Opérations financières: De nombreux émetteurs ne publient plus de prévisions dans leurs prospectus, voici pourquoi

Sara El Hanafi | Le 8/1/2020 à 19:07

De plus en plus d'émetteurs ne publient plus leurs prévisions chiffrées dans les prospectus qui accompagnent leurs opérations financières. La nouvelle réglementation les dispense de l'obligation de les publier. Détails.

Avec la dernière vague de publications par des émetteurs cotés et non cotés de prospectus relatifs à diverses opérations financières en fin d’année, d’aucuns ont constaté que ces émetteurs là sont de moins en moins nombreux à publier leurs prévisions financières pour les prochains exercices ou même pour l'exercice qui vient de s'écouler, et donc à offrir une visibilité aux investisseurs quant à leurs flux financiers futurs.

D’autant plus que dans plusieurs cas, il s’agit de grands groupes qui ne délivrent plus de prévisions financières dans leurs prospectus, et ce même à très court terme ; ce qui laisse le marché encore perplexe: Comment ces grands groupes ne disposent-ils pas de prévisions financières, ajustables à toutes les éventuelles fluctuations et événements non récurrents ? Et surtout, comment l’Autorité marocaine du marché des capitaux a-t-elle pu accorder son visa à des prospectus dénués de prévisions ?

Contactée par LeBoursier, une source professionnelle indique que la non-publication de ces prévisions est dûe à un changement dans la réglementation, en lien avec l’entrée en vigueur de la circulaire 03-19 relative aux opérations et aux informations financières.

"Auparavant, les émetteurs étaient tenus de renseigner les prévisions dans les prospectus. Mais dorénavant, avec l’entrée en vigueur de la circulaire 03-19, ce n’est plus une obligation mais une option", indique notre source.

Celle-ci explique que désormais, les émetteurs qui opteront pour la publication de prévisions doivent en assurer un suivi méticuleux, et expliquer les éventuels écarts entre celles-ci et les réalisations effectives.

"Ce changement a émané d’un benchmark international. Sur toutes les grandes places financières, les prévisions ne sont plus exigées mais sont devenues facultatives", affirme notre interlocuteur.

Il ajoute: "L’ancienne règle posait pas mal de problèmes, car les émetteurs n’arrivaient pas à faire des prévisions avec suffisamment de finesse, et se retrouvaient avec des décalages importants. Les investisseurs s'estimaient lésés par les informations qui leurs ont été communiquées".

Notre source explique également que la circulaire a introduit d'autres exigences, notamment en termes d'information extra-financière: "L'information dans les prospectus est à présent plus dense. Les parties les plus importantes à regarder à mon avis sont celles qui concernent les risques auxquels est confronté l'émetteur, le marché dans lequel il évolue, et la gouvernance, entre autres. Ce sont des éléments assez importants qui permettent d'appréhender une valeur de façon plus globale", explique-t-elle.

Notre interlocuteur rappelle par ailleurs que la nouvelle circulaire a fait l'objet de deux consultations publiques de la part de l'AMMC.

Notre source précise qu’in fine, il s’agit d’une relation entre l’émetteur et l’investisseur: "Si ce dernier considère que le prospectus du premier ne présente pas assez d’informations, à lui de faire son arbitrage en termes d’investissement dans la valeur ou pas", affirme-t-elle.

Managem répond

Le dernier prospectus publié sur le site de l'AMMC en 2019 a été celui de Managem, relatif à la mise à jour annuelle liée à son programme d'émission de billets de trésorerie.

L'AMMC a accordé son visa au dossier le 30 décembre 2019 et pourtant, Managem y affirmait ne pas disposer d'un atterrissage 2019 et qu'elle ne pouvait pas communiquer sur les chiffres de cet exercice.

Ce à quoi une source autorisée chez Managem répond: "Vu les délais de publication de la note d'information qui sont proches de la clôture annuelle, nous avons préféré attendre d'informer le marché sur les chiffres 2019 réalisés. Dans une conjoncture fluctuante des cours de certains métaux, ceci évitera d'éventuels réajustements desdits indicateurs sur une courte période et à la veille des publications trimestrielle et annuelle".

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