Comment le Maroc a métamorphosé ses coopératives agricoles

En dépit des conditions climatiques défavorables qui ont affecté les rendements de plusieurs produits du terroir, le nombre des coopératives agricoles est en constante augmentation, et leur écosystème en plein développement. Le point avec Mahjouba Chkail, directrice du développement de la commercialisation des produits du terroir au sein de l’Agence pour le développement agricole.

Comment le Maroc a métamorphosé ses coopératives agricoles

Le 22 mai 2023 à 16h48

Modifié 22 mai 2023 à 16h48

En dépit des conditions climatiques défavorables qui ont affecté les rendements de plusieurs produits du terroir, le nombre des coopératives agricoles est en constante augmentation, et leur écosystème en plein développement. Le point avec Mahjouba Chkail, directrice du développement de la commercialisation des produits du terroir au sein de l’Agence pour le développement agricole.

  • Les coopératives se développent et s’ouvrent à de nouveaux marchés.
  • Techniques managériales, campagnes publicitaires, packaging…
  • Le miel, l’huile d’olive et l’argan dans le top 3.

Le Plan Maroc vert a totalement métamorphosé l'écosystème des coopératives agricoles. La stratégie Génération Green entend poursuivre sur cette lancée. De nos jours, 70% des coopératives du pays sont de nature agricole. Le secteur compte plus de 20.000 coopératives contre 4.000 en 2008. Néanmoins, cette croissance est par moment freinée par des conditions climatiques défavorables et une gestion perfectible. 

Sur le papier, une coopérative agricole prend la forme d'une entreprise collective. Elle permet à ses membres de mutualiser les moyens de production, d’optimiser les coûts d’acquisition des intrants et de rendre possible des investissements qui seraient hors de portée individuellement. 

Ce type de structure ouvre les portes de nouveaux marchés et permet de créer des enseignes commerciales. Tout un programme pour lequel le Maroc a initié plusieurs mesures d’accompagnement sur le volet humain, mais aussi en termes de valorisation des produits du terroir, dont certains sont uniques. 

A commencer par la convention qui porte sur la mise en place et l’exécution d’un programme national visant à accélérer la création et le développement de coopératives agricoles nouvelle génération. Cette convention, signée lors du lancement du Plan Maroc vert, a été reconduite en 2021,  pour accompagner l’implémentation de la nouvelle stratégie agricole Génération Green (2020-2030). 

"Les efforts d’accompagnement et de structuration ont permis de créer des coopératives agricoles, favorisant ainsi l’intégration des agriculteurs dans les chaînes de valeur. Plusieurs centaines de ces coopératives étaient présentes lors de la 15e édition du Salon de l’agriculture (SIAM), qui s’est récemment tenu à Meknès", se félicite Mahjouba Chkail. 

Pour Médias24, la directrice du développement de la commercialisation des produits du terroir au sein de l’Agence pour le développement agricole (ADA) revient sur les mesures d’accompagnement et les perspectives de développement des coopératives agricoles. 

3.000 coopératives identifiées 

Les coopératives agricoles garantissent une plus grande intégration dans le marché national et international. Elles sont également un des créneaux privilégiés pour encourager le développement de l’entrepreneuriat des jeunes ruraux. Les efforts d’accompagnement et de structuration des acteurs ont permis de créer plus de 10.000 coopératives agricoles lors de la dernière décennie, dont une majorité dans les régions de Souss-Massa, Béni Mellal-Khénifra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. 

Si plus de 20.000 coopératives existent au Maroc, seules 3.000 d'entre elles sont identifiées. "On ne peut accompagner la commercialisation des produits des coopératives que pour les coopératives ayant cette autorisation", avance Mahjouba Chkail. "À cet effet, il y a un travail rigoureux opéré au niveau du ministère de l'Agriculture, en matière de formation et d’accompagnement des coopératives", indique-t-elle. 

"C’est également le cas de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), notamment grâce à la certification sanitaire qui permet à ces structures de mettre leur produit en vente sur le marché, tout en garantissant une bonne qualité aux consommateurs, mais aussi aux sociétés qui souhaitent revendre ces produits."  

Technique managériale, campagne publicitaire, packaging…

La pérennité du modèle économique d’une coopérative est parfois mise à mal par une gestion où l'amateurisme prime. C’est l’un des principaux obstacles auxquels sont confrontées ces structures. En ce sens, l’ADA accompagne les coopératives à travers plusieurs programmes, "dont un sur la mise à niveau en matière de formation, de technique managériale, de gestion de l’unité et de la coopérative", assure Mahjouba Chkail. 

D’autres programmes sont également mis en place, notamment pour assurer la promotion des produits des coopératives par le biais de campagnes publicitaires et de packaging attrayants. "L’idée est d’exposer les produits du terroir marocain comme une marque collective garantie par l’Etat", souligne-t-elle.    

D’ailleurs, en termes de commercialisation, l’ADA a établi des conventions avec la grande distribution et certains marchés, au niveau national ou international, pour faciliter l’accès aux produits du terroir marocains. "On travaille également en amont pour que ces marchés ne soient pas déçus, que ce soit au niveau de la qualité ou de la disponibilité des produits de manière permanente", affirme Mahjouba Chkail, tout en assurant que c’est le cas des marchés solidaires, dont celui de Casablanca. 

"Ils abritent plus de 200 coopératives, toutes contrôlées en amont et en aval. L’ADA effectue des contrôles inopinés. Des agents se rendent incognito dans ces marchés, en tant que consommateurs, pour analyser le produit destiné au grand public", explique-t-elle. 

Le miel, l’huile d’olive et l’argan dans le top 3 

Grâce à cette structuration, plusieurs filières ont connu une belle croissance ces dernières années, "à l’image du miel et de la filière des céréales, notamment le couscous, et en particulier le couscous El Khoumasi et le couscous El Toulati", développe notre interlocutrice.  

Les filières de l’huile d’olive et de l’huile d’argan représentent une richesse nationale. Idem pour le safran. Ces dernières années, nous remarquons également une évolution positive de la filière des plantes aromatiques et médicinales (PAM)", ajoute Mahjouba Chkail. 

Cela dit, les produits du terroir et les coopératives qui les commercialisent subissent les effets néfastes des derniers épisodes de sécheresse. En conséquence, plusieurs filières marquent un recul en termes de production. Ce qui impacte inévitablement l’activité des coopératives. A l'instar du miel et de l’argan. 

"Nous avons en effet constaté que la sécheresse a touché l'arganeraie. Cela s’est traduit par une hausse du prix de la matière première", admet notre interlocutrice. Une situation problématique, dont les intermédiaires essayent de tirer profit en accaparant de grandes quantités pour les revendre à prix d'or. "Pour limiter ce fléau et augmenter la productivité de cette filière, l’ADA travaille sur l’agrégation de ces coopératives."

Une agrégation qui va également concourir à la préservation des produits du terroir, dont certains sont estampillés bio. Une appellation extrêmement demandée. "Nous travaillons avec beaucoup de coopératives dont la production est bio par nature, comme l’argan. Actuellement, nous essayons de développer une filière bio d'huile d’olive", annonce Mahjouba Chkail. 

"Il y a aussi d’autres produits bio qui font leur apparition comme les dattes. Cette année, nous avons d’ailleurs signé une convention avec un groupe de grande distribution belge pour l’exportation des dattes bio."

Une indépendance financière à favoriser

Toutefois, selon plusieurs professionnels, la certification bio est onéreuse, en particulier pour les coopératives naissantes. Son prix avoisine les 20.000 DH par an. "Cette certification est la seule dont le prix est aussi élevé. Par exemple, la certification ONSSA est gratuite", souligne notre interlocutrice. "Cela dit, si la certification bio est onéreuse, c’est parce qu'elle nécessite plusieurs étapes. Mais elle en vaut vraiment la peine, car elle permet aux coopératives d'accéder à des marchés où le bio est très prisé."  

En outre, les coopératives ne peuvent être indéfiniment soutenues sur le plan financier. "L’idée est d’encourager l’autonomie financières de ces coopératives. Plusieurs d’entre elles réussissent à développer leur activité indépendamment du soutien du gouvernement. Elles favorisent l’intégration des femmes et des jeunes, tout en s’ouvrant à de nouveaux marchés. C’est un modèle que l’on souhaite généraliser", conclut Mahjouba Chkail.

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