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Comptes nationaux 2023. La consommation absorbe 88,9% du revenu des ménages

L’économie marocaine a montré des signes contrastés en 2023. Si la croissance économique est solide, des défis persistent en termes de besoins de financement et de choix d’investissement. Les ménages, malgré une légère amélioration de leur pouvoir d’achat, consacrent l'essentiel de leur revenu à la consommation. Détails.

Comptes nationaux 2023. La consommation absorbe 88,9% du revenu des ménages

Le 10 décembre 2024 à 18h30

Modifié 10 décembre 2024 à 19h07

L’économie marocaine a montré des signes contrastés en 2023. Si la croissance économique est solide, des défis persistent en termes de besoins de financement et de choix d’investissement. Les ménages, malgré une légère amélioration de leur pouvoir d’achat, consacrent l'essentiel de leur revenu à la consommation. Détails.

Le produit intérieur brut (PIB) nominal, exprimé en prix courants, a atteint 1.463 MMDH en 2023, enregistrant une progression de 10% par rapport à 2022. Toutefois, la croissance réelle, également appelée croissance en volume, ajustée de l'effet de l'inflation – qui s'est établie à 3,4% en glissement annuel (décembre 2023 par rapport à décembre 2022) –, porte le PIB réel à 1.415 MMDH, soit une croissance réelle de 3,4%.

Cependant, ce chiffre global masque une réalité économique caractérisée par des déséquilibres entre les différents agents économiques. Le document relatif aux comptes nationaux des secteurs institutionnels pour 2023, publié par le haut-commissariat au Plan (HCP), met en évidence les dynamiques de consommation, d’épargne, d’investissement, ainsi que les capacités/besoins de financement. Cette analyse offre une grille de lecture précieuse pour mieux comprendre les forces et les vulnérabilités de l’économie nationale.

Voici l’analyse détaillée par agent économique :

Les ménages

Le revenu disponible brut (RDB) des ménages a atteint 996 MMDH en 2023, enregistrant une hausse annuelle de 9,6% par rapport à 2022 (909,1 MMDH). Cette augmentation est attribuable à une progression de 26% des revenus de la propriété, notamment des intérêts et des dividendes. Cependant, la contribution des salaires au RDB des ménages a légèrement diminué à 45%, contre 47,1% en 2022 et 47% en 2021, reflétant une faible dynamique du marché de l’emploi.

Le pouvoir d’achat des ménages s’est redressé (2,4 points) après une contraction de 3 points en 2022, grâce à une modération de l’inflation (6,1% en 2023 contre 6,6% l’année précédente). Là, on raisonne en termes de taux annuel moyen de l’inflation, qui était de 6,1% en 2023.

Malgré cette amélioration, la consommation finale des ménages, arrêtée à 1.008,3 MMDH en 2023 contre 934,3 en 2022, continue d’absorber 88,9% de leur revenu disponible brut (RDB), limitant ainsi leur capacité à épargner. Leur taux d’épargne, bien qu’en progression, reste modéré à 11,4%, reflétant l’impact de la récente flambée des prix et une vulnérabilité face à de futurs chocs économiques.

Les ménages et les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) ont contribué à 28,5% de la formation brute de capital fixe (FBCF) nationale en 2023, en progression par rapport à 27,6% en 2022. En valeur absolue, la FBCF des ménages et ISBLSM s’est établie à 102,5 MMDH, contre 95,6 MMDH en 2022, soit une hausse de 7,2%. Cette augmentation reflète une reprise des investissements domestiques, notamment dans des secteurs comme l’immobilier.

Les sociétés non financières

Les sociétés non financières (SNF) ont généré 591,9 MMDH de valeur ajoutée brute, soit une progression de 8,8% par rapport à 2022. Elles représentent 40,5% du PIB, confirmant leur rôle central dans l’économie. Toutefois, leur formation brute de capital fixe (FBCF) a légèrement reculé (-1,5%), s’établissant à 180,7 MMDH. Cette baisse contraste avec leur excédent brut d’exploitation qui a progressé de 9,2%, reflétant une optimisation des coûts opérationnels.

Les SNF ont enregistré une capacité de financement de 13,7 MMDH en 2023, contre un besoin de financement de 8,2 MMDH en 2022. Ce retournement s’explique par une hausse des bénéfices réinvestis et une maîtrise des flux de trésorerie. Toutefois, la baisse des crédits bancaires accordés à ce secteur (-34 % par rapport à 2022) souligne une prudence des investisseurs et des banques, dans un contexte économique incertain.

Les sociétés financières

Les sociétés financières (SF) ont consolidé leur excédent brut d’exploitation en 2023 (+18% à 47,5 MMDH), contre 40,3 MMDH en 2022 et 36,1 MMDH en 2021, grâce à une augmentation des revenus financiers (+40% pour les intérêts perçus). Cependant, elles ont enregistré un besoin de financement de 1 MMDH, marquant une amélioration significative par rapport à 2022 (-8,8 MMDH).

Cette dynamique s’accompagne d’une contraction notable des dépôts nets (-88 MMDH en 2023 contre -177,9 MMDH en 2022), témoignant d’une réallocation des capitaux vers d’autres actifs jugés plus attractifs. Parallèlement, les crédits accordés par les sociétés financières ont également diminué. Ce recul peut s’expliquer, d’une part, par une prudence accrue des banques commerciales et des associations de financement dans l’octroi de prêts, en réponse à un environnement économique incertain et à des risques de crédit élevés.

D’autre part, cette baisse des crédits pourrait également refléter le développement d’opérations de financements innovants. Par exemple, la CDG a acquis des actifs de l’État dans le cadre d’une opération de Leaseback (financement innovant). Dans ce type d’opération, l’institution acquiert un bien appartenant à l’État et le loue immédiatement à ce dernier en contrepartie d’un loyer, offrant ainsi une solution de financement alternative et plus flexible à l’État. Cependant, dans notre contexte, cette démarche limite la capacité de financement de la CDG pour d’autres projets.

Dans le même sens, le rapport d’activité 2022 de la Direction des domaines de l’Etat indique que "des transactions immobilières portant sur 98 actifs immobiliers relevant du domaine privé de l’Etat, constitués de bâtiments administratifs et d’équipements publics, ont été conclues en 2022 avec les Organismes de placement collectif immobilier (OPCI) gérés par la société Ajarinvest, filiale de la CDG, ce qui a permis de mobiliser un financement additionnel de 25,1 MMDH au titre de l’année 2022".

De même, le rapport d’activité de la même direction, au titre de l’année 2023, précise que "des transactions immobilières portant sur 175 actifs immobiliers relevant du domaine privé de l’Etat, constitués de bâtiments administratifs et d’équipements publics, ont été conclues en 2023 avec les Organismes de placement collectif immobilier (OPCI) créés par les deux institutionnels CDG et CMR. Ce qui a permis de mobiliser un financement additionnel de 25,4 MMDH au titre de l’année 2023."

Les administrations publiques

Les administrations publiques ont joué un rôle clé dans l'économie marocaine en 2023, contribuant à hauteur de 15,2 % au PIB, en légère baisse par rapport à 2022 (16,3%). Cependant, leur besoin de financement a continué de croître pour atteindre 40,5 MMDH, contre 37,8 MMDH l'année précédente.

Cette hausse s'explique principalement par une augmentation notable des investissements publics, qui ont progressé de 24,4% pour s'établir à 61 MMDH. Ces dépenses se concentrent en grande partie sur des projets d'infrastructure d'envergure, liés à des événements internationaux comme la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du monde 2030.

Pour couvrir ce besoin de financement accru, les administrations publiques ont eu recours à deux principales sources :

  1. L’endettement extérieur, qui a enregistré un flux net de 34,9 MMDH, en forte hausse par rapport à 6,1 MMDH en 2022. Cette hausse reflète une mobilisation accrue de ressources internationales, notamment via des émissions de titres de créance sur les marchés internationaux. Ainsi, le flux net des titres de créances négociables émis à l’international est passé de -11,6 MMDH en 2022 à 24,1 MMDH en 2023.
  1. Les émissions domestiques, qui ont également augmenté pour atteindre 40 MMDH, contre 20,5 MMDH en 2022. Cela traduit une dépendance croissante vis-à-vis du marché intérieur pour le financement des investissements publics.

Si ces investissements visent à dynamiser la croissance et à répondre à des objectifs stratégiques, leur financement pose la question de la soutenabilité budgétaire à moyen terme. L’augmentation continue de l’endettement, tant extérieur que domestique, accroît les charges d’intérêts pour l’État.

Les ISBLSM

Les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) restent marginales dans la structure économique, mais leur rôle ne cesse de croître. Leur contribution au PIB est passée à 0,3%, tandis que leur épargne brute a progressé de 26%, atteignant 5,1 MMDH. Cette évolution s’explique par une augmentation des transferts courants reçus, reflétant leur importance croissante dans la fourniture de services sociaux et éducatifs.

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