Mehdi Qotbi : voici l’impact des faussaires sur le marché de l’art

Depuis la fin du XXe siècle, le secteur des arts plastiques et visuels, en développement constant, génère un nombre croissant de faussaires au Maroc. Mehdi Qotbi, qui préside la Fondation nationale des musées, revient pour Médias24 sur ce phénomène et son impact sur le marché de l’art.

Mehdi Qotbi : voici l’impact des faussaires sur le marché de l’art

Le 5 février 2024 à 18h55

Modifié 5 février 2024 à 22h35

Depuis la fin du XXe siècle, le secteur des arts plastiques et visuels, en développement constant, génère un nombre croissant de faussaires au Maroc. Mehdi Qotbi, qui préside la Fondation nationale des musées, revient pour Médias24 sur ce phénomène et son impact sur le marché de l’art.

"La démarche commune du ministère de la Culture et de la Fondation des musées a pour objectif de sauvegarder notre patrimoine artistique et de mettre un terme à la circulation croissante de fausses œuvres", nous déclare Mehdi Qotbi, en ajoutant que cette action ambitionne de rétablir la sécurité des ventes et la réputation des artistes, mise à mal par les agissements illégaux des plagiaires.

Les artistes les plus plagiés

Et d’ajouter que les faussaires arrivent à réaliser des copies d’œuvres picturales d’artistes qu’il est, selon lui, facile de dupliquer, en particulier l’art abstrait.

Devant l’intérêt grandissant de particuliers et d’institutionnels souhaitant étoffer leur collection, est apparu un phénomène de contrefaçon qui cible des artistes marocains vivants, mais aussi et surtout disparus comme Jilali Gharbaoui, Ahmed Cherkaoui, Chaïbia Talal ... ou des étrangers ayant séjourné au Maroc, avant ou pendant le protectorat à l’image de Jacques Majorelle, Henri Pontoy, Jean Gaston Mantel, Eddy Le Grand, José Cruz Herrera

Selon notre interlocuteur, il existe trois catégories d'œuvres de contrefaçon. La première est facilement reconnaissable avec une simple vérification de catalogues d’expositions (photos publiées…).

La deuxième catégorie concerne des œuvres difficile à repérer sans inspection poussée de la part d'experts. Et la dernière catégorie a trait aux œuvres qui requièrent, en plus du regard d'experts, le support de moyens scientifiques (analyse des matières tinctoriales, du tissu, du cadre, du support…).

L'impact des contrefaçons

De plus en plus répandue au Maroc et à l’étranger, la circulation d’œuvres contrefaites avec de fausses signatures menace, selon lui, la réputation des artistes marocains et crée des dommages pécuniers importants aux collectionneurs qui finissent par se détourner du marché marocain de l’art.

Sans compter le fait que les exportations croissantes par des moyens illégaux, sans obtention d'une licence du secteur culturel, privent les artistes ou leurs ayants droit de revenus conséquents et le Trésor public d’une source de devises non négligeable.

Pour contrer ce phénomène, une offensive commune a don été lancée par les institutions marocaines. Une première réunion sur le sujet a été organisée ce lundi 5 février, au siège de la présidence du ministère public, à l'initiative du ministère de la Culture et de la Fondation nationale des musées. Cette rencontre a connu la participation d'éminents responsables judiciaires, dont Hassan Daki, chef du parquet.

Les raisons du timing de la contre-offensive

Sur le timing de cette rencontre, le président de la Fondation nationale des musées explique que le marché de l’art marocain qui est devenu mature et de plus en plus côté à l’étranger, attire beaucoup de convoitises.

"Sachant que les œuvres picturales des artistes marocains atteignent désormais des prix mirobolants à l’international, il faut couper l'herbe sous le pied des faussaires afin que nos peintres ne puissent plus être plagiés aussi bien au Maroc qu’à l’étranger", estime Mehdi Qotbi pour qui cette notoriété grandissante et les abus constatés ont été le point de départ de la contre-offensive du ministère de tutelle et de la fondation.

"Une maison de vente forcée de retirer un faux tableau de Gharbaoui"

Face à l'absence ou à la rareté des poursuites et des sanctions judiciaires, Mehdi Qotbi affirme que les acteurs publics ont décidé de mettre un terme à la multiplication des affaires de plagiat, donnant l’impression que les faussaires sévissent en toute impunité.

"Ainsi, nous avons été confrontés récemment à une affaire de plagiat caractérisé où une maison de ventes aux enchères connue a été obligée de retirer un faux Jilali Gharbaoui de son catalogue après l’intervention directe du ministère de la Culture", rappelle le président de la Fondation qui estime qu'il existe certainement d'autres histoires de contrefaçons qui n'ont pas été médiatisées.

À la question de savoir si le Maroc dispose d’experts capables de reconnaître des faux, Mehdi Qotbi affirme qu’une plateforme de techniciens sera bientôt créée pour authentifier la signature et le papier utilisé afin de permettre aux acquéreurs de s’assurer de l’origine des œuvres mises en vente.

 Une structure de lutte contre les contrefaçons sera bientôt opérationnelle

"En dehors d'un arsenal juridique actualisé qui sera mis en place, nous allons créer un comité d'experts qui aura pour vocation de mettre un terme à ce phénomène de contrefaçons artistiques", promet le président en rappelant à ceux qui douteraient de sa faisabilité que, par le passé, certains pensaient qu'il était impossible d'organiser de grandes expositions au Maroc alors qu’aujourd’hui les musées marocains accueillent les plus grands maîtres.

Cette structure va instaurer un système de certification de l'originalité à l'aide de vérifications et de comparaisons à partir d'un catalogue officiel qui recensera tous les artistes menacés. Elle pourra, dans certains cas, faire appel aux familles des artistes défunts pour contribuer à authentifier les œuvres suspectées de plagiat.

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