Enseignement : la mobilisation contre le nouveau statut se poursuit et la tension s'accentue, paralysant le secteur

La situation s'aggrave dans le secteur de l'enseignement. Le mouvement de protestation se poursuit, et est rejoint chaque jour par de nouveaux syndicats et coordinations, paralysant le secteur. Quelle est la situation actuelle ? Et où en sont les discussions ? Le point.

Source : Facebook

Enseignement : la mobilisation contre le nouveau statut se poursuit et la tension s'accentue, paralysant le secteur

Le 7 novembre 2023 à 18h26

Modifié 7 novembre 2023 à 18h31

La situation s'aggrave dans le secteur de l'enseignement. Le mouvement de protestation se poursuit, et est rejoint chaque jour par de nouveaux syndicats et coordinations, paralysant le secteur. Quelle est la situation actuelle ? Et où en sont les discussions ? Le point.

"Marche nationale pour la dignité". Tel est le nom donné à la marche organisée ce mardi 7 novembre par de nombreuses coordinations et branches régionales de différents syndicats de l’enseignement, principalement contre le nouveau statut unifié.

Selon les images partagées sur les réseaux sociaux, des milliers d’enseignants ont participé à cette marche, qui a démarré à 11 h du matin depuis le Parlement à Rabat, en direction du ministère de l’Education nationale. Celle-ci accompagne une grève nationale de trois jours, du 7 au 9 novembre, et d’autres formes de protestation prévues dans les jours qui suivent, et qui diffèrent d’un syndicat à l’autre.

Après près de deux ans de discussion, le nouveau statut unifié, qui est la base de la réforme du secteur, est refusé par toutes les catégories de l’enseignement, bloquant ainsi son avancement. Les retenues sur salaire contre les grévistes enveniment la situation.

Une situation qui semble sans issue, d’autant plus que les enseignants entament leur quatrième semaine de protestation pour faire entendre leurs revendications. Les cours sont donc partiellement à l’arrêt au niveau national, pour la quatrième semaine consécutive, ce qui ne sera pas sans conséquence pour les élèves, en particulier ceux des niveaux certifiants.

Qui participe à cette marche et à la grève nationale de trois jours ?

Près d’une trentaine de coordinations et de syndicats régionaux ont pris part à cette marche. Il s’agit notamment de la coordination nationale du secteur de l’enseignement, qui regroupe à elle seule 23 coordinations, y compris la FNE qui s'était retirée des discussions avec le ministère de l’Education nationale avant la signature de l’accord du 14 janvier 2023, ou encore les ex-contractuels qui revendiquent la création de postes centralisés au niveau du ministère.

Parmi les participants figurent également des branches régionales des syndicats signataires dudit accord, en particulier ceux de la CDT, mais aussi la coordination nationale des enseignants du secondaire qualifiant, la coordination unifiée de l’instance de l’enseignement et des cadres de soutien, ainsi que l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM)…

Ces mêmes coordinations et syndicats participent aussi à une grève nationale de trois jours à partir de ce 7 novembre, jusqu’au 9 novembre prochain, qui promet de paralyser le secteur pour une nouvelle semaine.

Où en sont les discussions ?

Bloqué entre le ministère de l’Education nationale et les quatre signataires de l’accord du 14 janvier, le dialogue a repris avec le ministre de l’Inclusion financière Younes Sekkouri, sur décision du chef du gouvernement. En effet, pour apaiser les tensions, Akhannouch s’est saisi du dossier et a promis des modifications au niveau de plusieurs dispositions contestées par les syndicats, notamment celles qui se rapportent aux obligations des enseignants. Il a par la suite chargé Sekkouri de mener les discussion.

Selon nos informations, la position du ministère de l’Education nationale est claire : il est ouvert à d'éventuelles modifications sur le nouveau statut unifié, mais refuse de le réviser complètement. "Revenir sur le statut implique revenir sur la réforme engagée dans le secteur", nous indique-t-on de source autorisée.

Les syndicats attendent un retour de Sekkouri qui a rendu compte à Akhannouch. Contacté par Médias24, Youness Firachine, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement (SNE), relevant de la CDT, nous confie "qu'aucune date pour une nouvelle réunion n’a encore été fixée à ce stade, après celle tenue le 3 novembre". Les syndicats attendent donc le retour du ministère de l’Inclusion financière pour redémarrer les discussions au sujet du statut unifié.

Le dossier est brûlant et nécessite une grande capacité de négociation, en particulier du côté du gouvernement, mais aussi de la souplesse et de la fermeté pour faire valoir les revendications des syndicats, sans pour autant impacter la réforme dont la base est l’enseignant et l’amélioration de son rendement, laquelle passe essentiellement par son évaluation.

Les syndicats protestent contre le fait que le ministère de l’Education nationale a décidé unilatéralement de publier le nouveau statut unifié, sans attendre leurs amendements sur certains articles. Ces derniers contestent plusieurs obligations de ce statut, notamment les heures et fonctions supplémentaires qui doivent être rémunérées selon eux, les indemnisations qui doivent concerner également les enseignants et non seulement les directeurs et les inspecteurs, et l’évaluation qui est prise en considération dans la promotion.

Selon nos sources, certaines dispositions contestées du statut seront modifiées. Les obligations ne connaîtront cependant que des changements mineurs.

Les revendications des syndicats

Ce que l’on peut retenir de ce dossier, c’est que le ministère de l’Education nationale se retrouve affaibli face à la situation actuelle, d’autant que chaque jour de nouveaux syndicats rejoignent le mouvement de protestation en cours, avec de nouvelles revendications.

Certes, tous se rejoignent sur les deux principaux points que sont le refus total du nouveau statut unifié tel qu’il a été publié par le ministère de l’Education nationale, et le refus et l’appel à l’arrêt des retenues sur salaire contre les grévistes, opérées par le ministère.

Toutefois, chaque syndicat voit en ce mouvement l’occasion de faire entendre sa voix et de remettre à l’ordre du jour des revendications, qui pour certaines, datent de plusieurs années.

À titre d’exemple, la Coordination nationale du secteur de l’enseignement, qui regroupe 23 syndicats, appelle aussi le ministère à répondre à tous les dossiers revendicatifs de ses membres, pratiquants ou retraités, et à garantir le droit à la grève.

Par ailleurs, elle demande :

- l’intégration des ex-contractuels à la fonction publique, à travers la création de postes budgétaires au sein du ministère ;

- l’augmentation des salaires ;

- l’exonération de TVA sur les salaires de moins de 6.000 DH, et la baisse de la TVA sur le reste des salaires ;

- l’augmentation des indemnités complémentaires ;

- l’accélération de la promotion sur 4 ans au lieu de 6 ans pour les examens de capacité professionnelle, et le passage de 10 ans à 6 ans pour la promotion au choix ;

- l’augmentation du taux de promotion au choix à 36% ;

- l’ouverture du hors grade pour tous les cadres du ministère ;

- l’annulation de la décision de plafonner l’âge du recrutement à 30 ans ;

- la réalisation des dispositions des anciens accords, notamment ceux du 19 avril 2011 et du 26 avril 2011 ;

- l’indemnisation sur le travail dans les zones reculées ;

- la restitution des sommes prélevées sur les salaires des grévistes.

Communiqué de la Coordination nationale du secteur de l'enseignement.

Les différentes branches régionales de la CDT appellent quant à elles à accélérer l’augmentation des salaires, et à la publication d’un nouveau statut unifié équilibré qui réponde aux revendications de toutes les catégories du secteur.


Communiqué de la branche Berkane - CDT.

Communiqué de la branche Tétouan - CDT.

De nouvelles protestations prévues

Par ailleurs, certaines des coordinations ayant participé à la marche de ce mardi 7 novembre, et qui prendront part à la grève nationale de trois jours, prévoient déjà d’autres formes de protestation.

C’est le cas notamment de la Coordination nationale des enseignants du secondaire qualifiant, qui avertit de l'escalade que peuvent entraîner les retenues sur salaire. Elle appelle :

- les enseignants hors échelle, les enseignants et cadres de soutien, ainsi que les enseignants de la cellule 10 à participer à cette grève ;

- les enseignants à adhérer aux sit-in qui seront organisés les vendredi 10 et samedi 11 novembre à l’intérieur des établissements durant la 2e et la 3e heure de la matinée et de l’après-midi ;

- à poursuivre le retrait des conseils des établissements, de la vie scolaire, des associations de sport, et à boycotter les jeux sportifs par les enseignants d’éducation physique, aux niveaux provincial, régional et national ;

- à maintenir la suspension des contrôles continus ;

- à boycotter les formations et l’enseignement à distance, ainsi qu’au retrait des groupes WhatsApp administratifs…

Communiqué de la coordination nationale des enseignants du secondaire qualifiant.

La Coordination unifiée de l'instance de l’enseignement et des cadres de soutien prévoit quant à elle :

- des sit-in les vendredi 10 et samedi 11 novembre durant la 3e heure de la matinée et la 3e heure de l’après-midi ;

une autre grève d’avertissement de quatre jours du lundi 13 au jeudi 16 novembre, accompagnée de sit-in devant les directions et académies régionale de l’enseignement le mercredi, à partir de 10h30 ;

-  un sit-in de deux heures dans l’enseignement secondaire le vendredi 17 novembre.

Communiqué de la Coordination unifiée de l'instance de l’enseignement et des cadres de soutien.

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