Voici les conclusions de l'enquête parlementaire sur les causes de l'inflation des produits agricoles

La Commission des secteurs productifs au sein de la première chambre a mené une mission exploratoire pour s'enquérir des réseaux de distribution des produits agricoles. Le rapport a été présenté ce mardi 4 avril en présence des ministres Ryad Mezzour et Mohammed Sadiki.

Le marché de gros de Casablanca. Ce sont les produits alimentaires qui tirent l'inflation à la hausse. Ph. MAP

Voici les conclusions de l'enquête parlementaire sur les causes de l'inflation des produits agricoles

Le 6 avril 2023 à 9h57

Modifié 6 avril 2023 à 9h57

La Commission des secteurs productifs au sein de la première chambre a mené une mission exploratoire pour s'enquérir des réseaux de distribution des produits agricoles. Le rapport a été présenté ce mardi 4 avril en présence des ministres Ryad Mezzour et Mohammed Sadiki.

La multiplicité des intermédiaires dans les réseaux de distribution ainsi que l’augmentation des prix des intrants sont les principales causes de l’augmentation des prix des produits agricoles, selon le rapport de la mission exploratoire temporaire de la Chambre des représentants, chargée de s’enquérir des réseaux de distribution des produits agricoles.

La mission, créée à la demande des groupes de la majorité et présidée par le député Adil Dfouf, a rencontré durant le second semestre 2022 des responsables gouvernementaux et des représentants professionnels, et a visité plusieurs marchés de gros dans les différentes régions du Royaume.

La multiplicité des intermédiaires est injustifiée

Toutes les institutions auditionnées s’accordent à dire que la multiplicité des niveaux d’intermédiaires entre l’agriculteur et le consommateur est un vrai fléau qui cause la spéculation et, par conséquent, la hausse des prix, d’autant plus que ces intermédiaires n’ont pas de réelle valeur ajoutée sur le marché.

Selon le ministère de l’Industrie et du commerce, dont le département exerce la tutelle sur la distribution des fruits et légumes, la question des intermédiaires est régie par la loi et il ne serait pas logique de les interdire ; mais il est possible d’amender la loi de telle sorte à réduire leur nombre.

Il reconnaît toutefois que le modèle de gestion des marchés de gros est dépassé, et qu’il nécessite d’être digitalisé de façon à en faciliter l’accès. Il a également émis le souhait de voir les marchés de gros fonctionner comme des bourses, pour permettre de déterminer le vrai prix du produit.

D’après lui, le renforcement du contrôle et l'instauration de l'obligation de faire transiter tous les produits par un marché de gros, l'actualisation de la loi et l’optimisation de la distribution des marchés de gros sur les régions, sont des mesures suffisantes pour limiter les hausses injustifiées des prix.

Le même phénomène de multiplicité des intermédiaires est relevé par le ministère de l’Agriculture pour les secteurs de la viande rouge et des céréales.

La Chambre de commerce, d’industrie et des services de Souss-Massa a, quant à elle, pointé le manque de coordination entre les différentes parties concernées au niveau national et territorial, en l’absence d’un cadre de gouvernance global et intégré du circuit de distribution.

D’après elle, l’absence de digitalisation du circuit de distribution engendre un manque de traçabilité, ce qui limite également l’accès des petits et moyens agriculteurs aux différents marchés.

Elle déplore également la perte et le gaspillage de quantités importantes de produits agricoles frais, tout au long du circuit de distribution. En effet, les producteurs n’utilisent pas des moyens logistiques disposant de capacités de réfrigération, ce qui détériore les marchandises à 40%, étant donné que les produits perdent de leurs attributs en termes de poids, volume, fraîcheur et qualité.

En plus des pertes causées par les conditions climatiques, l’ensemble des ces facteurs engendrent l'augmentation des prix des fruits et légumes de cinq à six fois.

Pour faire face au problème de la multiplicité des intermédiaires, le ministère de l’Agriculture dans sa stratégie Génération Green, envisage d’encourager la distribution directe, notamment via les grandes surfaces, et le recours au e-commerce, une solution permettant de raccourcir le circuit de distribution entre le producteur et le consommateur.

Génération Green veut également mettre en place des plateformes de stockage dans le cadre de groupements ou de coopératives, pour permettre aux agriculteurs de contrôler plus librement le moment de la mise en vente de leurs produits, et réduire ainsi leur dépendance vis-à-vis des intermédiaires.

La flambée des coûts de production

Lors de la rencontre entre les membres de la mission et l’Association des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (APEFEL), cette dernière a mis en cause la flambée des prix des intrants agricoles et la hausse des coûts.

D’après elle, la hausse concerne les prix des engrais, des pesticides, des plastiques et autres intrants, du coût de l’énergie et du transport (y compris celui de la main-d’œuvre), l’augmentation du salaire minimum agricole garanti (SMAG), la généralisation des cotisations sociales et de l’assurance maladie obligatoire.

D’après l’APEFEL, la hausse du SMAG a causé une augmentation du coût de production de 20.000 DH par hectare, sans prendre en compte l’augmentation prévue en septembre 2020 pour l’alignement progressif entre le SMAG et le SMIG.

Selon la Fédération marocaine interprofessionnelle des agrumes (Maroc Citrus), la hausse des prix des intrants a eu pour effet d’augmenter les coûts de production des agrumes de 43%. Ainsi, pour les petits fruits, les charges opérationnelles sont passées de 34.953 DH par hectare en situation de référence (moyenne des trois années précédentes) à 50.109 DH par hectare, à fin mai 2022.

Le surcoût global est donc de 16.459 DH par hectare, soit 470 à 550 DH/tonne, sur la base d’un rendement moyen de 30 à 35 tonnes par hectare.

Pour les oranges, les charges opérationnelles sont passées de 31.483 DH par hectare à 45.009 DH par hectare. Le surcoût global est de 356 à 407 DH/tonne, sur la base d’un rendement moyen de 35 à 40 tonnes par hectare.

La mise à niveau des marchés de gros

Il y a actuellement 38 marchés de gros au Maroc pour la distribution de fruits et légumes sur 9 régions, dont 8 sont "non structurés". Le ministère de l’Industrie et du commerce projette de les réduire à 34, en améliorant leur emplacement de manière à aboutir à un équilibre territorial. Cela permettra de porter le taux de couverture dans un périmètre de 80 km de 84% à 88%, soit un million de personnes supplémentaires.

Aujourd’hui, le chiffre d’affaires des marchés de gros est de 7 MMDH annuellement. Ils réunissent 4.600 vendeurs de gros, 3.700 producteurs et 302 mandataires (dont 165 mandataires des familles de résistants) et emploient environ 20.000 personnes, selon la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT). Le revenu fiscal des marchés de gros de fruits et légumes avoisine 450 M DH annuellement, à travers l’application d’une taxe de 7% sur les ventes de gros.

La DGCT relève plusieurs défaillances ayant trait au fonctionnement de ces marchés, incluant un modèle de gestion dépassé, et un rôle des mandataires qui se résume au recouvrement de la taxe sur la vente de gros. D’autant plus qu'une grande partie de la vente des produits agricoles se fait en dehors des marchés de gros.

Dans le cadre de Génération Green, un budget de 9 MM DH est réservé à la mise à niveau de ces marchés de gros. Le plan prévoit aussi la mise à niveau de 120 abattoirs de viandes rouges à l’horizon 2030.

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