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Visite guidée. Le Casablanca de… Rachid Andaloussi

Avec Rachid Andaloussi, architecte passionné par Casablanca et ses immeubles Art déco, également membre fondateur de l’association Casamémoire, nous sillonnons les artères de la ville blanche, laboratoire architectural du XXe siècle.

Visite guidée. Le Casablanca de… Rachid Andaloussi

Le 4 février 2022 à 11h40

Modifié 5 février 2022 à 11h32

Avec Rachid Andaloussi, architecte passionné par Casablanca et ses immeubles Art déco, également membre fondateur de l’association Casamémoire, nous sillonnons les artères de la ville blanche, laboratoire architectural du XXe siècle.

Celui qui est à l’origine de la conception de plusieurs ouvrages publics et privés majeurs, dont le Grand Théâtre de Casablanca, nous guide à travers des lieux emblématiques, évocateurs de la modernité et du style avant-gardiste de la ville. Des lieux qui, sous l’œil affûté de Rachid Andaloussi, deviennent des personnages qui ont tous une histoire à raconter. La poésie du vide et du plein n’est alors jamais très loin.

Immeuble Assayag : la naissance de la modernité

(construit entre 1930 et 1932)

« Si l'on doit parler de l’architecture de Casablanca, il faut évoquer l’immeuble Assayag, sur le boulevard Hassan Seghir. Réalisé par l’architecte français Marius Boyer, cet ensemble d’immeubles est un bâtiment à la fois très moderne et intemporel. Il a traversé l’Histoire et le temps en toute aisance. On a l’impression qu’il a été construit hier. Car c’est un des premiers immeubles au monde qui, dans sa conception, a prévu un sous-sol pour un parking de voitures, alors qu’à Casablanca, à cette époque, il n’y avait que quelques dizaines de voitures en circulation. Un système de ventilation des escaliers et des cuisines équipées ont aussi été mis en place.

"C’est un immeuble très avant-gardiste qui s’inscrit dans le courant de la modernité. Il se situe même à la naissance de la modernité, avec les codes de l’école du Bauhaus.

"C’est également un immeuble emblématique de Casablanca. Il a été construit avec des hauteurs importantes. À l’époque, bâtir huit étages était chose considérable. Ses trois tours additionnelles évoquent les grands architectes comme Louis Kahn (un architecte américain d'origine estonienne, aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands architectes du XXᵉ siècle, ndlr). C’est ce qu’on appelle une architecture d’additionnement, parce qu’elle additionne les volumes et les gabarits tout en évoquant un esprit moderne dans un Art déco épuré. »

L’immeuble Liberté : un paquebot dans la ville

(1949-1951)

« Il est l'un des premiers gratte-ciel d’Afrique avec ses dix-sept étages et une belle hauteur. Mais c’est aussi un immeuble qui confirme Casablanca comme une ville qui a été évocatrice du style architectural qu’on appelle « paquebot ». Quand on est au dernier étage de l’immeuble Liberté, on a l’impression que c’est un paquebot qui va avancer dans la mer. Il a des étagements horizontaux. L’immeuble a donc cette écriture horizontale comme un millefeuille de vides et de pleins, en strates. C’est aussi un bâtiment galbé, sensuel et beau dans ce sens. Les balcons tout autour donnent du vide. C’est-à-dire qu’ils contrastent le noir, l’ombre avec le blanc, la lumière. Ce qui donne pour résultat cette élégance d’un bâtiment extraordinaire, réalisé d’ailleurs par un architecte très jeune. Il s'agit de Morandi (Léonard René Morandi, un architecte suisse, ndlr). Il l’a achevé en 1951.

"Cet immeuble est un peu l’icône architecturale casablancaise, qui vient encore une fois consolider la blancheur de la ville. C’est comme un totem esseulé, qui annonce l’apogée même de la modernité à Casablanca. Il est important de signaler que le style paquebot est né à Casablanca. Dans ce même style, on peut citer l’immeuble Bendahan qui date des années 1940, et qui est un peu le parent de l’immeuble Liberté. Il est aussi étagé, galbé avec des rondeurs. Il rappelle le style paquebot. »

Villa ronde : une signature urbaine

(1963-1965)

Ci-dessus, une visite guidée en 360° de la Villa ronde de Casablanca. Cliquez sur Commencer la visite pour entamer votre visite guidée.

« La Villa ronde est également très importante pour la ville de Casablanca. Construite par l’architecte allemand Wolfgang Ewerth, c’est une villa qui a été bâtie sur le haut de la colline d’Anfa. Elle contemple la ville à 360° : à partir de la villa, on peut apprécier le panorama de la mer, les quartiers Aïn Chok et Al Hank, la mosquée Hassan II, etc. Les Casablancais pensaient même que la villa tournait autour de son axe ! C’est une architecture qui a une grande personnalité, avec un langage, un caractère et son propre vocabulaire. Elle parle aux autres, établit un rapport à la ville et crée aussi le sentiment d’appartenance. Cette villa a été adoptée par tous les Casablancais, jusqu'à devenir un repère urbain. C’est une bâtisse d’une grande pureté et d'une immense sagesse architecturale. C’est un beau manifeste et une leçon d’architecture casablancaise. »

Mahkama du Pacha : le génie artisanal des mâalems

PHOTO MEDIAS24

« On ne peut pas passer à côté de la Mahkama. C’est tout l’hommage rendu au travail des mâalems marocains qui ont contribué à la construction de cette ville nouvelle de Casablanca. Et là, j’évoque principalement l’intérieur de la Mahkama et son architecture à la fois arabe, musulmane, mauresque et andalouse. Elle rappelle aussi l'époque extraordinaire de l’apogée de l’architecture musulmane.

"Attenante au quartier des Habous, la Mahkama est d’une rare beauté avec des patios, des escaliers monolithiques, des portails, des arcades, sans parler du magnifique travail du zellige, du « gebs » et du bois également. C’est le concentré de tout le génie et le savoir-faire culturel de la construction du Maroc profond. »

Le port de Casablanca : aux origines de la capitale économique

(1913-1917)

« Pour moi, la construction la plus importante qui a donné naissance à la ville de Casablanca, c’est le port. Il s’agit d’un équipement d’une grande modernité qui a permis au Maroc, qui vivait entre des villes impériales comme Fès, Meknès ou Marrakech, de s’ouvrir sur la façade maritime. Le port est devenu ainsi un véritable foyer économique. Il a attiré des gens du monde entier. Il a donc créé de l’emploi et une dynamique économique continentale. En un laps de temps très court, le port a placé Casablanca dans le réseau des villes modernes ayant connu une implosion d’abord démographique, mais aussi sociale et économique. Ce qui a imprégné le Maroc dans sa véritable modernité. C’est grâce aussi à ce port que naquit la pluralité, le sens de la cohabitation entre différentes civilisations et le brassage culturel, cultuel et humain. »

Ci-dessous, une image panoramique de Casablanca, prise au Gigapan par nos équipes. Naviguez et zoomez avec la souris. © MEDIAS24

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