor d’ici la fin d’année », continue notre interlocuteur.
Et d’ajouter : « la question qui se pose en cette période concerne l’évolution future de la situation de la guerre en Ukraine. On ne sait pas s’il va y avoir un risque d’escalade ou pas. Si ce risque se confirme, cela va provoquer une implication d’autres pays. Ce manque de visibilité pourrait générer un maintien du risque d’inflation élevé. Automatiquement, cela devrait causer un risque de provisionnement en matières premières principalement le gaz et impacter ainsi la charge de compensation ».
Face au contexte actuel, la courbe des taux devrait se stabiliser, d’après notre interlocuteur. « La courbe des taux s’est légèrement appréciée en ce début d’année suite au manque drastique de la pluviométrie, ce qui avait automatiquement un impact sur la récolte céréalière. La hausse s’est maintenue après la déclaration de la guerre en Ukraine. La courbe connait en cette période une légère stabilité, en attendant d’avoir plus de visibilité ».
« Le Trésor est dans une situation confortable maintenant, mais il reste très attentif à l’évolution des prix des matières premières qui impactent directement la charge de compensation », conclut notre interlocuteur.
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