Sothema : Face à la crise, croissance externe et biotechnologies d’avenir

| Le 16/7/2020 à 17:43

Entre une conjoncture négative marquée par la crise sanitaire, admise à demi-mots, et des défis structurels à venir, Sothema se projette dans les enjeux pharmaceutiques de demain à travers la croissance internationale et les biotechnologies.

La crise du coronavirus a entraîné un ralentissement économique dans tous les secteurs, y compris celui du médicament. Sothema, une des deux sociétés pharmaceutiques cotées en bourse, a enregistré une hausse de son chiffre d’affaires de 24% au T1 2020 par rapport au T1 2019, imputée à une forte demande anticipée du marché face au covid-19.

Aujourd’hui, si aucun chiffre n’est encore disponible pour effectuer un état des lieux à la fin du second trimestre, la directrice générale de Sothema, Lamia Tazi nous confie d’ores et déjà : « tout ce que je peux dire, c’est que la crise du Coronavirus a aussi eu un impact négatif important sur la consommation du médicament au Maroc ». Laissant supposer que tout le secteur a été impacté et présager d’une chute potentielle des résultats au second trimestre 2020.

Les premières craintes concernant le milieu pharmaceutique, concernaient l'approvisionnement en matières premières suite à la crise du coronavirus qui a éclaté en Chine. En effet, le pays importe majoritairement les principes actifs et les excipients des médicaments des marchés chinois et indiens. Du côté de Sothema, la dirigeante rassure : « Sothema n’a pas réellement souffert de problèmes d’approvisionnement pour presque la totalité de ses médicaments. Nous avons réagi très rapidement, et ce, dès les premiers cas survenus dans le monde en constituant un stock de matières premières suffisant ».

Cependant, la société concède des perturbations d’approvisionnement et des pertes sur l’énoxaparine, « un anticoagulant vital pour le covid-19 également, utilisé en milieu hospitalier, qui a connu une rupture mondiale et dont le prix de la matière première a presque triplé. Chez Sothema, qui est le seul fabricant au Maroc, il a été nécessaire de maintenir la production locale de ce produit, malgré une marge négative » explique Lamia Tazi.

Poursuite des investissements en biothérapie et expansion régionale

Malgré les difficultés rencontrées et admises à demi-mots face à la crise du coronavirus, Sothema poursuit néanmoins des ambitions affichées et maintenues au niveau national comme ailleurs.

Sans s’épancher dans les détails, la nouvelle PDG nous apprend « que Sothema dispose d’une stratégie de développement ambitieuse nationale et internationale, impliquant plusieurs investissements dans les domaines pharmaceutiques de l’avenir ». Ces derniers concernent notamment les biotechnologiques dans laquelle la firme avait déjà investit 200 millions de dirhams et dont l’unité de production à Bouskoura a été inaugurée en janvier 2018. « Il est certain que les biothérapies et l’immunologie forment l’essentiel des projets futurs, notamment via l’élargissement des gammes disponibles », annonce Lamia Tazi au Boursier, tout en ajoutant que Sothema table également sur l’expansion régionale comme second levier pour sa croissance. Une dynamique amorcée par la firme avec l’ouverture de sa 9ème usine de production au Sénégal, en 2013, nommée West Afric Pharma qui vient compléter des usines marocaines fabricant notamment des antibiotiques, pénicillines, sérums pour perfusion, blocs stériles ou encore biosimilaires.

Alors que les exportations de la firme représentent 8% de son chiffre d’affaires (1,7 milliard de dirhams en 2019) et 10% de sa production, cette expansion vise la recherche de relais de croissance externe « afin de maintenir le trend qu’a connu Sothema et qui devient difficile à concrétiser au Maroc vu l’étroitesse du marché », nous explique la PDG. En effet, malgré les baisses de prix des médicaments décidées par le ministère de la santé, « la moyenne de consommation a stagné durant les 15 dernières années, ne dépassant pas 400 dirhams par habitant, et plusieurs études faites par des experts indépendants ont montré que la baisse de 2014 n’a pas eu d’impact signifiant sur cette consommation » poursuit Lamia Tazi.

Concernant le marché local et les contraintes réglementaires concernant les autorisations de mises sur le marché (AMM) et les bioéquivalences, Lamia Tazi, en sa qualité de secrétaire générale de l’Association Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique (AMIP) explique : « Les membres de l’AMIP souffrent aujourd’hui d’un certain nombre de problèmes que nous avons mis sur la table. Nous devons également discuter des derniers décrets mis en place, qui selon notre point de vue ne favorisent pas la fabrication locale et constituent une entrave au développement de cette industrie ».

Mais malgré ces difficultés structurelles à l’échelle nationale et la récente conjoncture engendrée par le coronavirus, la PDG du groupe nous confirme « que le groupe restera sur son trend d’investissement ».

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