Street Art Tour. Balade dans le Casablanca des couleurs

"Le Street Art Tour" est l’autre invitation au voyage que propose la ville blanche. D’une fresque murale à l’autre, c’est tout un pan de la culture casablancaise qui se déploie à travers les lignes et les couleurs de jeunes artistes marocains. Lancée par l’association Alouane Bladi, cette initiative est finalement un condensé du patrimoine culturel casablancais, expliqué par Amine Hannaoui, représentant et grand passionné de cet art.

Street Art Tour. Balade dans le Casablanca des couleurs

Le 12 juin 2024 à 18h38

Modifié 12 juin 2024 à 18h38

"Le Street Art Tour" est l’autre invitation au voyage que propose la ville blanche. D’une fresque murale à l’autre, c’est tout un pan de la culture casablancaise qui se déploie à travers les lignes et les couleurs de jeunes artistes marocains. Lancée par l’association Alouane Bladi, cette initiative est finalement un condensé du patrimoine culturel casablancais, expliqué par Amine Hannaoui, représentant et grand passionné de cet art.

Médias24 : Quel est l’impact du street art casablancais sur le rayonnement de la ville à l’international, et même au Maroc ?

Amine Hannaoui : Ces dernières années, à chaque fois que des officiels, des médias, des célébrités ou des visiteurs sont de passage à Casablanca, la première chose qui les frappe, c’est le street art. Ce qui est intéressant avec les fresques, c’est que peu importe la langue de la personne qui les apprécie, elle n’a pas besoin d’un guide, d’un expert ou d’un initié pour les lui expliciter. Elles parlent d’elles-mêmes. Alors, quand on organise notre "Street Art Tour", c’est pour mettre en valeur ces fresques, à travers un circuit pédagogique où l'on va juste expliquer pourquoi l’artiste a réalisé telle fresque, ou raconter l’anecdote derrière une autre… Et, aujourd’hui, je peux dire qu’on est devenu la capitale du street art en Afrique, si on ne compte pas l’Afrique du Sud, parce que c’est une scène très dynamique. Tout dernièrement, on a eu une collaboration avec la mairie de Paris. Des artistes parisiens sont venus travailler avec des artistes marocains. Ils m’ont dit : "Vous avez beaucoup de chance. Vous avez de grands murs".

Le street art devient en quelque sorte un porte-drapeau du positionnement touristique de la ville, essentiel pour son attractivité

Lors d'un "Street Art Tour" à Casablanca (CP Alouane Badi).

 

Il importe de souligner qu’au Maroc, le processus de décision est assez simple pour la conception de fresques murales, contrairement à d’autres capitales européennes. En matière de street art, les autorités locales compétentes sont aujourd’hui ouvertes sur le sujet. D’ailleurs, on est sur un projet avec des écoles publiques pour lequel on a demandé des autorisations, et on a été surpris par la réactivité du ministère et des personnes concernées, qui étaient tous partants. Quelque part, le street art devient un porte-drapeau du positionnement touristique de la ville, essentiel pour son attractivité.

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À Casablanca - CP Alouane Bladi

 

- Précisément, pensez-vous que le street art puisse constituer un levier touristique ?

- Absolument. Quand on prend les pionniers, Banksy, Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, Obey (Frank Shepard Fairey), etc. on se rend compte que ces artistes ont redynamisé les villes. Aujourd’hui, nombre de touristes en voyage à New York ou dans d’autres villes des États-Unis recherchent les quartiers de street art. C’est une tendance qui souligne à quel point le street art devient un facteur d’attractivité. Chez nous, on n’a pas encore de quartiers similaires, même si le quartier El Hank se positionne de plus en plus comme un quartier de street art. Il y a même une économie qui émerge autour de cette dynamique, parce que finalement, on a à peu près une cinquantaine d’artistes qui vivent un peu de leur métier et arrivent aussi à avoir des collaborations à l’étranger.

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À Casablanca - CP Alouane Bladi

Ce sont des balades qui durent 3 h, à vélo, où l'on parle d’abord de l’histoire du street art au Maroc et dans le monde

- Quels sont les projets sur lesquels travaille l’association Alouane Bladi ?

- Alouane Bladi est une association qui vise à promouvoir le street art au Maroc. Notre mission principale est de multiplier les murs d’expression libre dans la ville. On existe depuis sept ans maintenant. On a travaillé avec le PNUD, les Nations unies, pour un projet sur le patrimoine en collaboration avec des écoles publiques où l'on a réalisé des fresques. On a organisé un festival pour la ville. On travaille beaucoup avec les enfants, en organisant des ateliers pédagogiques, en réalisant des fresques participatives, parce que, finalement, le meilleur relais pour notre art, ce sont les enfants. À Casablanca, on a mis en place le "Street Art Tour", des visites en vélo, en bus que nous organisons en collaboration avec l’Institut français. Ce sont des balades qui durent trois heures, à vélo, où on parle d’abord de l’histoire du street art au Maroc et dans le monde.

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À Casablanca - CP Alouane Bladi

 

- Pour un non-initié, quelles sont les cinq fresques à voir absolument à Casablanca ?

- J’ai un penchant pour les fresques d’El Hank, que ce soit Majid, Meriam Benkirane, Drobys & Roksy, Zorgane, Brush, MED, etc. La corniche est le lieu de loisirs par excellence pour le Casablancais et le touriste. On n’imagine pas un visiteur qui viendrait dans la ville sans se rendre à la corniche. Il y a une vingtaine de façades là-bas. Je pense que c’est LE spot. Après, il y a aussi la fresque de Abid au skatepark Nevada, les fresques aussi réalisées à Socrate. Je pense évidemment au spot qu’on a avec l’association Alouane Bladi.

À Casablanca - CP Alouane Bladi

 

- Comment les participants vivent-ils l’expérience du "Street Art Tour" que vous organisez régulièrement ?

- Pour les Casablancais et les visiteurs qui n’ont pas l’habitude ou l’occasion de faire de telles balades, c’est une nouvelle expérience que de découvrir ou redécouvrir les fresques de la ville blanche à vélo. La balade débute au niveau de l’Institut français, boulevard Zerktouni. Ensuite, on longe le quartier Palmier, puis on remonte vers "Alsa", là où se trouve l’entrepôt d’Alsa, parce qu’on y dispose de murs d’expression libre. On passe par les boulevards Brahim Roudani et Ghandi, où il y a beaucoup de fresques. On redescend vers le boulevard Socrate. Puis direction la corniche, où là aussi il y a des fresques. Et à la fin, on débouche sur la partie Art déco de la ville, vers le centre-ville, où il y a le skatepark. Dans tout Casablanca, on doit dénombrer une centaine de fresques.

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À Casablanca - CP Alouane Bladi

 

Si on visite une ville, on doit visiter son musée de street art pour découvrir sa scène underground.    

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À Casablanca - CP Alouane Bladi

 

- Casablanca pourra-t-elle devenir un jour une ville internationale du street art ?

- Généralement, les touristes ou les visiteurs d’une ville cherchent l’endroit emblématique qui rassemble les gens. Une sorte de Jamaâ El Fna. Casablanca est une ville qui n’a pas une place de référence, mais qui a des murs qui parlent, qui racontent des scènes de vie. Donc, oui, Casablanca a ce potentiel.

Amine Hannaoui - Association Alouane Bladi

 

Le Casablanca du street art a le potentiel de croître et d’évoluer. C’est une ville de 5 millions d’habitants qui ont besoin d’art et de culture et qui, s’ils n’ont pas le temps de chercher des musées ou des lieux culturels, ont le temps d’aller dans la rue, même pressés. Avec la Coupe du monde qui arrive, je pense qu’on aura besoin de catalyseurs d’événements, et cela passe par le sport, mais aussi par la musique, l’art et le street art.

À Casablanca - CP Alouane Bladi

Le Casablanca du street art a le potentiel de croître et d’évoluer

- Y a-t-il des thèmes qui ressortent plus que d’autres dans les fresques casablancaises ?

- C’est une très bonne question. Avec les fresques, on a la possibilité de raconter des histoires. Nous, on est sur des sujets familiaux. Dans le quartier Socrate, ce sont en fait des dessins animés. Sur Ghandi, comme c’était au moment de la Coupe d’Afrique, c’est la culture africaine qui prédomine. Quand récemment il y a eu le Salon de l’artisanat, on a réalisé une fresque sur ces artisans pour les représenter. L’année dernière, au vu de la performance de l’équipe nationale de football, ça a été le thème de plusieurs fresques. On a également beaucoup de représentations de femmes, de plus en plus. Comme on a aussi beaucoup et de plus en plus d’artistes qui s’intéressent à la culture amazighe. C’est globalement les sujets qui reviennent ces dernières années.

Aujourd’hui, on aimerait capitaliser sur ce que nous faisons, rassembler les artistes, faire valoir l’intérêt de notre art pour les touristes, le positionnement de la ville. Donc, je me dis que, dans le futur, il serait intéressant d’avoir un musée du street art. On travaille d’ailleurs sur le projet. Ça devrait arriver et ça fera naître des vocations et permettre à Casablanca de rayonner à l’international à travers la culture urbaine, la culture populaire.

À Casablanca - CP Alouane Bladi
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