La Française des jeux s'introduit à la Bourse de Paris

| Le 21/11/2019 à 7:53

La cotation des actions de la Française des jeux à la Bourse de Paris commencera ce jeudi 21 novembre. Le gouvernement français a prévu, à cette occasion, des mesures spécifiques pour la souscription des actions afin de faire revenir les particuliers vers la bourse.

 

L'action Française des jeux (FDJ) fait jeudi ses premiers pas à la Bourse de Paris, introduite au prix de 19,90 euros et portée par le vif intérêt des petits et grands investisseurs pour cette privatisation qui rapportera 2,1 milliards d'euros à l'Etat français.

A l'issue de la période de souscription qui a débutée le 7 novembre et menée à grand renfort d'encouragements gouvernementaux, plus de 11 milliards d'euros d'actions ont été demandés, soit 1,6 milliard en provenance du grand public et 10 milliards de la part des institutionnels (fonds, entreprises, banques, assurances, etc).

Au total, "un demi-million de personnes" ont participé à la souscription, a précisé le ministre.

Et alors que la fourchette initiale de l'action était comprise entre 16,50 et 19,90 euros, son prix définitif a logiquement été arrêté au plus haut niveau possible, reflétant l'engouement des investisseurs.

Cette introduction boursière devrait ainsi valoriser le groupe Française des jeux dans son ensemble à "environ 3,7 milliards d'euros", a estimé l'entreprise.

Soucieux de relancer l'actionnariat populaire, le gouvernement français a, en effet, prévu des mesures spécifiques pour la souscription des actions de la FDJ.

Pour la première fois depuis 2005 et l'introduction en bourse d'EDF, une action gratuite sera ainsi accordée pour dix actions achetées par les petits épargnants. Par ailleurs, si ces actions sont conservées 18 mois, une décote de 2% sur le prix du titre sera appliquée.

La France est l'un des seuls pays, avec la Belgique, à proposer ce type de dispositif, alors qu'au Royaume-Uni par exemple, les particuliers ne peuvent acheter des titres que lors des premiers échanges en bourse, en concurrence directe avec les professionnels.

"La Française des jeux constitue une bonne accroche" pour faire revenir les particuliers vers la bourse, "car son activité est facile à comprendre et assez prévisible", ce qui est "important pour réamorcer le lien avec les épargnants", estime auprès de l'AFP Stéphane Boujnah, le directeur général et président du directoire d'Euronext, société privée qui gère plusieurs Bourses, dont celle de Paris.

Un diagnostic partagé par Jean-Pierre Pinatton, président du conseil de surveillance du courtier Oddo BHF, pour qui "dans une période où les revenus à taux fixes ne rapportent plus rien, le particulier a plus que jamais sa place en Bourse", en particulier avec "une entreprise, facile à comprendre, aux revenus sûrs et réguliers".

En fonction de l'évolution du titre en bourse dans les prochains jours ou prochaines semaines, l'Etat peut exercer jusqu'au 20 décembre son option de surallocation, c'est-à-dire la mise sur le marché de 11,35 millions d'actions supplémentaires, "pour un montant total d'environ 226 millions d’euros", selon l'APE.

Si cette surallocation est exercée entièrement, et une fois achevée l'allocation des titres réservés aux salariés, l'Etat ne détiendra plus in fine que 21,91% du capital de FDJ, a précisé le groupe.

Culte du Livret A 

Les crises financières ou les mauvais souvenirs laissés par les privatisations de France Telecom, (devenu Orange) et EDF, expliquent une bonne part de la défiance. Les cours d'EDF, entré en Bourse en novembre 2005 à 32 euros et de France Telecom, introduit en octobre 1997 à 27,75 euros, sont toujours très en dessous de ces niveaux.

"Les particuliers présents en bourse étaient quelque 9 millions dans les années 2000. Mais entre les krachs et la volatilité, les gens sont partis" et il n'en reste plus qu'un peu plus de 3 millions, évalue Charles-Henri d'Auvigny, président de la Fédération des Investisseurs Individuels et des Clubs (F2iC) qui compte 120.000 membres.

Le culte des Français pour le livret A et les contrats d'assurance-vie a aussi joué.

"Les Français ont un taux d'épargne plus élevé que la moyenne européenne (14,1% contre 12,5%)", mais ces économies sont essentiellement placées sur des livrets d'épargne et des assurances-vie, ou restent sur le compte en banque; elles ne sont donc que "faiblement, voire pas du tout rémunérées", analyse Florence Barjou, responsable de la gestion diversifiée chez Lyxor AM.

Pour M. Boujnah, patron des Bourses d'Amsterdam, Oslo, Bruxelles, Lisbonne, Dublin et Paris, trois éléments ont toutefois changé: "la fiscalité punitive a évolué, les taux d'intérêt se sont effondrés, celui qui veut un peu de rendement est donc obligé de regarder les actions, et avec la FdJ, nous avons une opération emblématique susceptible de capter l'intérêt des particuliers".

 Connaître les règles 

Mais si la Française des jeux fournit un moteur, peut-il relancer seul la machine?

Pour ranimer durablement la flamme, "il faut d'autres opérations susceptibles de capter l'intérêt des Français", et il faut "casser les réflexes naturels qui conduisent à conseiller des obligations ou des assurances-vie", remarque M. Boujnah.

"Il ne faut pas inciter les épargnants à investir sur une seule valeur", juge également le président de la F2iC, en rappelant un adage primordial en bourse: ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

L'ensemble des experts met en outre en avant un besoin de pédagogie.

"Si la bourse a mauvaise presse, c'est parce que les Français ont une connaissance des marchés qui n'est pas très poussée", note Mme Barjou.

Il y a un manque d'éducation, à l'école, au niveau des réseaux de distribution et des pouvoirs publics, relève également M. Pinatton.

"Quand les marchés montent, c'est l'euphorie, les gens reviennent vers les actions", développe-t-il, "quand les indices baissent, ils sont déçus, ils s'enfuient et ont l'impression que les dés sont pipés, mais le problème est qu'ils ne connaissent pas les règles, tout simplement parce que personne ne leur a expliqué".

(AFP)

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