Le patron de Grant Thornton International mise tout sur la transformation digitale

Sara El Hanafi | Le 20/6/2019 à 16:59

Peter Bodin, CEO de Grant Thornton International, estime que les entreprises naviguent dans un monde de plus en plus complexe. Il met en exergue le rôle de l'innovation pour aider les entreprises à réussir leur transformation.

Nommé à la tête du réseau Grant Thornton International début 2018, Peter Bodin connaît bien la compagnie. Il l'a intégré il y a 30 ans dont 16 passés  à la tête de Grant Thornton en Suède. Nous l'avons rencontré lors de sa visite à Casablanca pour parler de différents sujets.

-LeBoursier : Comment l’activité de Grant Thornton a-t-elle évolué ces dernières années à travers le monde ? Et comment votre groupe s’est-il adapté aux changements de la profession ?

- Peter Bodin : Nous sommes une organisation de 53.000 personnes réparties sur135 pays à travers le monde. Nous avons donc des bureaux pratiquement partout, et l’année dernière nous étions l’un des réseaux les plus dynamiques en termes de croissance, avec une progression de près de 10% de notre chiffre d’affaires.

Depuis que j’ai été nommé à la tête du réseau Grant Thornton International au début de l’année 2018, j’ai pu voyager dans plusieurs pays dans le monde et j’ai pu observer le changement qui se déroule aussi bien à l’extérieur de Grant Thornton qu’à l’intérieur. Le monde des affaires est témoin aujourd’hui de nouveaux challenges, et chaque industrie se transforme à sa propre manière. Cela affecte les entreprises avec lesquelles nous travaillons et nous les aidons à gérer cette transformation et à naviguer dans un monde qui devient de plus en plus complexe.

Mais il faut dire que toute cette transformation s’accompagne d’une bonne chose, qui est l’innovation au sein de Grant Thornton. Le challenge pour nous est de faire en sorte que tous nos clients en tirent profit.  Mais nous avons beaucoup de dynamisme à présent, et je suis ravi d’être dans cette position qui me permet de témoigner de tous ces changements intéressants.

-On entend souvent parler des Big 4 (KPMG, Ernst & Young, PWC et Deloitte), les quatre plus grands groupes exerçant la même activité que vous. N’aspirez-vous pas à être parmi ce groupe restreint ?

-Nous sommes différents, et donc nous n’aspirons pas à devenir l’un des Big 4. Nous jouons un rôle différent sur le marché, et j’aime bien lorsque les clients et les régulateurs évoquent cette différence par laquelle nous nous distinguons de nos confrères.

Nous avons notre propre marque différenciée, et nous avons notre propre culture de travail unique dont nos clients bénéficient.

- Quid de Grant Thornton au Maroc ? Comment se porte son activité et quelles sont vos aspirations pour cette branche?

- Je dois vous dire tout d’abord que c’est la première fois que je viens au Maroc et à Casablanca. Mais rien qu’à partir de cette première exploration je sens que c’est un environnement véritablement dynamique. Le Maroc bénéficie également de sa position stratégique en tant que hub traditionnel entre l’Europe et le reste de l’Afrique.

Le Maroc me paraît comme étant une économie très ouverte aux investissements étrangers, et certains secteurs de son économie sont très développés à l’international. Je pense que notre entreprise tire profit de sa présence dans le royaume, et je suis très heureux de savoir que nous célébrons cette année le 25ème anniversaire de notre présence au Maroc.

Nous sommes 150 personnes ici, nous avons deux bureaux, et je pense que nous faisons beaucoup de choses intéressantes, notamment dans les secteurs sur lesquels nous nous concentrons le plus comme les services financiers et le tourisme. J’ai encore beaucoup à apprendre sur le cabinet au Maroc mais jusque-là je suis assez impressionné.

-Pensez-vous que le Maroc a le potentiel pour devenir une économie émergente ? Et quels seraient vos conseils pour accélérer la croissance et le développement de l’économie marocaine ?

- Il y a deux choses que je conseille à n’importe quelle économie dans le monde aujourd’hui: être une économie de plus en plus ouverte, et profiter des avantages du changement technologique et de la transformation digitale.

Sur ce point-là, il faut se concentrer sur la construction des infrastructures technologiques. Les infrastructures classiques comme les aéroports ou les ports sont certainement importantes, mais les infrastructures technologiques comme les réseaux aident les entreprises à être plus performantes.

D’une autre part, les conditions de stabilité dans un pays sont très importantes pour les entreprises. Je pense que l’élément le plus menaçant pour un business est l’absence de stabilité.

-Vous semblez être un défenseur des économies ouvertes, que pensez-vous donc des tendances politiques populistes qui gagnent du terrain dans plusieurs pays à travers le monde ?

- Je pense que le leadership d’un pays doit promouvoir un monde ouvert et libre. Je crois en la mondialisation qui, il y a un trente ans, a apporté plusieurs bénéfices à différents pays aussi bien au niveau économique qu’au niveau social.

Le problème aujourd’hui est que cette mondialisation s’accompagne d’inégalités considérables, et c’est ce qui a favorisé la montée du populisme. Il faut donc réduire les inégalités et assurer un partage équitable des richesses.

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