L'ambitieux jeune photographe de Douar Chanty (Sidi Yahya Gharb), Mourad Fedouache, revient au micro de Médias24 sur son parcours. Du haut de ses 23 ans, Mourad Fedouache s'est lancé dans le monde de la photographie, fortuitement, nous dit-il.

"Tout a commencé en 2017, année où j'ai passé mon baccalauréat. Parallèlement à mes études, je vendais les légumes au souk. Curieux des passants et des clients (vieux, jeunes, enfants, familles…), je commençais à prendre plaisir à les observer. Il m'arrivait d'en prendre quelques uns en photo, avec un téléphone que je possédais à l'époque. Comme la caméra arrière du téléphone était abimée, je prenais donc les photos avec la caméra selfie".

"Mettant la main plus tard sur une caméra professionnelle que j'ai achetée à la friperie à 50 dirhams, j'ai continué à photographier les habitants du douar sans pour autant savoir qu'il existait une attribution à ce que je fais : la photographie street art".

Mourad Fedouache en a pris conscience, lorsqu'un jour, un ami avait partagé sur ses réseaux un post d'un photographe dont les photographies ressemblaient aux siennes, jointes à des légendes sur lesquelles étaient mentionné : #Street art photography.

"Je suis à mon tour photographe de street art. Je suis également artiste", s'est dit alors Mourad Fedouache.

"Se donner les moyens de ses ambitions"

Rejoignant les bancs de la faculté en 2018, le jeune photographe de Douar Chanty a pris part dans la même année, pour la toute première fois de sa vie, à une compétition de photographies où il a été classé deuxième. Il s'agit de la compétition "Marathon de photos" organisée à Rabat par l'Association marocaine d'art photographique (AMAP), en partenariat avec la CDG et le ministère de la Culture.

"La mobilité à Rabat" était le thème retenu pour la compétition. On nous a donné un délai 10 H à 17 H pour prendre des photos qui entrent dans le thème. J'ai réussi à obtenir la deuxième place quoique c'était ma toute première fois à Rabat et que j'étais contraint de photographier avec mon téléphone ; ma caméra ne marchant plus alors", raconte Mourad Fedouache.

"L'art de la photographie ne dépend pas à mon avis du matériel mais plutôt du feeling du photographe", estime le jeune artiste.

Aussi longtemps que le rêve est gratuit, je ne cesserai de rêver

Mourad Fedouache faisait partie en 2020 des douze photographes marocains sélectionnés, dont les photographies allaient être exposées au Musée national de la photographie à l'occasion de l'inauguration de celui-ci. "C'était la première fois que je voyais mes propres photos imprimées et exposées quelque part. Ma fierté était similaire à celle ressentie par les mamans, qui, après avoir eu de multiples fausse couches, réussissent enfin à donner naissance".

Depuis, les images de Mourad Fedouache ont été exposés dans plusieurs endroits, au Maroc (galerie 38 à Casablanca, L'Institut français de Rabat) comme à l'étranger (Géorgie, Chine et France).

Le jeune artiste, qui, par ailleurs, a décroché le premier prix lors de la première édition de la compétition nationale "Dream Artist" (2022), prépare actuellement sa toute première exposition personnelle "From Douar Chanty To New York", ouverte gratuitement au grand public du 9 mars au 20 avril, à l'American Arts Center à Casablanca.

La symbolique des rêves 

L'exposition "From Douar Chanty To New York" occupe une place spéciale dans le cœur du jeune photographe qui y cherche à travers de mettre les gens aisés et ceux qui le sont moins sur un pied d'égalité, nous explique-t-il. "Je veux que les personnes qui voient mes photos s'aperçoivent qu'en possédant peu, en menant une vie simple, il est tout de même possible d'être heureux, peut être même plus heureux que les personnes résidant à New York".

"J'ai donné l'exemple de New York du fait qu'elle est la symbolique des rêves. Pour nous, habitants de Sidi Yahya Gharb, dont relève Douar Chanty, New York occupe une place particulière dans nos cœurs du fait que nous avions abrité par le passé l'une des bases militaires américaines au Maroc".

L'ambitieux photographe de Douar Chanty imagine éventuellement une autre exposition "From New York to Douar Chanty", par le truchement de laquelle son village d'origine sera relayé comme étant le nouvel emblème des rêves.

"Aussi longtemps que le rêve est gratuit, je ne cesserai de rêver", conclut Mourad Fedouache.

Ce jeune homme je l'ai découvert par hasard sur insta, j'ai pris le temps de le rencontrer un jeune rempli d'ambition, de rêves pour son "douar" et ses habitants dont il fait partie encore aujourd'hui. Soutenons-le, il expose dans quelques jours un coup de pouce serait bienvenu pic.twitter.com/LNrvL16LkR

— Narcisse🎗️🧡 (@Words_failed) February 26, 2023