Voici les facteurs qui poussent le déficit de liquidité bancaire à la hausse

Rédaction Medias24 | Le 1/8/2023 à 10:49
En juin, le déficit de liquidité bancaire s'est fixé à 84 MMDH en moyenne hebdomadaire, contre 68,3 MMDH en mai. La circulation fiduciaire en est la principale responsable, notamment du fait d'une rémunération peu satisfaisante de l'épargne dans un contexte de taux négatifs. Le tout conjugué à la saison touristique qui entraîne la hausse du cash retiré par les touristes étrangers et les MRE.

Dans son document hebdomadaire sur les taux, Attijari Global Research souligne l’évolution du déficit de liquidité bancaire au moins de juin. Ce dernier s’est établi à 84,1 milliards de DH en moyenne hebdomadaire, en hausse de 5 MMDH par rapport à la même période en 2022. Dans sa revue mensuelle de la conjoncture économique de juillet 2023, Bank Al-Maghrib précise que par rapport au mois précédent, le besoin de liquidité s’alourdit de 15,8 MMDH (68,3 MMDH en moyenne hebdomadaire en mai, ndlr). "Dans ces conditions, Bank Al-Maghrib a relevé ses injections de liquidité de 80,2 milliards à 102 milliards de dirhams durant ce mois", indique la Banque centrale.

Cette tendance haussière ne fera d’ailleurs que s’accentuer, selon les prévisions de BAM. Dans son rapport sur la politique monétaire publié le 20 décembre 2022, elle prévoyait un déficit de liquidité à fin 2022 de 89,1 MMDH. Pour la fin de cette année, elle l’anticipe à 87,7 MMDH avant de dépasser les 100 MMDH fin 2024.

Qu’est-ce qui entraîne la hausse du déficit de liquidité des banques ?

Une épargne qui rémunère insuffisamment

Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’évolution à la hausse du déficit de liquidité bancaire. Il s'agit principalement de la hausse de la circulation fiduciaire. Le cash en circulation sort du système bancaire et accroît le déficit, malgré les avoirs de réserve des banques et les positions qu’elles détiennent.

D’après les derniers chiffres disponibles à fin mai 2023, le cash en circulation atteignait 369,6 MMDH, en progression de près de 41 MMDH sur 12 mois. Cette augmentation trouve son explication dans plusieurs facteurs, notamment une condition de rémunération de l’épargne jugée faible. De fait, le cash en circulation est désormais 4,4 fois supérieur au déficit de liquidité bancaire à fin juin.

"Aujourd’hui, on remarque que le niveau d’inflation, qui demeure encore élevé, ramène la bonne partie des taux en territoire négatif. De fait, tout ce qui est épargne, dépôts à terme et autres, baissent énormément", explique notre source. Cette tendance a d’ailleurs été vérifiée l’an dernier et communiquée lors de la présentation du rapport annuel 2022 de la direction de la supervision bancaire de Bank Al-Maghrib le 24 juillet dernier. Les dépôts à terme ont baissé de 3,4% en 2022 pour atteindre 134 MMDH, alors que parallèlement, les dépôts à vue, permettant une liquidité immédiate, ont augmenté de 9,1% sur l’année".

"Les gens préfèrent ainsi garder leur argent à disposition en cas de hausse des taux. La rémunération pose un problème aujourd’hui car elle est peu significative pour les épargnants. Du coup, la circulation fiduciaire augmente. Malgré la hausse du taux directeur, la problématique, c’est la transmission de la hausse vers l’économie réelle qui n’est pas complète", explique notre interlocuteur.

Car si l’on s’intéresse souvent aux taux débiteurs, les taux créditeurs sont également un aspect important à observer. "Ces derniers n’ont pas reflété la hausse du taux directeur. Les rémunérations demeurent encore faibles pour les épargnants, ce qui n’incite pas à un retour vers les dépôts ni vers le circuit bancaire", poursuit notre source. En effet, le taux moyen pondéré des comptes et bons de caisse à 6 mois est passé de 2,11% à 2,5% entre septembre 2022 et mai 2023, soit une hausse bien moindre que la hausse du taux directeur sur la même période.

Mais il faut aussi noter qu’à fin juin, l’accroissement du déficit de liquidité s’explique par un effet de conjoncture.

La reprise du tourisme et la constante hausse des transferts de MRE

La hausse du cash provoquant cet accroissement du déficit de liquidité bancaire est également imputable, au-delà de l’arbitrage sur l’épargne, à la forte reprise du tourisme cette année.

"Il faut aussi prendre en compte l’effet de reprise du marché touristique sur la période estivale. Il y a une forte circulation fiduciaire, étant donné que les touristes étrangers et MRE qui arrivent au pays retirent de l’argent et le font circuler dans l’économie réelle ; cela impacte légèrement le déficit de liquidité en faisant sortir de l’argent du système bancaire. Aujourd’hui, nous sommes donc dans une situation délicate face à laquelle BAM est très attentive", explique notre interlocuteur.

Les transferts de MRE jouent également un rôle dans l’accélération du cash en circulation qui pèse sur le déficit de liquidité des banques. D’après les derniers chiffres de l’Office des changes, les transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) s’établissent à 45,1 MMDH à fin mai 2023 contre 39,3 MMDH à fin mai 2022, affichant une hausse de 14,9% ou 5,8 MMDH en valeur.

Bank Al-Maghrib parvient pleinement à satisfaire la demande

Une accélération du déficit de liquidité bancaire peut avoir des conséquences sur l’économie, notamment au niveau des taux.

"Le déficit de liquidité impacte la demande des investisseurs. Près des deux tiers de la demande en BDT proviennent des institutionnels comme les banques. Donc un déficit de liquidité qui se creuse pourrait entamer la demande en BDT et induire des pressions haussières sur les taux. Heureusement, ce n’est pas le cas grâce à l’interventionnisme de la Banque centrale", explique notre source de la place.

L’attention portée au sujet par la Banque centrale et sa capacité à satisfaire la demande font qu’il n’y a pas de tension engendrée sur les taux. Un des autres moyens de réduire le déficit de liquidité bancaire provient des avoirs de réserve. "En face, il y a des avoirs de réserve qui peuvent diminuer les déficits de liquidité. Cela a déjà été le cas en mars dernier avec la sortie à l’international de 2,5 milliards de dollars. Cela a permis de stabiliser le déficit de liquidité, mais la saison estivale et les facteurs précités l’ont creusé", conclut notre source.

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