Les raisons de la hausse du cash en circulation en 2022

| Le 31/1/2023 à 17:15
L'année dernière, le cash en circulation a atteint 355 MMDH. La monnaie fiduciaire représente désormais près de quatre fois la taille du déficit de liquidité bancaire, estimé à 89,1 MMDH fin 2022. Selon Bank Al-Maghrib, différents facteurs comme l'inflation ou encore la forte hausse des transferts des MRE sont en cause.

Les derniers chiffres des statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib à fin décembre 2022 montrent une forte croissance du cash en circulation. Ce dernier a progressé de 10,8% par rapport à 2021 et atteint 355 MMDH. Durant l’unique mois de décembre 2022, la circulation du cash s’est fortement accélérée. De novembre à décembre, elle a progressé de 2%, soit un peu plus de 7 MMDH.

Durant l’année entière, le rythme de progression de la masse fiduciaire a évolué plus rapidement qu’à l’accoutumée, nous explique une source du marché. "La circulation fiduciaire progresse chaque année, donc rien de nouveau. Mais généralement, il s’agit d’une progression entre 6% et 8%. En 2020, qui était une année exceptionnelle, cela a atteint les 20%. En 2022, le rythme demeure supérieur à la moyenne avec près de 11%", explique notre interlocuteur.

Au-delà de la hausse, il faut regarder le chiffre en question et ce qu’il signifie. "355 MMDH, c’est presque 30% du PIB. C’est une aberration. Je pense que c’est un chantier qui devrait être prioritaire pour la Banque centrale. Cela traduit une sorte de non-confiance, pas nécessairement envers le secteur bancaire, mais plutôt liée à l'informel."

Les explications de BAM sur la hausse du cash

Qu’en dit la Banque centrale ? Comme l’expliquait Younes Issami, responsable par intérim des opérations monétaires et de change à BAM, en réponse à une question de Médias24 lors de la conférence organisée le 19 janvier pour expliquer le programme de rachat de bons du Trésor : "En 2021, la hausse de la circulation se situait à un niveau normal. En 2022, nous avons eu un retour haussier plus important franchissant le cap des 10% de hausse."

Il poursuit : "Nous sommes en train d’analyser les origines de cette augmentation.  Les premiers éléments qui peuvent l’expliquer proviennent de l’augmentation des prix. Mais aussi une hausse des transferts des Marocains du monde et de la progression des recettes touristiques."

Les transferts de MRE vont en effet franchir la barre des 100 MMDH à fin 2022, et même si les canaux numériques s'imposent progressivement, l’argent est principalement retiré en cash une fois réceptionné au Maroc. Le responsable des opérations monétaires et de change note également la réticence culturelle à certaines technologies dématérialisées pour lutter contre la prolifération du cash, comme le mobile banking.

Un déficit de liquidité qui pèse sur le financement

Cette progression constante de l’argent cash en circulation créé également de fortes contraintes, notamment pour les banques, en exerçant une pression sur leurs liquidités.

Dans son rapport sur la politique monétaire publié le 20 décembre 2022, la Banque centrale prévoyait un déficit de liquidité à fin 2022 de 89,1 MMDH. Elle anticipait également que ce dernier devrait atteindre 87,7 MMDH fin 2023 avant de dépasser les 100 MMDH fin 2024.

Elle explique également que "le besoin en liquidité des banques a poursuivi son accentuation au cours du troisième trimestre de 2022, atteignant 91,7 MMDH en moyenne hebdomadaire, contre 77,5 milliards un trimestre auparavant", reliant cette accentuation essentiellement, à la hausse de la monnaie fiduciaire.

"Il faut rappeler que le déficit de liquidité bancaire que BAM est amené à financer chaque semaine tourne entre 80 et 90 MMDH, et est essentiellement financé à travers les avances à 7 jours et à long terme. Donc imaginons que l’on puisse rapatrier la moitié de la circulation fiduciaire actuelle… Cela pourrait financer l’intégralité du déficit et la liquidité resterait abondante", souligne notre source.

Cette évolution constante du cash pèse donc sur les banques et le financement de l’économie. Un phénomène auquel il faut trouver des solutions rapides et efficaces pour le limiter et ralentir son expansion.

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