7 mois après son lancement opérationnel, où en est l’ANGSPE ? Un échange avec M. Zaghnoun

L’ANGSPE, retenez bien ce sigle difficile à mémoriser, car il va jouer un rôle inédit à l’avenir. C’est l’agence qui gère les participations stratégiques de l’Etat. En d’autres termes, l’incarnation de l’Etat actionnaire, une sorte de Maroc S.A.. Après sa création juridique, l’entrée en activité proprement dite a eu lieu après la tenue de son premier conseil d’administration, en décembre dernier. Qu’a-t-elle fait depuis cette date ? Que prépare-t-elle ?

7 mois après son lancement opérationnel, où en est l’ANGSPE ? Un échange avec M. Zaghnoun

Le 31 juillet 2023 à 11h57

Modifié 31 juillet 2023 à 14h09

L’ANGSPE, retenez bien ce sigle difficile à mémoriser, car il va jouer un rôle inédit à l’avenir. C’est l’agence qui gère les participations stratégiques de l’Etat. En d’autres termes, l’incarnation de l’Etat actionnaire, une sorte de Maroc S.A.. Après sa création juridique, l’entrée en activité proprement dite a eu lieu après la tenue de son premier conseil d’administration, en décembre dernier. Qu’a-t-elle fait depuis cette date ? Que prépare-t-elle ?

Médias24 apprend auprès de Abdellatif Zaghnoun, son directeur général, que l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’Etat (ANGSPE) est en train d’effectuer des recrutements et qu’elle a déjà "mis en place un plan de restructuration qui priorise cinq établissements publics qui seront transformés en SA, en l’occurrence l’ONDA, l’ONCF, l’OMPIC, la MAP et l’ONHYM". Surtout, elle met en place les différentes briques qui lui permettront de remplir pleinement son rôle.

Son rôle justement, c’est quoi ? Si on devait le résumer en très peu de mots, que dirait-on ? "L’agence a deux grandes missions. D’une part, elle incarne le rôle de l’Etat actionnaire. D’autre part, elle doit s’assurer de la contribution au développement socio-économique via les établissements et entreprises publics tout en préservant les intérêts patrimoniaux de l’Etat, répond Abdellatif Zaghnoun. Il cite le discours du Trône de 2020 dans lequel le Roi Mohammed VI avait indiqué la marche à suivre : "Une réforme profonde du secteur public doit être lancée avec diligence pour corriger les dysfonctionnements structurels des établissements et des entreprises publics, garantir une complémentarité et une cohérence optimales entre leurs missions respectives et, in fine, rehausser leur efficience économique et sociale. À cette fin, Nous appelons à la création d’une Agence nationale dont la mission consistera à assurer la gestion stratégique des participations de l’Etat et à suivre la performance des établissements publics."

De ces objectifs, découlent une organisation, un plan d’action et une vision. Le premier conseil d’administration a permis la mise en place de ses organes d’administration, l’adoption des instruments de gestion ainsi que la définition des chantiers prioritaires de l’ANGSPE. Les instruments de gestion portent sur l’organigramme, le statut du personnel, le règlement des marchés ainsi que le modèle de financement, rappelle notre interlocuteur.

Les chantiers prioritaires de l’agence sont notamment la définition de la politique actionnariale de l’Etat, le renforcement et l’amélioration de la gouvernance du portefeuille de l’agence et du pilotage de sa performance, ainsi que la prise en compte des aspects organisationnels, procéduraux et ceux liés aux ressources humaines, ajoute-t-il.

Comme pour toute création, l’agence a démarré avec peu de moyens et beaucoup de motivation. L’équipe de démarrage a été réunie essentiellement à partir des Finances et de la CDG, des profils "pointus, reconnus, soigneusement sélectionnés et réunis en task force".

Actuellement, l’agence est en phase de recrutement de profils adaptés à ses missions, afin de renforcer l’équipe de démarrage, composée de 25 personnes organisées en task force. Au total, 30 à 35 profils supplémentaires vont rejoindre cette équipe par le biais des recrutements récemment lancés. Des profils spécialisés en "restructurations, ingénierie financière, juridique, consolidation des comptes...".

L’Etat ne sera pas un actionnaire passif

Et le portefeuille, où en est-il ? La stratégie actionnariale commence-t-elle à être déployée ? Pour répondre à cette question, il faut rappeler en quoi consiste ce portefeuille et quels sont les axes sur lesquels le rôle actionnarial sera visible :

- représentation de l’Etat actionnaire ;

- proposition d’opérations de portefeuille et sur le capital ;

- suivi des performances des EEP et élaboration d’un rapport sur l’Etat actionnaire ;

- professionnalisation de la gouvernance des EEP.

En comparant aux pays qui disposent d’une agence de gestion des portefeuilles de l’Etat, l’on se rend compte que les prérogatives de l’agence marocaine sont plus larges, nous indique M. Zaghnoun.

Exposer toutes les actions projetées, leur cadre et leur philosophie de base, serait extrêmement long.

Sur les 57 EEP, quinze sont des établissements publics [voir liste en fin d’article]. Ces derniers seront tous transformés en S.A. et au besoin restructurés. L’agence a déjà mis en place un plan d’action de restructuration qui priorise cinq établissements publics qui seront transformés en S.A., en l’occurrence, l’ONDA, l’ONCF, l’OMPIC, la MAP et l’ONHYM, nous annonce Abdellatif Zaghnoun. Pour ces cinq établissements, les dialogues stratégiques menés avec ces derniers et leurs tutelles techniques, à l’initiative de l’agence, ont permis d’avoir la visibilité nécessaire sur les modèles économiques et sur les missions assurées. L’agence travaille par ailleurs sur la restructuration du secteur de l’audiovisuel public.

La loi portant création de l’agence donne cinq ans à cette dernière pour transformer tous les établissements publics en société anonyme. Ce que l’on peut dire des cinq premières sociétés, c’est que le processus pourrait être achevé pour l’OMPIC et l’ONDA d’ici fin 2023.

L’agence est donc opérationnelle ; ceci commence à être visible dans ses relations avec les EEP de son périmètre. Par exemple, dans la transformation de la gouvernance des EEP, il a été décidé de nommer des administrateurs indépendants sélectionnés en fonction de leur connaissance des secteurs concernés et donc, capables de challenger un budget ou un business plan présentés par le management. Elle a déjà validé des administrateurs qui ont été proposés en conseils puis en assemblée générale. Les premières nominations ont eu lieu ou sont en cours, par exemple à ADM et à Poste Maroc.

De même, nous apprend M. Zaghnoun, l’agence s’est attelée, dès son opérationnalisation, à la désignation des représentants permanents de l’Etat actionnaire au niveau des assemblées d’actionnaires, des conseils d’administration ou de surveillance et des comités techniques émanant des organes de gouvernance des EEP du périmètre et ce, en coordination avec le ministère de l’Economie et des finances et en prenant en compte des critères de compétence, d’expérience, de diversité et de genre. L’ANGSPE est actuellement représentée dans pratiquement l’ensemble des EEP de son périmètre et au niveau de certaines filiales d’entreprises publiques.

Quelle politique actionnariale pour l’Etat ?

C’est l’un des gros chantiers de l’agence.

"Ce chantier novateur traduira les orientations stratégiques et les objectifs globaux de l’actionnariat de l’Etat, son rôle dans la gouvernance des EEP ainsi que la manière dont il met en œuvre cette politique", explique M. Zaghnoun.

La politique actionnariale de l’Etat (PAE) constituera un référentiel partagé qui définira le rôle, le positionnement et le mode d’intervention de l’Etat dans les différents secteurs. Ce référentiel permettra également de mettre en cohérence les politiques sectorielles et d’orienter les décisions de l’Etat actionnaire en matière de maintien, de renforcement ou de désengagement, quand c’est opportun, et ce, selon des considérations liées au degré stratégique de la participation de l’Etat et à la maturité du secteur et de l’activité concernés.

Le projet de PAE sera également l’occasion pour l’Etat actionnaire d’encourager le recours, par les EEP, aux partenariats public-privé, pour la réalisation de leurs projets structurants qui se prêtent à ce type de commande publique, à travers des plans de financement innovants impliquant des partenaires privés, en mesure de les faire bénéficier de leur expérience et permettant de créer les synergies nécessaires.

Ce chantier a été conduit en coordination avec l’ensemble des acteurs concernés, grâce à des dialogues stratégiques que l’ANGSPE a engagés, dans l’objectif d’aboutir à une vision concertée et en phase avec les intérêts et attentes de l’ensemble des parties prenantes concernées.

Les orientations stratégiques de la PAE seront validées par le Conseil des ministres et un projet de PAE sera préparé par l’agence et validé par le Conseil de gouvernement. L’ANGSPE mettra ensuite en place un plan d’actions, qui sera validé par son conseil d’administration, pour l’opérationnalisation de ce chantier.

Ce sont ci-dessus quelques éléments non exhaustifs de l’action qui est actuellement menée et dont les résultats commenceront à être progressivement visibles.

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