Le Maroc se mobilise contre la rareté de l'eau et l'inflation alimentaire, grands défis de 2024

Selon des informations obtenues de plusieurs sources, le gouvernement est en état d'alerte concernant des risques liés à la rareté de l'eau. Il s'agit de la pénurie de l'eau et tout ce qui en découle: disponibilité de l'eau potable, inflation des produits agricoles, faible rendement des cultures vivrières, exode rural, inflation générale dans le pays.

©Ministère de l'Equipement et de l'eau

Le Maroc se mobilise contre la rareté de l'eau et l'inflation alimentaire, grands défis de 2024

Le 1 janvier 2024 à 17h30

Modifié 2 janvier 2024 à 9h26

Selon des informations obtenues de plusieurs sources, le gouvernement est en état d'alerte concernant des risques liés à la rareté de l'eau. Il s'agit de la pénurie de l'eau et tout ce qui en découle: disponibilité de l'eau potable, inflation des produits agricoles, faible rendement des cultures vivrières, exode rural, inflation générale dans le pays.

La priorité absolue reste la disponibilité d'eau potable. Les chiffres sont clairs: le Maroc consomme actuellement environ 1,6 milliard de mètres cubes d'eau potable par an, dont le plus gros est assuré par l'ONEE, à quoi s'ajoutent le dessalement existant (Agadir, Safi, El Jadida...), et diverses autres sources comme celle de nappes phréatiques.

Cette quantité globale n'est pas en danger. Ce qui l'est par contre, c'est la disponibilité d'eau potable ponctuellement, dans des localités, des zones mal ou peu desservies, en campagne ou en montagne. Selon nos sources, un dispositif d'alerte précoce en matière de disponibilité d'eau potable sur tout le territoire est mis en place.

Au cours de l'été 2022, un quadrillage par camions citernes a été effectué, parallèlement au forage de petits points d'eau. Des mesures drastiques de gestion de l'eau potable ont été mises en place. Dans une circulaire datée du 26 décembre, le ministre de l'Intérieur annonce diverses restrictions ainsi que "l'interdiction absolue de plusieurs activités utilisant l'eau:

- l'arrosage de tous les espaces verts et jardins publics ;

- le nettoiement des voies et des places publiques par l'usage d'eau ;

- le remplissage des piscines publiques et privées plus d'une fois par an ;

- les cultures aquavores, en concertation avec le département de l'Agriculture".

Ces mesures d'anticipation sont liées à la succession des années de sécheresse depuis 2019. Cette année, le risque d'une 5e année de sécheresse est jugé très élevé. Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch l'a d'ailleurs évoqué au parlement le 19 décembre: "préparez-vous à une situation très dure au cours des prochains mois s'il ne pleut pas", a-t-il prévenu.

La demande d'eau potable va continuer à augmenter (graphe ci-dessous) pour atteindre 1,8 milliard de mètres cubes par an dès 2025 et près de 2 milliards de m3 en 2030. Le gouvernement compte sur les nombreux projets de dessalement d'eau de mer en lice ou dont les appels d'offres seront lancés en 2024 pour y faire face.

L'eau potable est une priorité. Après la desserte en eau potable, ce qu'il reste est accordé à l'irrigation. C'est ainsi que fonctionne l'échelle de priorités. La preuve ci-dessous:

Les Plans Directeurs d'Aménagement Intégré des Ressources en Eau (PDAIREs), prévoient actuellement une moyenne de 5,34 milliards de mètres cubes d'eau consacrée à l'irrigation. On en est loin. Même en 2010, ce chiffre n'avait pas été atteint. Pis, le gap entre l'objectif et ce qui réalisé ne cesse de se creuser. En 2022, seuls 910 millions de m3 avaient été fournis à l'irrigation.

La problématique ici n'est pas uniquement économique. Elle est d'abord sociale. C'est l'agriculture vivrière. C'est pour cela que des lâchers d'eaux de barrages à destination d'irrigation, notamment vivrière, ont été ou vont être bientôt effectués, malgré la rareté des disponibilités d'eau.

Voici l''ancien cycle de l'eau au Maroc. Jusqu'au début des années 2000, le pays recevait 120 à 140 milliards de m3 de précipitations en moyenne chaque année; en déduisant l'évaporation et les quantités perdues en mer, il en restait 18 milliards à utiliser ou stocker dans les barrages et 4 milliards qui rechargeaient les nappes souterraines. Mais ce schéma ne fonctionne plus: le réchauffement climatique a réduit considérablement les apports d'eau. Le besoin global du pays, y compris irrigation, recharge des nappes et eau potable, se limitait à 12,5 milliards de m3.

L'eau restera donc pendant plusieurs années, le dossier prioritaire au Maroc. Nous n'avons pas cité les nombreuses actions menées, telles que les interconnexions entre bassins excédentaires et déficitaires; le recyclage des eaux usées et des eaux pluviales; les contrats de nappe pour gérer les eaux souterraines....

La rareté de l'eau est également une menace pour l'agriculture. Ramadan commencera cette année en mars. Pendant ce mois, la tomate ronde est une denrée recherchée. La hausse de la demande couplée à une baisse prévue de l'offre, aura un effet inflationniste. Pendant cette période de l'année, le Souss Massa est la seule région dotée des conditions atmosphériques, équipée et organisée pour produire la tomate ronde. Or, elle a été fortement affectée par le changement climatique ainsi qu'une maladie virale. Les prix risquent de s'envoler.

Après le pic de février 2023, l'inflation au Maroc continue de ralentir. Elle reste néanmoins élevée: +3,6% en novembre et probablement 6% comme moyenne annuelle de 2023. Elle est tirée fortement par les produits alimentaires.

Avec les années Covid, la crise économique internationale, la guerre en Ukraine, puis le séisme du Haouz, la résilience des Marocains est mise à rude épreuve. Certes, les aides sociales directes ont été distribuées pour la première fois à un million de ménages fin décembre. Mais l'inflation a érodé le pouvoir d'achat et le chômage a atteint un pic historique en septembre. La problématique de l'eau, de par ses impacts en chaîne, est stratégique et vitale.

Sur le plan politique, le gouvernement a vécu une fin d'année difficile. Il semble avoir réglé le problème des enseignants en grève; mais il en est sorti affaibli, donnant l'impression d'avoir cédé à la pression des grévistes. L'effet de mimétisme est évident et les revendications se multiplient. Des dossiers comme la réforme de la profession d'avocat ou la santé, pourraient devenir des terrains de confrontation.

Mais en parallèle, il n'y a pas que des crises ou des problèmes. Ce gouvernement dispose d'une longue liste de réformes en cours. 2024 sera la première année pleine de l'application de la Charte de l'investissement. Citons également les trois réformes stratégiques : la généralisation de la protection sociale et la réforme des retraites; la réforme de la santé; la réforme de l'enseignement qui engage l'avenir des prochaines générations et du pays. Ou encore la poursuite de la réforme fiscale avec celle très attendue de l'IR; le code du travail et le droit de grève que le patronat (qui lui ne peut pas faire grève), attend toujours malgré les promesses; la mise en chantier de l'Initiative atlantique;  le démarrage du port de Nador; la CAN 2023 (qui aura lieu en janvier et février en Cote d'Ivoire); les énormes chantiers d'infrastructure ou de mise à niveau à l'horizon du Mondial 2030; et enfin la préparation d'un nouvel élargissement de la flexibilité du Dirham.

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