Le salon annuel organisé par l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), "Maroc in Mode", change d’appellation et devient "MIM international textile fair". Pour sa vingtième édition, il atterrit à Casablanca, du 10 au 12 mai, après que l’édition précédente a été organisée à Tanger.

Véritable grand-messe du textile marocain, le salon, qui occupe cette année une surface de 8.000 m², juste en face de l’Hôpital universitaire international Cheikh Khalifa, réunit plus de 120 exposants, représentant majoritairement les entreprises marocaines, outre plusieurs exposants étrangers.

Le salon attire autant les Marocains que les étrangers. Durant la matinée du mercredi 10 mai − première journée du salon −, plus de 250 visiteurs internationaux ont fait le déplacement, a affirmé le président de l’AMITH, Anass El Ansari, lors d’une conférence de presse.

Tous les métiers du textile et de l’habillement y sont représentés, en l’occurrence les fabricants marocains de toute sorte, y compris les sous-traitants, co-traitants et producteurs de produits finis, en plus des métiers du textile de maison, de la machinerie, des tissus, des accessoires et de services.

L’AMITH a également réservé un espace de choix pour des marques marocaines à fort potentiel de croissance : Arwa Shop, Arablanco, Partner’s, Rosabella, Giomi, Hurya, Razana et Maestro. L’association y voit des marques capables de se développer et de s’exporter, assure Omar Sajid, vice-président de l’AMITH et responsable de Casa Moda Academy.

Casa Moda Academy intègre la dimension circulaire

Le salon a également mis en valeur les stylistes et créateurs de Casa Moda Academy, l’école de stylisme de l’AMITH, en leur accordant un espace dédié. Fruit d’un partenariat public-privé, l’établissement s’est érigé en véritable pépinière de talents créatifs qui servent les fabricants marocains.

Omar Sajid a salué le chemin parcouru, exprimant sa fierté de voir plusieurs lauréats de l’école intégrer les entreprises exposantes du salon. Il espère voir l’Académie se positionner au-delà du fast-fashion, en tant que vecteur de préservation et de développement du patrimoine marocain dans le domaine de l’artisanat.

En marge de ce salon, un accord a été signé entre Casa Moda Academy et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), pour le lancement d’un projet pilote visant à former des étudiants de l’école à la conception circulaire.

Financé par le programme régional SwitchMed, lui-même financé par l’Union européenne, il permettra aux étudiants de lancer des collections basées sur les principes de la conception circulaire, en collaboration avec des industriels de l’habillement.

La durabilité érigée en enjeu stratégique à travers la vision Dayem

Conformément à la vision "Dayem" adoptée par l’AMITH en décembre 2021, les responsables de l’association ont insisté sur l’importance de la thématique de la durabilité pour le secteur. En effet, tout incite le secteur à opérer sa transition écologique pour produire de façon plus durable.

Que ce soit à travers les futures exigences réglementaires relatives à la décarbonation et à la circularité, l’Union européenne, principal marché de l’industrie marocaine du textile et de l’habillement, rebat les cartes et redéfinit les règles dans ce secteur.

"Produire durable" est désormais le mot d’ordre au nord de la Méditerranée. Une ambition qui passe aussi par la lutte contre la culture de la fast fashion, à l’origine de la surproduction et de la surconsommation des produits textile. Rappelons par la même occasion que la fast fashion constitue le principal positionnement du secteur textile marocain, qui lui a permis de rebondir après la fin de l’accord multifibres et la domination du secteur par les géants asiatiques.

Aucun risque pour le Maroc, répondent les responsables de l’AMITH, qui ont anticipé ces changements avec l’adoption de la vision "Dayem". Celle-ci prévoit un positionnement de plus en plus accéléré pour produire durable. Plusieurs initiatives sont en cours de développement avec les pouvoirs publics, dont les éco-parcs, des zones industrielles nouvelle génération pour produire vert dans les 12 régions du Maroc.

D’après eux, les opérateurs marocains n’ont pas attendu la mise en place des nouvelles réglementations et se sont déjà adaptés à cette nouvelle donne, puisque les donneurs d’ordre l’exigent déjà. Ce mouvement s’accélère grâce à la sensibilité croissante du consommateur européen à la problématique écologique et à sa prise en compte dans son acte d’achat. Selon Omar Sajid, la plupart des exportateurs marocains ont déjà acquis les certificats nécessaires pour produire durable.

Un vent d’optimisme sur le développement de l’amont du secteur

Le président de l’AMITH, Anass El Ansari, a aussi insisté sur l’importance du développement d’un amont textile au Maroc ; le chaînon manquant de la filière textile nationale, où l’essentiel de l’activité est concentré sur la confection, avec une faible part de valeur ajoutée.

Mais une fois n’est pas coutume, l’optimisme a repris le dessus. Anass Al Ansari constate plusieurs avancées. En effet, fin avril dernier, le gouvernement a signé avec le groupe espagnol Hallotex un protocole d’accord pour un investissement de près de 700 MDH dans une usine de fabrication de fils et de tissus à base de déchets textile recyclés.

Fatima-Zahra Alaoui, directrice de l’AMITH, préfère voir le verre à moitié plein et considère que c’est une chance pour le Maroc, qui a pris du retard dans ce domaine, car il a désormais l’opportunité de construire un amont textile qui réponde aux nouvelles exigences de durabilité.

L’AMITH travaille également sur le volet des partenariats internationaux, à travers la signature d’accords avec la Chambre de commerce portugaise et allemande en vue d’inciter les opérateurs de l’amont textile de ces deux pays à investir au Maroc. Elle prévoit de commencer par les métiers de l’amont qui sont les plus proches de l’aval, comme la teinture et la sérigraphie.

Omar Sajid, pour sa part, explique que l’investissement dans l’amont est coûteux et nécessite un savoir-faire qui a été perdu au Maroc après la fin de l’accord multifibres. C’est la raison pour laquelle ces opérations d’investissement peuvent prendre du temps... et c’est aussi la raison pour laquelle les conditions nécessaires pour développer un amont de la filière compétitif sont en train de se mettre en place. Les résultats ne sauraient tarder.

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