Les opérateurs téléphoniques marocains se lanceront tous les trois dans l’aventure des établissements de paiement. L’activité représente un véritable gisement de croissance qui va sûrement contrebalancer la saturation que connaît le marché des télécoms.

«L’étude des dossiers d’agréments pour les trois principaux opérateurs téléphoniques est en cours et le comité des établissements de crédits, qui se réunira prochainement, décidera du sort des demandes à l’instar des autres acteurs récemment agréés», nous confie Asmaa Bennani, Directrice du département de la Surveillance des systèmes et moyens de paiement et Inclusion financière à Bank Al-Maghrib.

A travers la création de filiales (condition sine qua none pour l’obtention de l’agrément d’établissement de paiement), les opérateurs télécoms proposeront donc l’ouverture de comptes de paiement, et deviendront de réels acteurs du nouvel écosystème.

Ces comptes de paiement chez votre opérateur téléphonique permettront:

-les virements,

-les prélèvements,

-le paiement par carte bancaire

-ou justement à travers le paiement mobile.

Outre le dépôt (cash in) et le retrait d’espèces (cash out), le compte de paiement permet également la réception d’indemnités ou des salaires.

Que ce soit Inwi, Orange ou Maroc Telecom, les trois auront sûrement une longueur d’avance dans le recrutement des clients désirant d'ouvrir des comptes de paiement, avec un parc de clientèle préexistant de grande taille, ainsi qu’avec la facilité d’approche et de prospection que leur confère leur activité. Car chaque wallet (portefeuille), de n’importe quel établissement de paiement de place, devra correspondre à un numéro de téléphone mobile, et que chaque numéro pourra disposer de plusieurs wallets. Bank Al-Maghrib a en effet misé sur le taux de pénétration de la téléphonie mobile au Maroc (123% selon les dernières données disponibles) pour assurer une utilisation globale par tous. Il s'agira donc d'un pas décisif dans l'inclusion financière.

Les opérateurs téléphoniques constituent également une composante importante dans la définition des règles de place qui régiront, d'une autre part, le paiement mobile, un moyen de paiement dont tous les établissements de paiement pourront profiter: "Nous avons, avec l’ANRT et en collaboration avec les banques et les opérateurs télécoms, défini les règles de place régissant ce wallet [portefeuille détenu chez l'établissement de paiement, ndlr.] en tant que pré-requis pour la mise en œuvre effective de ce nouveau moyen de paiement interopérable et en temps réel".

Cette interopérabilité, qui permet à un utilisateur disposant d’un wallet chez l’établissement A, d'interagir avec un wallet de l’établissement B ou C; sera par ailleurs opérationnelle très prochainement : "Nous avons pris beaucoup de temps pour déterminer ses spécifications techniques", indique Mme. Bennani. Elle ajoute que le switch mobile, infrastructure qui permettra justement de router les informations d’un établissement A vers un établissement B, sera opérationnel dès la fin du mois d’avril prochain.

Rappelons que le paiement mobile permet de régler des achats avec son téléphone mobile. Il n’est même pas nécessaire d’avoir un smartphone, juste un appareil quel qu'il soit. Le mobile est adossé à un compte de paiement. Cela fonctionne en approchant le téléphone d'un terminal monétique compatible, ou en effectuant un transfert d’argent de mobile à mobile. Le mobile devient une sorte de porte-monnaie virtuel qu’il est possible de recharger.