Le pétrole grimpe, le Maroc susceptible d'être impacté

Abir Labied | Le 4/1/2018 à 13:25

Le prix du pétrole coté à New York et à Londres a terminé, mardi 26 décembre 2017, à un plus haut depuis deux ans et demi, notamment sous l'effet de l'explosion d'un oléoduc en Libye. Quel est l'impact sur l'économie marocaine? Détails.

Le Maroc subit de plein fouet la hausse des cours du pétrole

Cette flambée des prix du pétrole ne peut qu’impacter négativement le Maroc. En effet, La loi des finances 2018 est basée sur une hypothèse de 60 dollars pour le baril de pétrole, et donc toute augmentation dépassant ce niveau-là risque d’engendrer une situation critique pour l’économie marocaine se traduisant par un impact visible au niveau de tous les agrégats macroéconomiques du pays.

L’impact concernera en premier lieu les approvisionnements en produits énergétiques auprès de l’étranger.  Ainsi, la facture énergétique va peser de plus en plus lourd sur l’économie et fera augmenter le déficit commercial.

Notons qu’à fin novembre 2017, la facture énergétique a enregistré une progression de 28,6% par rapport à la même période un an auparavant, atteignant les 63,1 MMDH, selon l’Office des changes. Ainsi, sa part dans le total des importations gagne 2,7 points: 15,9% à fin novembre 2017 au lieu de 13,2% un an auparavant.

Cette hausse est imputable essentiellement, selon l’Office, à l’accroissement des approvisionnements en gas-oils et fuel-oils (+7,8 MMDH) qui s’explique davantage par l’effet prix (+23,4%: 4.483 DH/T contre 3.632 DH/T un an auparavant), que par l’effet quantités (+8,1%: 6.926mT contre 6.408mT).

Rappelons que les statistiques liées aux échanges commerciaux du mois de décembre 2017 ne sont toujours pas disponibles mais la situation nous laisse imaginer l’impact futur sur cette facture énergétique qui pèse déjà lourdement sur l’économie, bien avant cette flambée des prix du pétrole.

Par ailleurs, cette augmentation du cours pétrolier touchera principalement les secteurs de l’économie nationale dont la production est intensive en énergie.

De l’autre côté, les branches de la fabrication de machines, la fabrication de produits minéraux, la plasturgie et la chimie-parachimie seront également impactées par cette hausse.

S’agissant du consommateur, celui-ci verra son pouvoir d’achat impacté.

Comment se traduit la hausse des cours pétroliers?

Par ailleurs, il faut dire que ce 3 janvier, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février, référence américaine du brut, a pris 1,50 dollar pour clôturer à 59,97 dollars sur le New York Mercantile Exchange, après avoir franchi 60 dollars en séance pour la première fois depuis le 25 juin 2015.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a clôturé à 67,02 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,77 dollars par rapport à la clôture de vendredi et à un record depuis deux ans et demi, après avoir atteint un pic à 67,10 dollars en séance, une première depuis le 18 mai 2015.

Par ailleurs, Wall Street, soutenue par les prix du pétrole et le secteur technologique, a terminé également à des records mercredi 27 décembre 2017. En effet, l'indice S&P 500 a clôturé pour la première fois au-dessus du seuil des 2.700 points.

Selon les résultats définitifs à la clôture, l'indice élargi S&P 500 a avancé 0,64%, pour se situer à 2.713,06 points.

Du côté du Dow Jones Industrial Average, l'indice vedette de la Bourse de New York, a gagné 0,40% pour s'établir à 24.922,68 points.

"Le prix du pétrole se situe dans ce que j'appellerais une "fourchette douce", entre 45 et 65 dollars. Suffisamment bon marché pour rester peu coûteux pour les entreprises (hors du secteur pétrolier) et suffisamment élevé pour que les sociétés pétrolières puissent gagner de l'argent", a commenté Nate Thooft, de Manulife Asset Management.

Ces nouveaux records sont "la combinaison de plusieurs facteurs même si l'information du jour reste l'explosion en Libye", a indiqué Phil Flynn de Price Futures Group.

En effet, une explosion s'est produite mardi 26 décembre dernier sur un important oléoduc qui achemine le brut du Sud libyen vers un terminal du nord-est du pays, provoquant ainsi une baisse de la production de plus de 70.000 barils par jour, a annoncé la compagnie nationale de pétrole (NOC).

Notons que la Libye produit autour d'un million de barils par jour (b/j), mais la production est régulièrement perturbée par des actes de sabotage, ou par des mouvements de protestation pour réclamer des rémunérations ou encore pour des motivations politiques.

Cette explosion "augmente les craintes sur l'offre mondiale de pétrole sachant que l'oléoduc de Forties est toujours à l'arrêt en Europe", a expliqué M. Flynn.

 Froid aux Etats-Unis

Dans ce sens, Ineos, l'opérateur de l'oléoduc Forties en mer du Nord, qui achemine d'habitude plus de 400.000 barils de pétrole chaque jour mais qui est fermé depuis le début du mois, a publié un communiqué lundi, affirmant que "des tests" avaient lieu actuellement.

"Ils testent l'acheminement de petites quantités de pétrole et ils affirment que l'oléoduc reviendra à la normale au début janvier. Les investisseurs sont dans l'attente que l'offre soit rétablie" a affirmé Andy Lipow de Lipow Oil Associates.

"L'excès d'offre que nous connaissions il y a quelques mois n'est plus là et les investisseurs réalisent que le marché est plus resserré qu'avant", a analysé M. Flynn.

En outre, "le froid qui s'abat aux Etats-Unis et en Europe augmente fortement la demande de chauffage" et accélère la "demande exceptionnellement élevée" dans le monde, a ajouté le spécialiste.

Poursuite probable de la hausse des prix du pétrole

De plus, le cours du pétrole est susceptible de suivre cette tendance haussière à cause de la crise des pays du Golfe et des tensions élevées en Iran, importants producteurs du pétrole.

En effet, la crainte concernant l’Iran est que ce dernier augmente ses exportations en dépit des accords forgés au sein de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) pour diminuer la production et ainsi faire remonter les cours du pétrole.

Ce qu’il faut craindre, c’est que les États-Unis remettent en question l’accord sur le nucléaire Iranien et mettent en place les anciennes sanctions qui frappaient le pays.

En effet, l’OPEP, dont l’Iran est le troisième plus grand producteur, s’est associé depuis fin 2016 à dix autres producteurs, dont la Russie, pour limiter les extractions et ainsi écouler une partie des abondantes réserves mondiales.

Toutes ces craintes et incertitudes concernant la poursuite de la hausse des cours pétroliers ont tendance à influencer les marchés financiers partout dans le monde. 

(Avec AFP)

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